Par S. Ait Hamouda
Le journaliste vivant caché ou vivant apparent, comme le nez au milieu du visage, il est toujours le bouc émissaire de tous les ratés de nos déboires ainsi que de nos victoires. Il est la tête de turc, le bouc émissaire, la victime élue des purgatoires multiformes. Il est «Ce voleur qui la nuit rase les murs pour rentrer chez lui (…) Cet homme qui fait le vœu de ne pas mourir égorgé c’est lui. / Ce cadavre sur lequel on recoud une tête décapitée, c’est lui. (…) C’est lui qui ne sait rien faire de ses mains, rien d’autre que ses petits écrits, lui qui espère contre tout, parce que, n’est-ce pas, les roses poussent bien sur les tas de fumier. Lui qui est tous ceux-là et qui est seulement journaliste.» (in Mesmar Djeha, dernier billet de Saïd Mekbel avant sa mort.) Nous rasions les murs, et quelques fois les bois avec les patriotes, la témérité nous l’avions vécue tout comme les peurs de son ombre. Aujourd’hui, que tout cela est passé que nous sommes fourbus, de courage et de chocottes, nous nous disons que le cauchemar vécu avait fait son temps, ne serait-il pas celui des lauriers, du repos, qui est venu ? Oh que nenni, ni celui des lauriers, ni des distinctions ne sont au programme. Mais cette journée nationale de la presse que nous célébrons aujourd’hui, que signifie-t-elle dans la mémoire de tous les Algériens, que leur rappelle-t-elle, le martyrologe de cette profession qui a tant donné au pays ? Certainement, cette occasion, que le Président Bouteflika a décidé le 3 mai 2013, de « décréter le 22 octobre, Journée nationale de la presse, au même titre que les autres catégories socioprofessionnelles, en hommage à la parution, le 22 octobre 1955, du premier numéro du journal «El-Mouqawama El-Djazairia» (La résistance algérienne), organe du Front de libération nationale et de l’Armée de libération nationale. Une façon de magnifier le métier et de l’honorer mais une date si importante, si valorisante soit-elle, ne peut en aucun cas, rehausser une vocation, si elle-même n’en veut pas.
S. A. H.