La faculté des sciences économiques et des sciences de gestion à l’université de Tizi Ouzou vient de subir un véritable séisme interne. La réouverture très contestée d’une post-graduation a donné naissance à un impitoyable bras de fer qui a déjà conduit au limogeage du doyen de ladite faculté. Toutefois, le conflit n’a pas connu son épilogue pour autant. Tout au contraire, il semble que les dualités ne font que se corser. En nous saisissant du dossier, il y a quelques jours, nous étions loin d’imaginer que nous aurons à enquêter sur une affaire aussi longue et complexe. De fait, et pour mieux comprendre les raisons de ce conflit il faudrait préalablement savoir que tout a commencé lorsque Mme Ahmed Zaïd (ne Chertouk) Malika, enseignante dans la faculté sus-citée, a demandé de rouvrir en son nom comme directrice d’habilitation la post-graduation (P-G) en question. Mais dès le début, cette démarche a subi le désaveu de plusieurs instances chargées de se prononcer sur la question. A en croire les détracteurs de Mme Ahmed Zaïd, c’est le conseil scientifique de la faculté (CSF) qui était le premier à émettre en 2002 un avis défavorable à cette candidature. D’après nos interlocuteurs, Mme Ahmed Zaïd ne remplit pas au moins trois conditions pour accéder à ce poste.Il y a tout d’abord l’obligation d’être titulaire d’un rang magistral (maître de conférence) dans la spécialité demandée alors que la candidate, nous dit-on, est maître de conférence en linguistique. Aussi, il faudrait impérativement que la spécialité demandée soit dispensée en licence, ce qui ne semble pas être le cas de ce dossier, affirment également nos sources. Et puis, et surtout, il y a cette histoire de prérogatives du CSU (le conseil scientifique de l’université) qui ne peut se prononcer qu’après l’aval du comité scientifique de département (le CSD) et le conseil scientifique de la faculté (CSF) deux instances hiérarchiquement inférieures au CSU mais dont les décisions sont exécutaires. Ce qui n’est pas le cas du CSU dont l’avis n’est que consultatif.D’ailleurs, le premier refus du CSF est motivé par le fait que Ahmed Zaïd n’est pas maître de conférence en sciences économiques ou en sciences de gestion, mais docteur en linguistique. Néanmoins, découragée par cette première déconvenue, celle-ci entreprend de représenter son dossier au comité scientifique de département (CSD) en 2005. A cet effet, les détracteurs de Mme Ahmed Zaïd affirment que “cette dernière a profité de sa position de présidente de cette structure pour émettre un avis favorable”, Le 9 mai 2005, le CSF, structure hiérarchiquement supérieure au CSD, donne son aval sur “le plan scientifique”, mais émet des réserves sur la candidature puisque Mme Ahmed Zaïd “n’a pas les titres requis, et demande au conseil scientifique de l’université (le CSU) de se prononcer”. Là, le recteur a eu une position nette et sans ambiguïté.Il renvoie au CSF une note dans laquelle il est clairement stipulé que “seuls les CSD et les CSF peuvent se prononcer sur l’aptitude d’un enseignant à encadrer en post-graduation”De fait, le 25 mai 2005, ce même CSF et le doyen de la faculté désavouent la candidature de Mme Ahmed Zaïd. La Conférence régionale du centre (la CRC), dépendant du ministre de l’Enseignement supérieur reconduit la même décision en date du 5 juin 2005. Dix jours pus tard, le recours formulé par Mme Ahmed Zaïd auprès du CSF est une nouvelle fois frappé d’un avis défavorable. Cependant, une décision émanant du CSU va chambouler toutes les donnes. Cette instance a en effet donné son aval à la candidate à peine quatre jours plus tard. Commença alors une véritable guère administrative des deux côtés. Au final, et en dépit d’un deuxième désaveu de la CRC et des nombreuses mises au point du CSF envers le CSU, la direction de la P-G de la recherche et de la formation décide d’ouvrir la post-graduation en se basant sur l’avis favorable du CSU. A en croire les détracteurs de Mme Ahmed Zaïd, “le concours s’est déroulé en dépit des décisions du CSF et de la CRC” qui seraient selon eux “les seuls organes habilités à se prononcer sur l’ouverture d’une post-graduation”. Et d’ajouter dans un document rédigé à cet effet, “le concours a été organisé par Mme Ahmed Zaïd elle-même en se concertant avec le vice-rectorat chargé de la P-G et ce, en ignorant et la faculté et ses structures (…) D’ailleurs, le concours s’est déroulé à la bibliothèque centrale. De fait, la faculté des sciences économiques s’est retrouvée contrainte de dégager sa responsabilité quant à cette post-graduation”, conclut le document.Par conséquent,la première retombée de ce duel s’est traduite par le limogeage pur et simple du doyen de cette faculté, M. Bia Chaâbane, lequel a refusé d’ouvrir cette post-graduation. Pour cela, les enseignants de la faculté ont organisé samedi dernier une journée de protestation et de soutien au doyen remercié. Les étudiants ont eux aussi manifesté contre cette même décision en procédant (toujours samedi) au gel de leurs examens.A l’heure qu’il est, et en l’absence de tout indice de dénouement, tout porte à croire que les choses ne rentreront certainement pas dans l’ordre de sitôt. Les deux parties en conflit ne veulent ni céder ni se concerter. La faculté risque d’autres blocages. Les étudiants eux examinent en pensant au pire.
Ahmed B.