Dans cet entretien, le maire de Bouzeguène dresse un mini-bilan de son mandat et évoque les projets en cours au niveau de sa municipalité tels l’opération raccordement au gaz naturel et le renforcement du réseau d’eau potable, ainsi que les manques enregistrés dans le secteur de la santé et autres carences. Depuis la fermeture de la décharge d’Azaghar, on est dans l’obligation de transporter nos déchets par camion jusqu’à Oued Fali avec l’autorisation du wali. Néanmoins, cette solution n’est pas durable
La Dépêche de Kabylie : D’abord, qu’avez-vous à dire au sujet de la dernière montée au créneau du parti opposant, le RCD en l’occurrence ?
Bessaha Mourad : On ne peut parler de souci après trois ans de silence. J’aurai aimé voir cette déclaration (du RCD) une année après notre installation, pas quelques mois avant les élections. Le seul à qui je dois rendre des comptes est le citoyen qui nous a fait confiance en nous choisissant. Ceux-là peuvent dire haut et fort que je suis tout le temps disponible et prêt à les écouter. D’ailleurs, ça m’arrive de ne pas prendre mon congé. Pour la transparence, les assemblées ont lieu, pendant toute une journée, dans la salle des délibérations en présence des comités de villages et même des medias. Si seulement mes amis du RCD que je respecte énormément se sont réunis avec nous pour mettre fin aux oppositions qui ont bloqué tellement de projets, à savoir la bibliothèque et la crèche communales, l’unité de la BMPG, les logements sociaux et un complexe sportif de proximité. Pour le bornage, en tant qu’élus, ils doivent savoir qu’on a engagé un géomètre depuis une année, néanmoins, c’est une occasion pour moi de donner en chiffres ce qu’on a réussi en trois ans et demi et que mes prédécesseurs n’ont pas fait en plus de 15 années. À notre arrivée, on a trouvé près de 200 projets en instance de réalisation (2005-2011). On était mal classés et au jour d’aujourd’hui, on est à 80% en termes de consommation des PCD. Grâce à notre sérieux, volonté et courage, nous avons pu réussir, mais beaucoup reste encore à faire. D’ailleurs, j’invite les citoyens à regarder en toute honnêteté chacun dans son village, pour voir tous les projets qui ont été acquis.
Concernant le raccordement au réseau du gaz naturel, où en est le taux de pénétration dans la municipalité ?
Le 22 décembre 2011, on était à 30%, aujourd’hui on dépasse les 95% et avant la fin de l’été on sera à 100%, et ce en plus des 6 Km d’extension aux villages Sahel et Houra. Durant les travaux, je me déplaçais en personne pour lever les oppositions. Les citoyens peuvent en témoigner. Entre 2009 et 2013, les écoles primaires n’étaient pas alimentées en gaz naturel, on a commencé par huit villages l’année d’après et tout le monde en a bénéficié. Il y a des écoles qui étaient raccordées bien avant les foyers, car on voulait que nos enfants étudient dans de bonnes conditions.
Le projet de renforcement du réseau d’alimentation en eau potable et celui des forages devaient être achevés en juin, n’est-ce pas ?
Effectivement, on a décroché un énorme projet qui mettra fin au stress hydrique que vit la population de Bouzeguène depuis des années. Pour cela, trois entreprises ont été retenues et les travaux avancent bien. N’était-ce une opposition qu’on a réglée par la suite, l’opération serait sans doute achevée. On doit patienter encore trois mois au maximum. Les villages ont bénéficié du projet de rénovation du réseau AEP et Aït Said et Ibekarene en sont les premiers.
