“Ceux qui bloquent la zone étaient candidats en 2012…”

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Dans cet entretien, M. Boukhtouche Mohand, P/APC de Souama, élu FFS, revient sur la situation qui prévaut dans sa commune, expose les grands axes des projets réalisés et ceux en souffrance et évoque d’autres points en relation avec le développement local de sa commune.

La Dépêche de Kabylie : À une année de la fin de votre deuxième mandat à la tête de la commune de Souama, pourriez-vous nous dresser votre bilan jusqu’à aujourd’hui ?

M. Boukhtouche : Au bout de huit ans et demi à la tête de la commune, nous avons réalisé beaucoup de choses qui apparaissent évidentes pour certains. Avant notre arrivée, il n’y avait pratiquement rien. Donc, c’est à partir de 2007 que nous avons réalisé des projets déjà inscrits, mais qui n’étaient même pas lancés. Je pense à la bibliothèque, aux foyers de jeunes d’Iguer, de Souama et d’Aït Zellal, une aire de jeux à Souama ainsi que le CEM Base 5 d’Aït Zellal. On a arraché et réalisé d’autres projets. Certains sont déjà opérationnels et d’autres en cours de réalisation, à l’image du lycée, du stade communal, de la maison de jeunes qui est opérationnelle, des aires de jeux et foyers de jeunes que nous avons réalisé un peu partout dans la commune (à Tajelt, Belghozli, Aït Zellal…). Actuellement, nous sommes en train de réaliser des aires de jeux à Bouatba, à Iguer et à Aït Sidi Amar et une salle de soins à Tajelt. Nous avons aussi arraché un CFPA, un poste de Protection civile, deux projets inscrits en 2014. Les études sont achevées, mais malheureusement avec la politique d’austérité ces deux projets sont gelés.

En parlant d’austérité comment comptez-vous aller au bout de vos projets dans ces circonstances ?

Les projets qu’on a arrachés au bénéfice de la commune de Souama sont financés par différentes sources. Le lycée, par exemple, est réalisé par la DLEP et le CFPA par la direction de la formation professionnelle. Le projet du lycée a démarré en 2013 et l’avancement des travaux est actuellement à 40%. Je tiens à dénoncer les retards dans certains projets qui ne sont pas dus à la politique d’austérité ou aux problèmes d’oppositions. C’est plutôt des problèmes bureaucratiques, de mauvais suivi. Pour le lycée, il y a un marché qui est signé pour 40 milliards de centimes, donc ce n’est pas un problème d’argent. Il y a une entreprise qui a été retenue, mais pour la réalisation ça traine. Je rajoute que les propriétaires de terrains ne sont pas indemnisés malgré que la procédure a été menée au bout. D’ailleurs, deux d’entre eux sont décédés. C’est le cas aussi du stade communal qui est en cours de réalisation à Ighalen. Les travaux sont à l’arrêt depuis plusieurs mois, malgré les promesses du DJS. Après la visite du wali le mois de novembre dernier dans la région, on nous a promis de reprendre les travaux, mais cela fait déjà 9 mois et rien n’a été fait, malgré que j’aie saisi, plusieurs fois, le DJS, le wali et les élus à l’APW. Pour les projets du CFPA et le centre de Protection civile, le choix de terrain est fait, les études sont faites mais malheureusement ils sont gelés. Pour revenir à l’austérité l’année prochaine, on va connaître des problèmes pour les fournitures scolaires, les fournitures de bureau, le ramassage scolaire.

Les communes ne devraient pas créer des ressources et se prendre en charge ?

Oui on devrait, mais cela ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut une période d’adaptation surtout avec les lourdeurs administratives et bureaucratiques.

Qu’en est-il du problème de la polyclinique de Souama qui n’est qu’une salle de soins sans même une unité d’urgence ?

Effectivement, la polyclinique de Souama réellement n’est qu’une salle de soins avec de multiples problèmes. Ce qui est assuré ce sont un dentiste, un médecin et une sage-femme. Cet établissement sanitaire est ouvert du samedi à jeudi et il ferme à 16 heures. C’est faux. Il faut qu’elle dispose au moins d’une structure d’urgence et d’un laboratoire. La DSP nous a promis mais les changements de directeurs nous ont encore ralentis.

Qu’en est-il du problème de l’ambulance ?

Grâce au comité de village de l’époque, Souama a pu arracher une ambulance avec chauffeur. Actuellement, l’ambulance est affectée à un autre établissement de santé malgré qu’elle est juridiquement toujours affectée à Souama, et le chauffeur est toujours là à faire un travail qui n’est pas le sien et cela n’est pas normal. Administrativement, je ne peux rien faire, à part écrire des courriers et voir le directeur.

Concernant le grand projet de la zone industrielle de Souama qui est à la traine, qu’est-ce qui se passe exactement ?

