"Nos agences ne font que dans le commercial"

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Ghedouchi Rachid, directeur du tourisme de la wilaya de Tizi-Ouzou, dresse à travers cet entretien le bilan de la saison estivale.

La Dépêche de Kabylie : Pourriez-vous nous dresser un premier bilan de la saison estivale de cette année ?

M Ghedouchi: La saison estivale a commencé le mois de juin, on a eu pour ce premier mois 1 307 750 estivants. Les chiffres concernent la fréquentation diurne et nocturne. En comparaison avec le mois de juin 2015, on a enregistré une baisse de plus de 500 000 estivants. Ils étaient durant le même mois 1834 690 estivants. Pour le nombre d’interventions au niveau des plages, on a, d’après les chiffres de la protection civile, enregistré 28 pour ce mois. L’année passée, ce chiffre s’élevait à 71. On n’a enregistré aucun décès pour ce mois. Pour le mois de juillet 2016, la fréquentation était de 2 818 545 estivants. L’année passée, c’était 3 916 000 pour la même période. Le mois d’août 2016, la fréquentation s’est élevée à 6977 421, l’année dernière le nombre d’estivants étaient de 4837 720. Les chiffres précédents sont communiqués par les deux offices de tourisme d’Azeffoun et de Tigzirt, ils concernent la fréquentation des plages. Le nombre d’interventions pour l’année dernière, pour le mois d’août, étaient de 439. Cette année, c’est 510 interventions. On a enregistré un décès repêché entre le large de Boumerdes et Tizi-Ouzou. Donc pour cette saison estivale, jusqu’au mois d’août écoulé on a enregistré 11 103 000 estivants en tout.

Ces statistiques concernent la fréquentation des plages, mais est-ce un repère en matière de tourisme dans la wilaya?

Au premier semestre 2016, on a enregistré 47 700 arrivés à Tizi-Ouzou dont 1280 étrangers et 46 220 Algériens venus de toutes les autres régions du pays. Cette fréquentation a engrangé 61358 nuitées dont 4488 étrangers. Un chiffre d’affaire global de 255.568.500,13DA lié à l’hébergement, restauration, et divers a été généré par cette fréquentation. Concernant la fréquentation hôtelière de la clientèle étrangère, en comptabilisant les nuitées (ceux ayant séjourné), l’Italie se place en première position avec 1693 nuitées suivie de la France avec 632, puis l’Espagne avec 336 nuitées. Le nombre de touristes étrangers qui visitent la wilaya de Tizi-Ouzou est en augmentation permanente. Pour ceux qui sont arrivés sans y séjourner, la classification de la clientèle donne la France en première position avec 246 arrivés, l’Italie en 2ième position avec 207 arrivés et la Tunisie en 3ième position avec 114 arrivés. Les chiffres sont comptabilisés au niveau des établissements hôteliers. Donc pour ce premier semestre, on a enregistré 61 388 touristes (étrangers et algériens). Pour la même période, l’année passée, on a enregistré 64 360.

Le chiffre est en baisse, c’est dû à quoi à votre avis?

Oui effectivement, c’est une baisse de 4,61%. C’est à cause du manque d’hôtels principalement. Le plus important hôtel au niveau de la wilaya est «l’hôtel Amraoua», il est en réhabilitation actuellement, de même pour «Tamgout» et «Al Arz». Ces trois hôtels dépendent de l’EGT centre. Pour «Lalla Khedidja», «le Belloua» et «le Bracelet d’argent» qui dépendent de l’ETK, c’est la même situation. Ils sont fermés aussi pour travaux.

Que faites-vous pour remédier à ce problème ?

Ça ne dépend pas de nous, c’est une opération centralisée. Des instructions ministérielles ont été données pour le lancement de toutes les opérations mais malheureusement, ça traîne à cause des procédures et des problèmes bureaucratiques. Cette année, il y a eu une note ministérielle datant du mois de mai justement pour faire face à ce problème. Il s’agit de donner des autorisations pour la création de camps de toiles, pour remédier au manque d’infrastructures. Tous ceux qui ont des terrains et qui veulent créer un camp de toiles, s’ils ont toutes les commodités, on leur donne l’autorisation. On a plusieurs projets d’hôtels à Tizi-Ouzou, en cours de réalisations. 25 infrastructures touristiques à la capacité de 2450 lits, et 1150 emplois à créer.

Y a-t-il eu alors des camps de toiles créés cette saison ?

Oui, il y a eu une demande d’un investisseur pour la réalisation d’un camp de toiles de 200 lits sur un terrain privé on lui a donné une autorisation d’exploitation au niveau d’Azeffoun à la plage «Petit paradis». Il y a aussi le terrain de camping au niveau du «Petit paradis» toujours, «le secret marin» qui, cette année, a porté sa capacité à 600 lits. Il y a aussi des chalets de 100 lits au niveau d’Azeffoun.

