Benghebrit s’en remet au gouvernement

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Les quelques 800 mille candidats au Bac, dont les épreuves ont pris fin jeudi dernier, sont désormais suspendus aux décisions que prendra le gouvernement, suite au scandale de fuites de sujets ayant entaché cet examen.

C’est ce qui ressort, en effet, d’une réunion tenue, jeudi passé entre la ministre de l’Éducation nationale, Mme Nouria Benghebrit, et les partenaires sociaux pour la discussion de la situation engendrée par la fuite des sujets de certaines épreuves du Bac et surtout à la présentation de propositions concernant la suite à donner à cette fâcheuse affaire. Au bout de plus de huit heures de discussion, les partenaires sociaux du ministère de l’Éducation nationale ont signé un communiqué conjoint visant, à «préserver la crédibilité du Baccalauréat et à rassurer les élèves quant à leur droit à la l’égalité des chances». Après avoir «fustigé et condamné» ces fuites, les partenaires sociaux ont soumis leurs propositions au ministère. Ces propositions consistent en la réorganisation, en session extraordinaire, des épreuves du baccalauréat dans son intégralité après l’Aïd El-fitr, la réorganisation partielle de l’examen, soit uniquement les épreuves dont les sujets ont fuité ou son maintien. Le gouvernement décidera, dans les jours à venir, de la suite à donner, ajoute le communiqué signé par Mme Nouria Benghebrit, M. Meziane Meriane, coordonnateur national du SNAPES, M. Sadek Dziri, président de l’Unpef, M. Boualem Amoura, SG du SATEF, M. Mohamed Hamidat, SG du SNAPEP, M. Sid-Ali Bahari, SG du SCCOPEN, M. Khaled Ahmed, président de l’Association nationale des parents d’élèves, Mme Dalila Khiar, présidente de la Fédération nationale des associations des parents d’élèves. Le communiqué conjoint n’a, toutefois, pas été signé par le représentant du Conseil des lycées d’Algérie (CLA), présent pourtant à la réunion.

31 personnes impliquées dans la fuite identifiées

Vilipendée par les islamistes et par tous ceux qui ne partagent pas sa démarche pour moderniser le système éducatif algérien, la ministre de l’Éducation nationale qui avait pourtant promis un examen du Bac «sans incidents», a fini par se faire rattraper par cette fuite de sujets ayant émaillé l’épreuve dès le deuxième jour. «Les épreuves du BAC ont subi une série d’attaques informationnelles massives (faux sujets) sur internet à travers des pages et sites sur les réseaux sociaux, avant, pendant et après les épreuves,» reconnait, en effet, Mme Nouria Benghebrit dans un communiqué diffusé jeudi soir. «À l’issue de la deuxième journée, et suite aux enquêtes menées avec diligence par les services compétents, des correspondances étaient établies entre des sujets diffusés chaque soir, à des heures tardives, et les contenus officiels des épreuves de l’examen. Cette diffusion des sujets a concerné la filière des Sciences expérimentales et par ricochet trois autres filières ayant des matières communes avec la précitée. S’il peut être affirmé que les candidats, consultant des pages sur les réseaux sociaux, ne croyaient pas en la teneur des dizaines de sujets (souvent faux), majoritairement, le reste des élèves continuaient à travailler normalement en comptant sur leurs propres ressources. C’est pourquoi il a été décidé prioritairement, d’assurer un déroulement normal pour les filières», ajoute la même source. «Les enquêtes diligentées immédiatement ainsi que les mesures élaborées selon des protocoles précis ont permis, notamment au centre de prévention et de lutte contre la criminalité informatique et cybercriminalité de la Gendarmerie nationale, d’identifier les plateformes d’échanges (plus de 15) ainsi que les profils facebook (150 identifiés, dont certains domiciliés à l’étranger)», affirme le ministère. Dans la même journée, le chef de cabinet du ministère de l’Éducation nationale, M. Abdelwahab Guellil, a indiqué que 31 personnes impliquées dans la fuite des sujets du baccalauréat ont été identifiées. M. Guellil a précisé dans une déclaration à la radio nationale que «les services de sécurité ont interpellé 31 personnes impliquées dans ces fuites après leur identification par l’adresse IP». Il a ajouté que les services de sécurité ont également auditionné une femme qui pourrait être, a-t-il dit, à l’origine de la fuite des sujets de l’épreuve d’histoire et géographie. Il a précisé que la mise en cause est actuellement sous contrôle judiciaire. Pour sa part, le ministre de la Justice, Garde des sceaux, M. Tayeb Louh, a indiqué jeudi, que les procureurs de la République dans certaines wilayas du pays avaient ordonné à la police judiciaire et la gendarmerie nationale d’ouvrir une enquête sur les faits liés à la fuite des sujets du baccalauréat (session 2016). «Lorsqu’il s’agit de faits à caractère pénal, la justice n’attend pas», a déclaré M. Louh en marge d’une séance plénière à l’APN consacrée aux questions orales.

Yacine Mellal

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