La saga Ideflawen

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Le village Irmen, dans la localité d’Aït Sidi Ali, à Barbacha, a vécu dans la nuit de vendredi à samedi une belle soirée artistique, organisée par l’association culturelle des jeunes d’Irmen, en hommage au groupe de chant moderne Ideflawen, et particulièrement au chanteur du groupe Ali Aït Ferhat. La soirée a eu lieu dans la cour de l’école primaire de cette localité trop petite d’ailleurs pour contenir le beau monde venu écouter et apprécier une pléiade de chanteurs kabyles et pas des moindres. Il y avait en effet un chanteur qui a formé toute une génération d’artistes. Il s’agit de Medjahed Hamid, animateur de la célèbre émission ‘’Ichenayen ouzeka’’. Avant de monter sur scène, il nous confiera : «Les organisateurs ont eu une très bonne idée en pensant au chanteur Ali Ideflawen qui a beaucoup donné à la chanson moderne kabyle et non moins engagée, avec un style qui allie l’authenticité et l’universalité et cette manifestation est à vrai dire un hommage à la chanson kabyle». Il y avait aussi Saoudi Oudjdoub, Haddad fatah et Khoudir Irmen, enfant du village, qui n’a pas caché sa joie de rechanter chez lui, chose qu’il n’avait pas faite depuis 15 ans, dira-t-il. Une soirée donc qui a ravi le public, avec un menu bien varié puisque les artistes invités ont chacun son style particulier. Et ce fut la meilleure veillée que le public ait vécu depuis le début de ce mois de Ramadhan et bien avant. Par ailleurs, et avant le début de la soirée artistique, il y eut une conférence organisée à la maison de jeunes de la commune, ayant porté sur la chanson kabyle et son rapport au combat identitaire. Les initiateurs de cet événement, avec des moyens modestes, ont réussi leur pari d’assurer sécurité et confort au public jusqu’au bout de la nuit. Pour rappel, le groupe Ideflawen a été créé en 1977 par Lhacen Ziani de Timezrit, Zahir Asjou et bien entendu le compositeur Ali Aït Ferhat, connu sous le nom d’Ali Ideflawen. Le groupe Ideflawen a fait les années d’or de la chanson kabyle, notamment la chanson engagée, surtout dans les campus universitaires, devenant une icône pour les étudiants. Les chansons du groupe traitent du mal-vivre, du déni identitaire, avec des paroles puisées dans le trésor légué par le géant Mohia. Le premier album du groupe est sorti en 1983, intitulé «M’Hand». Ses chansons furent apprises par cœur par les étudiants puis par tous ceux qui se sont inscrits dans les mouvements de lutte pour la démocratie et l’Amazighité. Ali Ideflawen, un peu vieilli mais le sourire toujours aux lèvres, ne put cacher son émotion. Il dira qu’il ne s’attendait pas à un tel hommage et à de tels égards qui lui ont été réservés par les jeunes d’Irmen. «Ce sont des gestes pareils qui redonnent du souffle aux artistes. Je remercie les jeunes de Barbacha pour leur considération et je leur souhaite de continuer dans ce qu’ils font pour l’art et la culture kabyle». La soirée ne s’acheva qu’au petit matin. Les présents en garderont des souvenirs intenses de joie et de communion.

Nadir touati

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