Au moment où leurs camarades ne décollent pas des jeux électroniques et que d’autres ne quittent pas les cybercafés, de nombreux jeunes, moins nantis pour la plupart, sont occupés à gagner leur vie malgré leur jeune âge. On les rencontre au marché où ils aident qui un père, qui une connaissance, moyennant quelques dinars qui leur permettront d’aborder la rentrée scolaire avec les mêmes moyens que leurs camarades. Nous avons rencontrés, au centre-ville d’Aïn El Hammam, une dizaine d’adolescents, des lycéens et des collégiens, venus vendre, comme des grands, les produits des champs familiaux. Krimo, 12 ans, et Mohand Said, 13 ans, viennent de Tajelt, un village de la commune de Souamaâ, «du côté de Boubhir», précise l’un d’eux. Assis l’un à côté de l’autre, comme au CEM où ils sont scolarisés en troisième année moyenne, ils proposent des figues de barbarie à 200 dinars les trente pièces, à des clients de plus en plus exigeants. Mis en confiance, Krimo ne cache pas qu’il remettra à son père le produit de sa vente, «une fois que j’aurai rempli ma tirelire», dira-t-il. Son camarade, lui, dépensera «son salaire pour acheter les affaires scolaires et les vêtements de la rentrée», nous fera-t-il savoir. Plus frêle, un autre collégien met en vente des figues fraiches à deux cent cinquante (250 DA) dinars le kilo. Des passants nous signalent que ces jeunes «qui se débrouillent par leurs propres moyens méritent d’être encouragés. Ils donnent des leçons à bien des adultes qui refuseraient d’accomplir une telle tâche». Bien qu’installés loin de l’enceinte du marché les jeunes vendeurs de la rue sont, eux aussi, assujettis à payer la taxe, comme les marchands ambulants. «Nous payons 100 dinars la caisse pour avoir le droit de place», nous dit, résigné un frêle garçon qui tient dans un carton, devant lui, une dizaine de kilogrammes de haricots verts, récoltés du «potager de sa mère». Les passants et les clients de Aïn El Hammam prennent en sympathie ce groupe d’adolescents, aimables et polis, qui sont là depuis plus de deux semaines, au même endroit. Sans complexe aucun, ils racontent leur vie de tous les jours, au village : «la plupart des enfants de notre âge recourent, parfois, à des travaux difficiles, dans des chantiers». Ils sont un exemple pour certains adultes qui attendent un emploi depuis des années. Bravo les enfants.
A. O. T.