Pour crier haut et fort les conditions de vie misérables dans lesquelles ils vivent, des dizaines d’habitants du village de Tala-Hiba, un très grand bourg, voire le plus grand bourg de la commune de Toudja, ont procédé dans la matinée d’hier à la fermeture pure et simple de la mairie dont ils dépendent. En effet, le manque, voire l’absence totale de l’eau et des commodités qui rendent la vie agréable comme l’électricité les routes et autres ont poussé les villageois à cette action radicale. Ainsi donc, dans le but de faire connaître ces conditions aux services concernés notamment ceux qui sont chargés de l’alimentation en eau potable, les habitants de Tala-Hiba on mené cette action qui n’a pas manqué bien sûr de créer de nombreux désagréments aux autres citoyens surtout depuis que beaucoup de documents essentiels comme la carte nationale d’identité le passeport et la carte grise sont établis par la mairie et surtout aussi en cette période de rentrée scolaire où on demande à certains élèves de fournir des extraits de naissance et autres documents. Toudja est connue pour l’abondance et l’excellence qualité de son eau. Au début de l’ère chrétienne, les Romains par un ingénieux système de canalisation, l’ont amenée jusque dans l’antique Saldae. De nos jours, si cette canalisation est abandonnée, un grand musée de l’eau est tout de même institué au siège de cette commune. L’eau est théoriquement répartie sur la plupart des villages et des villages limitrophes de cette commune, ceux de Bejaïa et de Oued Ghir en l’occurrence. Mais cette distribution, explique un habitant de la région, n’est valable qu’en hiver car dès l’arrivée des chaleurs, c’est-à-dire dès la mi-juillet, presque tous les villages situés en amont de la source de Toudja ne reçoivent plus une goutte d’eau alors que ceux situées en aval en ont à profusion, à tel point que beaucoup parmi eux entretiennent de luxuriants jardins maraichers qu’ils arrosent avec l’excellente eau de Toudja. Quand leurs voisins des villages situés sur les hauteurs les accusent d’avoir pratiqué des piquages sauvages et anarchiques pour arroser des jardins et laisser les humains dans la soif, ils rétorquent, selon les dires des villageois situés sur les hauteurs, «c’est notre eau, c’est un don du Bon Dieu, nous en faisons ce que nous voulons.» Pour satisfaire tout le monde en eau, il serait peut-être bon de contrôler toutes les canalisations depuis la source jusqu’aux robinets, comme le souhaitent les villageois des hauteurs.
B. Mouhoub
