Rien que des divergences

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Les trois leaders de l’alliance présidentielle se réuniront aujourd’hui au siège du FLN pour la quatrième fois. Ahmed Ouyahia, Aboudjerra Soltani et Abdelaziz Belkhadem, qui prendra la présidence tournante, se retrouvent encore une fois comme ils se sont séparés, c’est-à-dire une réunion informelle et puis des accusations mutuelles, en public, sur la gestion des affaires publiques ou encore sur le leadership. Depuis, la dernière rencontre entre les trois chefs de partis au siège du RND au mois d’octobre dernier, l’alliance présidentielle a présenté tous les ingrédients, sauf ceux d’une convergence sur la gestion des affaires politiques. Pire, le RND, le FLN et le MSP qui se partagent le gouvernement divergent même sur le programme de l’Exécutif dans lequel ils font partie. Les désaccords ne se limitent pas seulement à un point précis, mais touchent à plusieurs dossiers, notamment celui de la gestion du front social qui ne cesse de monter au créneau pour faire valoir, notamment, la revendication salariale.C’est justement autour de cette question précise que le fossé qui sépare notamment le RND et le FLN semble s’approfondir d’avantage. Au moment où Ahmed Ouyahia, en tant que chef du gouvernement, affiche son opposition à une augmentation salariale, son rival du FLN, Abdelaziz Belkhadem, soutient le contraire. Lorsque le secrétaire général du RND justifie sa position par des arguments économiques, liant cette revendication aux critères de la croissance économique et au taux d’inflation, le chef du FLN présente un autre son de cloche. Il ne se contente pas de soutenir le contraire, mais il dit puiser son argumentaire d’une autre vision économique qui voudrait, par exemple, que l’augmentation des salaires de la fonction publique soit conditionnée par «le pouvoir d’achat». Ce sont, en effet, deux visions qui se rapprochent. Lors d’une conférence de presse animée la semaine précédente à Alger, Belkhadem avait soutenu que «nous ne sommes pas obligés de baser notre système économique sur la base des orientations du Fonds monétaire international (FMI), mais que nous pouvons suivre notre modèle à nous». Là, aussi, l’idée est exactement le contraire de ce qu’avance Ahmed Ouyahaia qui avait mis en œuvre les deux plans d’ajustement structurels du FMI au milieu des années 1990. Le pays étant à l’époque dans une situation de cessation de paiement, Ouyahia n’avait d’autre choix que de se soumettre au dictat de l’organisation monétaire basée à Washington. C’est peut-être ce qu’ignore Belkhadem.Quoi qu’il en soit, les deux hommes semblent ne rien partager, sinon la table des conseils du gouvernement et celle des ministres. La solidarité de l’équipe gouvernementale est de fait fragilisée au fil des jours, même si pour les besoins de la consommation extérieure, les chefs de l’alliance disent que tout va bien. Abdelaziz Belkhadem, encore lui, avait laissé entendre il y a deux semaines que les trois partis avaient délibérément choisi de limiter l’alliance au niveau du sommet et ne pas créer des commissions au niveau de la base. Pourquoi ? Le chef du FLN avait simplement indiqué que le choix est fait pour laisser la liberté à chacun des partis d’agir dans le cadre de son programme. Cela sans occulter le fait que, dans les discours, l’alliance est créé pour appliquer un seul et unique programme : celui du président de la République.C’est donc sur fond de grandes divergences que se tiendra aujourd’hui une réunion qui ne convainc plus personne, y compris ses initiateurs. Même si la présence du chef exige que l’on se montre solidaire.

Ali Boukhlef

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