Le mouvement de grève initié par les lycéens de la ville de Tizi-Ouzou, depuis dimanche dernier, s’est répandu pour atteindre tous les collèges de la ville. Hier, bien avant l’entrée habituelle des classes, des lycéens grévistes ont pris attache avec des collégiens des établissements de la ville pour les inciter à les suivre dans leur action.
Le mot d’ordre a été visiblement bien reçu, aussitôt dit, aussitôt exécuté. «Des lycéens nous ont contacté ici à Babouche, pour suivre le mot d’ordre de grève. Aussitôt alertés, tous les élèves ont répondu positivement. Nous avions séché les cours à partir de 10h pour rejoindre le groupe qui commençait déjà à se former au centre ville de Tizi-Ouzou», Nous dira Momouh, un élève de ce collège. Par la suite, les collégiens ont pris la relève en invitant leurs camarades des autres CEM à rejoindre le mouvement. «Dès que nous sommes sortis de l’établissement, nous nous sommes dirigés vers d’autres CEM pour faire sortir les élèves en commençant par le CEM Dardar, le plus proche de nous», ajoutera un autre collégien. Alors qu’un mouvement de va-et-vient de groupes d’élèves, au niveau des artères de la ville de Tizi-Ouzou, donnait l’impression d’une anarchie dans l’organisation des grévistes, finalement, les élèves sont beaucoup plus organisés que l’on pensait. Ils se sont donné rendez-vous au musée de la ville (ex mairie) pour entamer une marche vers la direction de l’éducation. Vers 11h, un cordon de sécurité improvisé par ces élèves, constitué en général des collégiens, ouvre la marche direction donc la direction de l’éducation. Les marcheurs ont arpenté le chemin de l’artisanat avant de rejoindre, par la suite, l’axe du lycée Polyvalent. Les protestataires qui scandaient des mots d’ordre dénonçant le calendrier des vacances, donnait l’impression d’accompagner un cortège de mariage que de participer à une marche, tellement l’ambiance était à la fête et que l’un des plus en vue aux devant de la procession n’était qu’un…percussionniste avec une derbouka qu’il faisait bien «parler». On aura même crié… «vive les Indiens». L’un des animateurs nous jettera cependant comme explication : «c’était juste pour se défouler». Effectivement, la majorité des élèves paraissait beaucoup plus heureuse et distraite qu’inquiète pour leurs études. Arrivés devant le siège de la Direction de l’éducation, les grévistes ont transformé leur sit-in en un lieu de détente : ils chantaient et dansaient à volonté et sans modération, la chose qui n’était pas pour accorder du crédit à leur mouvement, d’après quelques personnes présentes sur les lieux. Pour d’autres, l’absence des parents d’élèves et des associations représentatives les intriguent. «Comment se fait-il qu’on laisse les élèves livrés à eux-mêmes sans aucune intervention de la part des parents ou des associations», se désolent-ils. Le premier responsable d’un syndicat des travailleurs du secteur est catégorique : «il y a des gens qui tirent des ficelles derrière ce mouvement. On sent vraiment de la manipulation. Pourquoi le personnel de l’éducation a informé les élèves que les grandes vacances débuteront le 6 juillet, alors que cette sortie ne concernera que le personnel administratif et pédagogique mais pas les élèves, eux, ils prendront les congés bien avant ?’’ En tout état de cause et pour beaucoup d’observateurs, il y avait anguille sous roche dans ce mouvement. Tellement les revendications sont futiles, ils se posent la question suivante : à qui profite cette grève ? Qui est derrière ce mouvement ? Sollicité pour d’amples informations concernant cette grève, le chargé à la communication au niveau la direction de l’éducation de la wilaya de Tizi-Ouzou, rétorque que «la grève ne concerne que la ville de Tizi-Ouzou. D’après nos informations, bien sûr. Et que les revendications des élèves ne sont pas pertinentes. Je ne vois pas comment faire une grève parce qu’on a réduit les vacances d’hiver de 4 jours ? C’est-à-dire de 15 à 10 jours. Est-ce une raison suffisante ?’’. Des élèves à qui nous avions posé la question de savoir au cas où le directeur de l’éducation demanderait à parler à une délégation des élèves, qu’elle serait sa composante ? Ils répliquent : «nous parlerons tous. Nous sommes tous des chefs». Sur ce point, les élèves ont complètement raison, il n’y avait pas vraiment de meneurs apparents dans ce mouvement d’où l’absence même d’une déclaration mentionnant leurs revendications.
Hocine Moula