Le secteur de la santé est très décrié dans la région…
Conscients de tous les manques que connaît ce secteur, nous avons profité de la visite du wali en fin de l’année passée pour lui présenter l’état des lieux en présence du DSP qui a promis de prendre en charge toutes les doléances, à savoir l’octroi d’une ambulance, l’affectation de l’effectif et la sécurité et ce, en attendant l’implantation de l’hôpital de 60 lits, un projet qui est enfin officiellement inscrit. Les écoles primaires étaient aussi dans un piteux état : infiltrations d’eau à Ihitoussène et Aït Ferrache, et ouverture d’une piste nécessaire pour désenclaver l’établissement à Aït Ferrache. Avant, même les pompiers n’y avaient pas accès, les denrées alimentaires n’arrivaient pas aux cantines, mais tout cela a été pris en charge. On a déboursé 6 millions de dinars pour des portes et fenêtres en PVC et 28 millions de dinars pour prendre en charge les cantines d’Aït Said, Ahrik, Aït Salah, Takoucht et Houra. Pour ce qui est des glissements de terrain, selon une étude, au village Aït Said, comme cela représente une menace pour les élèves et les habitants, on doit rapidement refaire l’assainissement en PHD et rallonger le confortement, alors qu’à Aït Salah et Ihitoussène une étude est en cours.
Qu’en est-il des logements sociaux, cet eternel souci…
Tous les partis politiques ont un mot à dire. On doit tous dénoncer le blocage qui est au POS N° 10 (Plan d’Occupation des Sols). La politique est un engagement à prendre pour l’intérêt général. Le logement est à 40% de réalisation. À cause de l’opposition, deux programmes de logement ont été délocalisés. Pour la répartition des 100 locaux commerciaux, je ne suis impliqué ni de près ni de loin. À mon arrivée, je les ai distribués et les jeunes ont fermé la mairie pendant une matinée pour protester. J’ai transmis leurs doléances au wali mais la liste n’a pas changé.
Qu’avez-vous fait pour la protection de l’environnement ?
Depuis la fermeture de la décharge d’Azaghar, on est dans l’obligation de transporter nos déchets par camion jusqu’à Oued Fali avec l’autorisation du wali. Néanmoins, cette solution n’est pas durable puisqu’en décembre prochain, le contrat prendra fin et on doit penser dès maintenant à la manière dont on va régler ce souci. Le CET s’avère une urgente nécessité.
Les télécommunications, c’est aussi un service très en retard dans la région, n’est-ce pas ?
Tous les citoyens ont sans doute vécu les aléas liés au manque d’effectif et de liquidités. Le directeur nous a promis de prendre en charge ce problème en attendant l’extension d’un bureau à Louda. Pour mieux gérer la téléphonie, on a mis un bureau à la disposition de l’Actel pour éviter aux citoyens les déplacements à Azazga. D’ailleurs, je profite de l’occasion pour dire aux citoyens que le projet de la fibre optique avance très bien et le directeur s’est même déplacé sur les lieux pour voir de visu le taux de réalisation.
Le centre culturel est sans activités. Où se situe le problème ?
Le centre culturel Ferrat Ramdane a été cédé cela fait plus d’une année, au ministère de la Culture et on attend toujours que la promesse de M. Ould Ali El-Hadi, faite dans le temps où il était encore à la culture, soit tenue. Entre-temps, l’APC active en collaboration avec les associations qui travaillent durant toute l’année. D’ailleurs, je profite de l’occasion pour saluer les associations Tiwinin de Bouzeguène et Assa de Houra qui font un travail extraordinaire pour la sauvegarde du patrimoine immatériel et notre identité. Je lance un appel aux autres associations de suivre le chemin pour mériter les subvenions. On doit les voir sur le terrain et non pas sur papier.
Que comptez-vous faire pour la sauvegarde du patrimoine historique ?
Pour la SAS (Section administrative spécialisée), c’est vrai, on l’a un peu négligée. Elle est inscrite patrimoine communal et un travail est en train de se faire pour libérer le site et le mettre en valeur pour que cela devienne un musée qui racontera l’histoire de la guerre de libération dans la région. Par ailleurs, on est en phase d’aménagement de la stèle d’Ibouyisfene et bientôt achever celle de Taniimt. Les travaux de réalisation de la placette qui porte le nom du Colonel Mohand Oulhadj avancent comme prévu.
Un mot pour conclure…
Je tiens tout d’abord à féliciter les lauréats des examens du BEM et de la 5e année primaire et les nouveaux bacheliers, puis j’informe les citoyens qu’une conférence aura lieu, dans les jours à venir, pour présenter le bilan annuel de nos activités.
Entretien réalisé par Fatima Ameziane.