Le sit-in des villageois de Tifilkout, dans la commune d’Illiltene, a dévoilé les dessous d’un conflit à l’état larvaire qui risque, si l’on n’y prend garde, de déboucher sur une situation dangereuse qui risque d’échapper à tout contrôle. La fermeture de la daïra et les exigences de la foule de s’entretenir avec les responsables en présence d’une délégation de la wilaya ne sont pas fortuits. Ils ne demandent que des assurances à un haut niveau. La sagesse de ces villageois, disciplinés, venus au centre d’Iferhounène, demander leur droit à un peu d’eau, a, jusqu’à maintenant, évité le pire. L’«affaire» est sérieuse et mérite l’attention des responsables qui ne doivent pas oublier que des altercations sans gravité au départ, se sont par la suite répétées périodiquement pour aboutir à un affrontement, on s’en souvient, au mois de septembre passé. Selon les protestataires rencontrés au niveau de la daïra d’Iferhounène, leur village «pacifique» a toujours vécu en symbiose avec ses voisins. «Nos ancêtres qui avaient procédé au captage et à l’acheminement de l’eau de la montagne d’Azrou N’Thour, sur des kilomètres, ne leur ont jamais refusé le précieux liquide, bien qu’ils aient financés eux-mêmes les travaux. Depuis 1994, certaines personnes procèdent régulièrement au sabotage du réseau, nous laissant sans eau à plusieurs reprises», disent-ils. Après de multiples réparations, les habitants s’en sont remis aux autorités qui, pour éviter d’autres affrontements, ont pris sur eux de régler la question. «Un bureau d’études chargé de procéder à la répartition de l’eau, devrait rendre ses conclusions incessamment à la commission de suivi composée de sages des villages voisins et des autorités», nous disent le P/APC et le chef de daïra d’Iferhounène qui nous ont reçus au siège de la daïra. Las «des louvoiements des responsables locaux», les villageois appréhendent le mois de carême et l’été qui pointent à l’horizon. «Nous n’accepterons pas de rester sans eau en cette période», nous dit un jeune, visiblement prêt à en découdre. Un conflit à l’état larvaire qui risque de dégénérer à tout moment, couve depuis des années avec des escarmouches sporadiques. Si les autorités de la wilaya ne prennent pas en charge rapidement la question de la répartition équitable de l’eau potable alimentant les villages de Tifilkout, d’Azrou, d’Iguefilen et de Taghzout, relevant de la commune d’Illilten, le pire serait à craindre. Le pire a été évité au mois de septembre de l’an dernier, grâce aux sages qui se sont constitués en comité et qui avaient, en collaboration avec les autorités locales, œuvré à faire baisser la tension, explosive, à l’époque. Des mains malintentionnées avaient détruit à l’époque les répartiteurs d’eau ainsi que les canalisations alimentant le village Tifilkout.
A.O.T.