Le tourisme décidément n’a pas fini de diviser population et administration, suscitant controverses et alimentant une guerre de chiffres à la fiabilité incertaine car difficiles à contrôler.Un fait, un seul demeure certain et incontestable, la fréquentation de nos côtes à l’est comme à l’ouest est en chute libre. Et ce n’est pas le chiffre de quatre millions de baigneurs pour le mois de juillet, avancé par la Protection civile qui va persuader l’observateur averti du contraire ! Les causes essentielles de ce déclin trouvent leurs raisons dans des considérations à la fois conjoncturelles et structurelles.Béjaïa, tirant profit de la décennie noire a profité un max, du fait que des dizaines de plages du littoral national étaient devenues infréquentables pour cause d’ukazes islamistes. Plutôt que d’investir sur le moyen et le long terme par des investissements résolument tournés vers la classe moyenne, de soigner l’accueil et l’hospitalité, de vendre intelligemment le produit local et par finir de l’imposer, nos pseudo pros du tourisme, ont misé sur le gros lot, au nom d’une idée largement répandue, mais qui en réalité a montré ses limites, selon laquelle la saison étant ultra courte, il faut par conséquent en tirer le maximum et donc multiplier autant de fois qu’il est possible les prix.Deux évènements majeurs ont, par ailleurs, contribué au déclin du “tourisme” à Béjaïa : les évènements de 2001 et la réouverture des plages partout sur le territoire national, à la faveur de la sécurité retrouvée.Pour cette année, avec la non-reconduction du plan TUP-HIMO, les APC ont eu tout le mal du monde pour assurer un nettoyage minimum des plages. Ce facteur hygiène, aggravé par les nombreux rejets d’eau usées à la mer, a fini par décourager les moins regardants des estivants.Le tourisme de masse, tel que décrété dans les années 70 apparemment n’a pas pris puisque dans les faits, une journée pour un estivant venu de l’intérieur lui revient, au plus bas chiffre, à une semaine de revenus.Cher, trop cher, la baignade tout au long de notre littoral.Le conseil consultatif qui épaule l’APW dans ses décisions et choix a arrêté comme vocation pour Béjaïa le tourisme et l’agriculture. Hormis le fait qu’une vocation ne se décide pas comme elle ne peut se décréter, (ou on l’a, ou on l’ignore totalement), le tourisme c’est d’abord un comportement. Les enjeux ne sont pas tellement au niveau des investissements mais plutôt dans les esprits. Avec comme problématique majeure, comment transformer un peuple dont on a voulu faire des seigneurs, avec une certaine réussite, en grooms, porteurs de bagage, garçon d’étage, voituriers…
Mustapha Ramdani