Recueillement sur les tombes des deux victimes du Printemps noir

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Cela fait exactement quinze ans jour pour jour que les deux jeunes Khalfouni Kamel et Didouche Samir, âgés respectivement de 26 ans et 14 ans à l’époque, ont trouvé la mort non loin de l’oliveraie qui surplombe l’hôpital Krim Belkacem. C’était, donc, le 21 juin 2001, au moment où des jeunes venus de tous les villages de la commune assiégeaient la brigade de gendarmerie non loin du lieu des affrontements. Pour leur rendre hommage, chaque année, c’est l’association culturelle «Taneflit N’Tmazight», en collaboration avec l’APC, qui prend l’initiative de déposer une gerbe de fleurs sur leurs tombes au carré des martyrs du Printemps noir sis à une centaine de mètres du siège de l’APC. Peu avant neuf heures, les membres de l’association dont M. Mohamed Aouadi représentant, M. Mohamed Chihaoui, président de Taneflit et des personnes anonymes dont le père de Didouche Samir et le frère de Khalfouni Kamel, ainsi que le président de l’association «Amgud» et les élus se sont rassemblés dans la cour de l’APC avant de marcher silencieusement jusqu’au lieu où reposent les deux martyrs de la démocratie et de la lutte pour le recouvrement de l’identité amazighe. Après le dépôt de la gerbe de fleurs dans une vive émotion, une minute de silence a été observée à leur mémoire. Les parents des deux martyrs ont pris la parole et chacun d’eux est revenu sur cette douloureuse épreuve qu’ils avaient vécue ce jour-là tout en avouant que les deux victimes étaient engagées dans un mouvement citoyen pour des causes justes. Les participants se sont dispersés dans le calme en ayant une pensée pour ces deux jeunes, n’était le destin, ils seraient âgés aujourd’hui de 41 ans pour le premier et de 29 ans pour le second. « Je me rappelle bien de cette journée apocalyptique. Il y avait en plus de la mort des deux amis, Kamel et Samir, plus d’une centaine de blessés. L’hôpital qui n’était pas loin ne pouvait répondre à la forte demande. Il y avait du sang partout. Mais je n’oublierai jamais cet élan de solidarité qui s’en est suivi. Il y avait tellement de donneurs de sang que le personnel était débordé. D’ailleurs, moi même, j’ai passé plusieurs semaines cloué au lit à l’hôpital. Je ne pourrai pas aussi oublier toutes les personnes qui nous ont accompagnés durant cette rude épreuve. Aujourd’hui, même si on a perdu plus de 126 jeunes sans compter les milliers de jeunes, dont des handicapés à vie, je suis fier d’avoir participé à ce mouvement qui a abouti à la reconnaissance de tamazight comme langue nationale et officielle. Gloire aux martyrs du Printemps noir », nous confiera un blessé en marge de cette cérémonie de recueillement. Par ailleurs, la même association a préparé un programme pour la commémoration du 18e anniversaire de l’assassinat de Lounès Matoub.

Amar Ouramdane

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