Les pouvoirs publics doivent assumer leurs responsabilités. Le gouvernement Algérien a décidé en 2011, de réaliser des zones industrielles un peu partout dans le pays. Pour le côté Est, le wali a sollicité les élus pour trouver une assiette susceptible d’accueillir une zone industrielle. C’est à ce moment là que M. Aouedj a pris attache avec nous. Après prospection, on a opté pour ce terrain. Le seul service qui s’est opposé à ce choix de terrain est celui de l’agriculture. Pour trouver un terrain d’entente, la superficie de la zone a été réduite. On a défalqué les terrains à haute potentialité agricole, ce qui a donné une superficie de 327 hectares pour la zone industrielle au lieu de 372 hectares. Cela était en 2011. Les études ont été confiées d’abord à une entreprise étrangère avant de les confier à une entreprise Algérienne. Concernant les oppositions, la plupart des gens qui s’opposent aujourd’hui étaient des candidats aux élections de 2012. Avant novembre 2012, aucune opposition n’a été émise. Personnellement, la lecture que je fais est une lecture politique et politicienne. Le but c’est de bloquer la zone au moins pendant notre mandat. Maintenant, c’est à l’État d’assumer ses responsabilités. S’ils sont dans leurs bien, on doit les indemniser sinon qu’on les arrête.

Qu’en est-il du CET de Boubhir, un autre projet qui peine à voir le jour ?

Concernant ce projet de CET de Boubhir, l’entreprise avait commencé les travaux mais les citoyens ont brûlé les engins. Peut être l’emplacement du site n’est pas judicieux, mais quand quelqu’un faute, il faut le punir même symboliquement. Le CET est un projet intercommunal. Sur l’emplacement, il est situé à cheval entre Souama et Aït Yahia et sur le plan bénéfice se sont dix communes qui seront bénéficiaires. La direction de l’environnement doit régler le problème.

Un autre problème dont souffre la commune de Souama, l’alimentation en eau…

La localité de Souama est alimentée à partir des forages de Tassifth n’Aït Khelili, où l’eau est pompée jusqu’à la station de refoulement qui se trouve à Aït Hala, d’où on pompe vers les villages de Souama et Aït Khelili. En été le niveau d’eau baisse au niveau de ces forages. Le barrage de Taksebt alimente aussi Souama. Pendant tous le trajet de pompage, il y a des pertes à cause des vieilles conduites. Les fuites sont énormes. Pour alimenter les différents villages de Souama, cela prend une durée de trois jours, alors que pour alimenter ceux d’Aït Khelili cela prend sept jours. Donc, si tout va bien, on doit avoir de l’eau un jour sur onze. Seulement en réalité on pompe trois jours vers Souama, puis trois jours vers Aït Khelili. Donc, on a de l’eau une fois par huit jours. Récemment, on a organisé une réunion au niveau d’Aït Khelili pour essayer de trouver des solutions. Il faut déjà qu’on nous augmente notre quote-part à partir de Taksebt. Il va nous falloir carrément le double de la quantité habituelle. Avec la mise en service de la station d’Ilmathen, les villages d’Aït Zellal et Bolghozli sont désormais indépendants. On va essayer d’arracher une autre conduite pour Aït Khelili, l’actuelle servira que Souama. Voilà c’est un projet mais il y a toujours des retards. Pour le problème des fuites, c’est la SONAD qui est défaillante.

Les projets de l’habitat rural et du logement social sont aussi en souffrance à Souama, des explications s’il vous plait ?

Souama a bénéficié d’un projet de 150 logements OPGI, LPL que nous avons prévu d’implanter à Ighalen, où il y a une assiette qui appartient à l’agence foncière. Le jour où l’OPGI allait commencer le projet, l’agence foncière s’est opposée et a demandé une indemnisation. L’agence dit qu’elle ne donnerait pas un terrain gratuitement à l’OPGI, portant les deux organismes appartiennent au même ministère. Il y a une mauvaise volonté de ces directions pour faire bouger les choses et ma lecture personnelle est que c’est tout simplement il y a des gens que ça dérange de voir Souama avancer. C’est du sabotage ! On a inscrit, sur les mêmes terres, les projets d’une brigade de gendarmerie et d’un stade communal, à lesquels l’agence ne s’est pas opposée. À cause de cette opposition, on s’est rabattu sur les terrains qui restent à Timejrorad où on va réaliser un projet de 60 à 80 logements. Malheureusement, on ne peut réaliser l’intégralité du programme là-bas. Pour l’habitat rural, notre commune bénéficie d’un quota comme les autres communes. Pour 2016, c’est 150 aides. Nous les distribuons sur les habitants à base de la liste électorale qui est plus à jour que le RGPH. Le problème c’est que le quota alloué est insuffisant.

Entretien réalisé par Kamela Haddoum

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