Ne pensez-vous pas que l’excès de procédures administratives et de mesures sécuritaires prises peuvent faire fuir les touristes?

Nous, on travaille avec les agences de tourisme qui sont au nombre de 29 dans la wilaya. 13 de catégorie A et 6 de catégorie B. Toutes les formalités doivent être réalisées par l’agence. On délivre des agréments aux agences et on leur facilite toutes les procédures mais malheureusement elles ne font aucun travail pour attirer les touristes. Les agences se contentent du rôle commercial. Il faut dire aussi que ça commence au niveau de certaines agences. Ces dernières envoient les renseignements relatifs à chaque touriste et nous, à notre niveau, on les envoie aux services de sécurité concernés pour les prendre en considération et assurer leur sécurité. La conjoncture sécuritaire actuelle impose ces démarches.

Revenons au tourisme balnéaire, vous avez parlé au lancement de la saison estivale, d’une campagne pour la propreté des plages, aujourd’hui le constat est alarmant…

C’est un problème qui persiste, on ne peut y remédier du jour au lendemain. On a tout essayé mais le problème est le manque de civisme, le citoyen est responsable. Il y a au niveau des APC des patrouilles de nettoyage quotidiennes mais cela n’est pas suffisant vu la quantité importante d’ordures.

Pour cette année, vous avez parlé de la suppression de la concession des plages. Sur le terrain, on a constaté que ça n’a pas été le cas…

Oui, réellement on a décidé avec le ministère de l’intérieur qu’il n’y aurait plus de concessions pour les plages, mais quelques APC ont procédé à la location et comme toujours le problème des squatteurs se pose. Les APC ont fait des adjudications pour les sanitaires, parking, etc. Ils ont loué pour avoir un revenu. Comme il n’y a plus de subvention pour les communes pour faire face à l’affluence sur les plages, chacun fait ce qu’il peut de son côté…

Et qu’en est-il du tourisme de montagne?

On a plusieurs projets inscrits dans ce sens, à titre d’exemple au niveau de Zekri, on a deux grands projets. Lors d’une visite que j’ai effectuée là-bas, j’ai été étonné. Un investisseur est en train de réaliser un complexe touristique, les travaux sont à 70%. L’autre projet est une auberge de jeunes achevée à 100%. Il y a aussi des projets privés au niveau de Ain El Hammam.

ça c’est le privé qu’en est-il des projets étatiques ?

L’Etat ne pourra plus réaliser aucun autre projet, le dernier sera l’opération de réhabilitation des hôtels. La crise économique fait que l’Etat ne s’engage plus dans de nouvelles dépenses.

Et comment jugez-vous l’activité touristique en montagne cette saison ?

Les gens réellement préfèrent la montagne à la plage. Malheureusement, nos sites ne sont pas aménagés, il y a des investisseurs qui veulent réaliser des parcs d’attractions à l’intérieur des forêts, mais malheureusement, ça traîne à cause des blocages au niveau local, je dirai que c’est un manque de volonté. On a des projets de forêts récréatives à Yakouren, à Tala Guilef, à Ait Alouacha (Larbaa Nait Irathen), à Akfadou, mais on enregistre beaucoup de blocages…

La wilaya a bénéficié par le passé de plusieurs projets d’extension de sites touristiques. Où en sont-ils?

On a huit zones d’extensions touristiques, l’étude a été finalisée pour quatre d’entre elles. Pour les quatre autres, elles sont en cours de réalisation

Le projet des ZET a été inscrit en 1988, qu’est-ce qui a fait qu’il ne soit pas encore concrétisé?

Oui effectivement, c’est un projet de 1988, mais l’étude n’a été faite qu’en 2012. Azeffoun et Sidi Khelifa sont approuvés, récemment c’était Zegzou et Abechar. Il reste quatre autres qui sont en cours, la première phase d’étude est achevée. L’affectation des lots est la prochaine étape, ça traîne pour les permis et les procédures. On a aussi des problèmes d’oppositions, par exemple, à Sidi Khelifa où la population locale refuse le projet. On a utilisé les forces publics mais vainement.

Votre direction est directement associée à toutes les fêtes qui se sont déroulées dans la wilaya de Tizi-Ouzou, quelle est concrètement votre contribution dans ces festivités?

La majorité des fêtes sont artisanales et les artisans sont liés directement à nous. On aide les artisans avec des subventions et nous leur avons établi des cartes pour qu’ils bénéficient de tous leurs droits. On contacte les artisans pour les orienter selon les besoins de chaque fête. On participe avec le matériel comme les chapiteaux par exemple. Ces fêtes attirent beaucoup de visiteurs. On a recensé pas mal d’étrangers à ces fêtes, ils se dirigent tous vers le balnéaire après les festivités. On participe comme on peut.

Entretien réalisé par Kamela Haddoum.

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