Ce qui est arrivé avant-hier, à de nombreux citoyens peut provoquer l’hilarité ou plutôt de la compassion. Il était seize heures trente lorsqu’un camion chargé de pastèque jusqu’au sommet des ridelles se gara sur l’esplanade à proximité de la poste de Draâ El-Mizan. Aussitôt les freins tirés que voilà les premiers clients ou les premiers curieux s’approchèrent pour demander le prix tout en constatant de visu et de plus près la fraîcheur des fruits comme s’ils venaient juste d’être cueillis, en témoignent leurs pédoncules. «C’est à 70 DA/le kilo», lança une voix et l’information se répandit comme une trainée de poudre allant jusqu’aux nombreux automobilistes de passage. Il ne fallut pas plus pour que ce camion soit pris d’assaut d’autant plus que les pères de famille qui rentraient chez eux, sans aucun fruit, trouvaient là une véritable aubaine de s’offrir une pastèque à ce prix alors qu’au marché et dans les autres commerces, son prix frise le double. En quelques instants, la benne commençait à se vider alors que tout autour, il n’y a que des personnes chargées d’au moins une pastèque alors que les fortunés s’en mettent plein avec trois ou quatre. «Regardez-moi çà c’est vraiment pitoyable comme scène», nous dira un homme d’un certain âge qui s’était approché de nous en regardant cette fourmilière achetant, les yeux fermés, des pastèques à plus de 500 DA la pièce sans aucune garantie car aucun n’arrivait à prendre la précaution de vérifier sa qualité en utilisant un couteau comme cela se fait normalement. Le lendemain, de nombreux citoyens ayant fait un achat n’ont pas hésité à nous approcher pour nous confier qu’ils ont été vraiment dupés. «C’est çà le Ramadhan, il y a parfois des envies folles qui vous prennent surtout à l’approche de l’adhan», nous confie un sexagénaire qui avait pourtant juré de ne pas consommer la pastèque outre celle produite localement.
Essaid Mouas