Les indicateurs au beau fixe

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Longtemps classée parmi les wilayas les plus pauvres du pays, Bouira, aujourd’hui, semble promise à un beau destin. Non seulement son agriculture se modernise et se professionnalise, ce qui a eu pour conséquence de lever l’hypothèque que faisaient peser les aléas climatiques sur ce secteur naguère considéré comme l’épine dorsale de son économie, mais chose à peine pensable il y a une dizaine d’années, elle se dote d’une véritable industrie.

Ce qui, avec l’autoroute Est-ouest qui la traverse sur 101 km, elle est devenue un carrefour commercial pour les wilayas limitrophes. En effet, en dépit des défauts apparus dans la construction de cette gigantesque infrastructure, le commerce et l’investissement connaissent une formidable impulsion. Déjà pour faire face à la demande de terrains, la zone industrielle de Oued El Bardi qui, avec la nouvelle extension, s’étend désormais sur 425 ha, les autorités ne suffisant donc plus, les autorités compétentes envisagent de créer à Dirah un pôle industrielle d’une superficie dépassant les 750 ha. Sous la poussée de l’urgence et du développement, une telle initiative pèsera forcément en termes d’emploi et de richesse sur le destin de la wilaya et sur celui de cette commune à l’extrême sud. Il est évident que la tenue du Salon de l’emploi, organisé du 19 au 22 mais à la Maison de la culture, permettra à la direction de ce secteur de faire le point sur ce sujet à travers la présentation de ses bilans et de sensibiliser les jeunes et les moins jeunes sur les possibilités offertes en matière de création de postes d’embauche et de micro entreprises. Autant dire qu’avec la saturation des secteurs traditionnels (administrations, éducation, santé travaux publics et autres) face à une demande en constante augmentation, l’investissement dans le commerce, l’agriculture qui prend ainsi un coup de jeune, le BTPH tombe à point nommé s’offrant ainsi comme une alternative de rechange pour un nouveau départ pour les jeunes qu’anime fortement l’esprit d’entreprise et de création. La rencontre avec la presse locale qui précédera la clôture de cette rencontre permettra d’en mesurer l’impact sur les jeunes et l’opinion.

