«Tout me pousse à écrire»

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Mohand Arkat, licencié en sciences de l’éducation, a été professeur de langue française durant quelques années, avant de se consacrer à l’enseignement de la langue amazighe. Il a à son actif trois ouvrages en langue amazighe : Avrid n’Tala, Tamaghra Di Tadarth et Tiwizi.

La Dépêche de Kabylie : Tout d’abord, dites-nous qu’est-ce qui vous a motivé à écrire ?

Mohand Arkat : Tout ce qui se passe autour de moi me pousse à écrire. Nous ne devons pas laisser notre trésor ancestral partir à vau-l’eau. Avec mes écrits, j’essaie de sauver notre patrimoine ancestral légué par nos aïeux. Dans mes ouvrages, j’ai tenté de reprendre le vécu de mes contemporains. C’est un trésor à sauvegarder.

Quel a été votre premier ouvrage ?

Je tiens tout d’abord à préciser que j’écris en tamazight. Mon premier ouvrage est intitulé «Avrid n’ Tala» (Le chemin de la fontaine). Les Kabyles ont de tout temps subi des agressions. Mais ils ont pu résister grâce à leur solidarité. Dans cet ouvrage, j’ai retracé donc les habitudes, les coutumes et les traditions de notre peuple. L’école algérienne n’a rien fait de tel dans les manuels scolaires.

Et le deuxième ?

Il s’intitule «Tamaghra Di Tadarth» (La fête au village). Dans nos villages, la fête concerne tout le village. C’est tout le monde qui y participe. C’est un moment de partage. Encore une fois, on ne retrouve pas cela dans les livres scolaires. Pourtant, c’est en parlant aux élèves de ces moments porteurs de solidarité qu’on évitera toute cassure. Mais, c’est tout à fait le contraire qui s’est produit. L’élève kabyle se trouve immédiatement coupé de son milieu. En psychologie, on appelle cela l’image inconsciente du corps. Et nos enfants ont le droit d’exprimer leur appartenance à ce legs ancestral qu’est la civilisation amazighe.

Puis, vous avez enchaîné avec Tiwizi ?

Dans ce troisième livre, c’est un appel à l’unité à la fraternité. C’est très important quand on sait qu’actuellement, tous les peuples à travers le monde vont vers la globalisation. On parle déjà de villages planétaires. Pour nous les Kabyles, l’heure est à l’union car nous devons relever tous ces défis de différentes natures et nous devons les affronter.

Quels sont ces défis ?

Ils sont nombreux : Scientifiques, culturels, économiques…

Vous êtes non seulement écrivain mais aussi éditeur. Que pensez-vous de l’édition en tamazight ?

Elle n’est pas encore très développée mais je considère que lorsqu’on produit des écrits de valeur et de qualité ils sont demandés. Là aussi, je saisis cette occasion pour lancer cet appel en direction du peuple kabyle de contribuer au développement de l’édition en tamazight. Elle n’est pas seulement l’affaire des éditeurs.

Avez-vous d’autres écrits en gestation ?

Évidemment, et je ne cesserai jamais d’écrire. Pour le prochain, ce sera un hommage à nos femmes kabyles. La femme est gardienne de nos valeurs ancestrales. Elle mérite beaucoup. Une femme quitte le domicile parental pour aller vivre dans un autre milieu, celui de son époux. C’est une blessure. Mon prochain livre est un travail de reconnaissance pour tout ce qu’elles font pour sauvegarder nos us et coutumes. En langue française, pour le moment, je me consacre pour des livres parascolaires. Mais aussi, je prépare un roman policier et un autre travail sur le Printemps noir.

Un mot pour conclure…

Je vous remercie ainsi que votre journal de m’avoir donné cette occasion de revenir sur mes ouvrages. Je tiens aussi à rappeler que dans mon troisième ouvrage, j’ai rendu un hommage au regretté Nour Ould Amara, un ami et premier enseignant à avoir donné quelques cours en tamazight sur BRTRV et un autre hommage à feu Bessaoud Mohand Arab, l’un des pionniers de l’académie berbère dans l’ouvrage «Tiwizi».

Entretien réalisé par A. O.

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