L'oued Amarigh en proie à une grave pollution

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Le décor frise le chaotique. L’oued Amarigh, qui traverse la commune d’Ath Mansour du sud au nord et prend origine des contreforts du versant nord de la chaîne montagneuse des Bibans, ressemble actuellement à un filet d’égout pestilentiel, où suinte lentement une eau glauque et chargée de rejets ménagers. C’est triste à voir. Un cours d’eau qui, il y a quelques décennies de cela, « rugissait » avec des flots infranchissables, est devenu présentement un filet bleuâtre et fétide dont les eaux sont gravement polluées. Jadis, on pouvait voir clairement des créatures se faufiler dans ses eaux profondes, comme les anguilles, les grenouilles, les têtards et même de petites daurades que des pêcheurs captaient à la canne artisanale. Des dizaines d’étangs à l’eau claire essaimées le long de cette rivière, où les enfants et les jeunes s’y barbotaient dans une ambiance conviviale. À cette époque-là aller en plage n’était pas donné à n’importe qui. Les familles aux revenus limités ne pouvaient pas se permettre ce luxe. Ce qui poussait les enfants à se rabattre sur les retenues naturelles de l’Amarigh, lequel tient son eau du goût saumâtre de ses eaux. Celles-ci étaient, par le passé disons buvables, car elles étaient non polluées. Aujourd’hui, les choses ont changé et cette rivière se trouve dans un état lamentable. La pollution y gagne de plus en plus du terrain, et des endroits restés indemnes, jusqu’à un passé récent, sont investis malheureusement par les déchets solides et liquides. Des dépotoirs jonchent, ici et là le lit de ce oued, donnant de lui une vue apocalyptique. Les riverains, sans aucun respect pour l’environnement, y jettent, quotidiennement, des quintaux de déchets sans vergogne. Depuis l’apparition de toutes sortes d’emballages et l’industrialisation à tout-va, les déchets se sont accrus de manière très inquiétante. L’absence d’unités de recyclage et de traitement des déchets dans la région, a fait que ces rejets toxiques, pour la plupart, envahissent l’environnement, dépassant tout entendement. En conséquence, l’écosystème dans cette région se trouve plus que jamais menacé avec toute cette pollution qui va au galop. Mais quand vous voyez, par exemple, des cigognes se nourrir des tas d’immondices, il y a de quoi tirer la sonnette d’alarme, car ces animaux risquent de contracter des maladies. Ils sont aussi confrontés au risque de modification de leurs gènes si leur nourriture est mêlée à des produits chimiques. La sonnette d’alarme est donc tirée. Il aurait été souhaitable que les pouvoirs publics aménagent, à l’extrémité de chaque réseau d’assainissement, des bassins de décantation pour débarrasser les eaux usées des matières polluantes qui sont déversées directement dans le lit de cet oued.

Y. Samir

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