Un taux de chômage en régression

Le bilan dressé en 2015 confirme la tendance à la baisse. Le taux de chômage qui était de 9,4% est passé désormais sous cette barre. Il est de 8,34%. Ce bilan, qui nous a été présenté par le directeur de l’emploi de la wilaya, montre qu’en cette courte période, ce sont 42 878 postes d’emploi qui ont été créés. Sur ce chiffre global, les dispositifs mis en place dans le cadre de «la promotion d’emploi», c’est-à-dire ANSEJ, CNAC, ANGEM et DAS, ont permis de créer 9 884 postes d’emploi, soit 23% du total d’emploi créés. Ces mécanismes sociaux reflètent la volonté de l’État de résorber le chômage, poursuivait notre source. Le financement du projet se faisant selon un montage triangulaire, l’État participe à hauteur de 30% du crédit, dont la banque fournit les 70% du montant, le 1% de l’effort demeurant fort symbolique de la part du jeune promoteur. En direction des jeunes qui ne portent pas de projets, la politique sociale du gouvernement s’exprime sous forme de contrats de travail aidé. Il y a le DAIP (Dispositif d’aide à l’insertion professionnelle) et le contrat offert par la DAS. Mais avec le phénomène de saturation qui touche l’administration, comme les APC, gros demandeurs de main d’œuvres en raison de leur caractère social, ces contrats sont en forte baisse, le DAIP même est gelé pour cette raison, faisait observer le directeur de l’emploi. «Assez du social», s’insurgeait-il. L’État met le cap sur l’investissement, «seul moyen de créer sans fin de la richesse et de l’emploi», notait-il. À cet égard, il indiquait qu’à titre illustratif, le BTPH, un secteur qui, grâce à sa prise sur le réel, a le vent en poupe, représente 77% du chiffre global de postes d’emploi créés. Les entreprises que le directeur évalue à 1880 entités économiques, ont, pour leurs parts, permis de générer 7 608 emplois. «Ce chiffre est en hausse grâce à la dynamique enclenchée», jugeait notre responsable. Avançant le chiffre de 44 953 demandes d’emploi enregistrées au niveau de l’ANEM, le même responsable ajoute que le nombre d’inscrits ne sont pas tous des chômeurs, nombre d’entre eux, observait-il, ont un emploi qui ne les satisfait pas et cherche donc un poste en rapport avec leur vocation réelle et leur formation. Ainsi, il a cité à titre d’exemple les diplômés qu’ils soient sortis de l’université ou d’un établissement professionnel et qui, faute de mieux, se rabattent sur un poste fort en dessous de leur niveau réel. Cette catégorie de demandeurs d’emploi en on donc un, mais ils désirent obtenir un poste stable et correspondant à leur profil. Abordant la question d’âge de ces demandeurs d’emploi, le responsable du secteur fait remarquer que la tranche d’âge qui va de 16 à 34 ans représente 77%. Les diplômés universitaires représentent 33%, contre 44% sans formation, selon lui. Au sujet des contrats, il a précisé que depuis sa création en 2008, l’ANEM a réalisé 16 530 placements, où les universitaires ont raflé la grosse part avec 7 940 contrats, soit 47% du total des contrats. À cela s’ajoute les 2 887 contrats de travail aidé (CTA). Dans ce type de contrat, le responsable du secteur fait remarquer la part d’effort de l’État qui prend en compte le salaire et l’assurance, ne laissant qu’une faible part à l’entreprise que lie ce type de contrat. Ce qui est dommage, c’est que le contrat en question est l’objet d’un gel actuellement, ainsi que l’a déjà fait savoir le responsable de l’emploi, à cause justement de ce phénomène de saturation. Mais sur un autre plan, ce dernier se réjouissait de ce que ce placement dans les établissements scolaires et les APC, notamment, ait conduit à la permanisation de 713 jeunes, soit 32% du total des contrats de travail aidé. «Notre souhait est de parvenir à 50%», espérait-il à ce propos.

L’Ansej et la Cnac à la rescousse

Au sujet des micros entreprises, M. Méténani a indiqué qu’à eux deux, l’ANSEJ et la CNAC ont permis, au titre de l’année 2015, la mise sur pied de 9 153 projets générant 14 116 emplois. Ce qui a permis à ce secteur d’enregistrer une petite progression par rapport à l’année précédente, notamment dans le BTPH et l’agriculture notamment. Les entreprises étrangères qui ont un grand besoin de main d’œuvres ont établi 1 081 permis de travail, selon notre responsable de l’emploi. Les classant par ordre d’importance, ce dernier citait les chinois, les syriens, les français etc. Le secteur le plus demandeur à ce sujet est celui des travaux publics, avec surtout la pénétrante Ahnif-Adjiba dont la réalisation est confiée à une entreprise chinoise et le BTPH où la présence des syriens est fort remarquée pour des considérations qui relèvent plus de la politique que du savoir faire. Revenant sur le chômage pour clore son entretien, le directeur de l’emploi a évoqué des zones de chômage où Bouira arrive en tête avec 7 213 chômeurs, suivie de Sour El Ghozlane avec 3 800 chômeurs, de Lakhdaria avec 3 100 chômeurs, de Aïn Bessem avec 2 076 chômeurs et de M’Chedallah avec 2 046 chômeurs. À ces zones qui se situent dans les cinq grandes daïras sur les douze que compte la wilaya, correspondent les zones d’activité créées à l’effet de les résorber. Le salon de l’emploi sera donc, entre autres objectifs assignés à ce rendez-vous local, une occasion de mettre en exergue ce bilan pour montrer que la dynamique se poursuit en matière de création de postes d’emploi et que la bataille engagée contre le chômage, bête noire des pays les plus avancés, est en passe d’être gagnée.

Aziz Bey

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