Le marché de l’emploi à travers le territoire national, particulièrement au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou, est très instable.
D’une part, les entrepreneurs se plaignent d’un manque de main-d’œuvre qualifiée pour mener à terme leurs projets et d’autre part des milliers de jeunes, diplômés ou non, sont au chômage. Un paradoxe qui reste inexpliqué. La logique veut que Lorsqu’on est au chômage, normalement on accepte n’importe quel emploi en attendant de trouver mieux. Hélas, ce n’est plus le cas de nos jours ! Les jeunes détenteurs de diplômes et ceux non qualifiés optent pour le chômage et attendent qu’un boulot de leur choix leur tombe du ciel, chose qui risque de ne jamais avoir lieu ou de n’arriver qu’après plusieurs années de désœuvrement et une fois que les poils blancs commenceront à apparaître sur la tête. Du coup, on retrouve dans notre société de vieux jeunes célibataires et sans ressources. Ce qui finit parfois malheureusement par renforcer les rangs des malfrats et des trafiquants de tous genres. A travers les différentes communes de la wilaya de Tizi-Ouzou, à Ouaguenoun, Larbâa Nath Irathen, Azazga et Ouadhias, pour ne citer que celles-là les rues et les cafés maures ne désemplissent jamais. A croire que personne ne travaille. «Dans le temps, en rentrant au café maure du coin, on ne risquait jamais de rencontrer un jeune. Ce genre d’espace n’était destiné qu’aux vieux retraités. A présent, c’est le contraire qui se produit. Les cafés maures sont occupés, du matin au soir, par des jeunes en âge de travailler. Les ruelles et les ‘’murs’’ sont également les lieux privilégiés des jeunes. Cette situation est anormale. «La place d’un jeune est soit à l’école, soit à l’usine, soit dans les champs ou dans les chantiers. Les parents doivent apprendre à leurs enfants que le seul trésor c’est le travail et qu’il n’y a pas de sot métier», conseillera un vieillard rencontré à Ouadhias.
«Pas question de travailler dans le bâtiment !»
Pour leur part, les jeunes en âge de travailler pensent différemment. Le gain facile et les postes dit propres et bien rémunérés et le visas pour l’étranger demeurent leurs objectifs premiers. Hélas, ce n’est pas donné à tout le monde : «Travailler oui, mais pas n’importe quel travail. Je ne pourrai par exemple jamais travailler dans le bâtiment, c’est usant, dévalorisant, mal payé et sans assurance. Pour le moment, le vieux assure l’essentiel, en attendant une meilleure opportunité ou un visas pour l’étranger», dira un jeune non diplômé rencontré à Boghni. Un autre jeune chômeur, rencontré à Souk El Tenine, dira : «Il n’est pas question de travailler dans un chantier, même si je n’ai aucun diplôme. Je ne donnerai pas l’occasion aux entrepreneurs de gagner de l’argent sur mon dos. Ils ne payent pas correctement, ne nous assurent pas et nous font travailler comme des esclaves. Je préfère vendre des cigarettes, des cacahuètes et des bonbons sur les trottoirs. C’est moins usant et ça gagne plus». Pour ceux qui ont un diplôme supérieur, le calvaire est tout autre, à l’image de ce jeune architecte qui déplorera : «Cela fait trois ans que je suis sorti de l’université avec mon diplôme d’architecte, j’ai déposé plein de dossiers et de demandes d’emploi et frappé à toutes les portes, en vain. Ce n’est pas juste de se retrouver au chômage après des années d’études. Certes, il y a les dispositifs d’aides à l’emploi, mais c’est de l’esclavagisme des temps modernes. Comment faire travailler un ingénieur avec un salaire de moins de 18 000 DA ? On nous pousse à choisir l’émigration. D’ailleurs la majorité des cadres algériens sont à l’étranger». Dans tous les cas de figure, le chômage est une certitude à travers la wilaya de Tizi Ouzou et à travers le territoire national. Le taux de chômage en Algérie de 11%, annoncé par l’office des statistiques est sans nul doute plus important dans la réalité car même les postes créés à travers les mécanismes d’emploi sont à mettre dans cette case. Les rémunérations de 18 000, 12 000, 8 000, 6 000 et 4 000 DA versées aux employés ne sont en fait qu’une allocation de chômage. Pour revenir au secteur du bâtiment, il est clair que la main d’œuvre qualifiée se fait de plus en plus rare. Beaucoup de chantiers piétinent lorsqu’ils ne sont pas complètement à l’arrêt. Il est essentiel d’encourager les jeunes à choisir ce secteur névralgique en leur accordant plus d’avantages. Ne dit-on pas que lorsque le bâtiment va, tout va !
Hocine T.

