Les vergers sous le spectre de la sécheresse

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Le spectre de la sécheresse étend, d’année en année, son empire et accentue son emprise. Amorcée depuis plusieurs décennies, la continentalisation du climat se poursuit inexorablement. Les rares perturbations atmosphériques qui affectent la wilaya de Bgayet et la région du Tell en général, ne donnent lieu qu’à des simulacres de pluie. Les effets pervers de cette disette hydrique prolongée sont potentialisés par une hausse sensible du mercure. Conséquence, le parc arboricole et le patrimoine faunistique dans son ensemble accusent sérieusement le coup. Les vergers peinent à résister et, à long terme, c’est leur survie qui est menacée. Les plus vulnérables voient déjà leur peuplement s’amenuiser au fil des ans, à l’image des figueraies dont les parcours sont estropiés. «Depuis que les pluies sont devenues si rares, il ne se passe pratiquement plus une seule année sans voir disparaitre un ou deux spécimens. L’avenir inspire beaucoup d’inquiétude», s’alarme un fellah de la région de Tazmalt. «De toutes les façons, les vieux troncs sont appelés à disparaitre un jour, mais ils ne pourront plus se régénérer naturellement, faute d’un apport suffisant en pluviométrie», renchérit un autre exploitant de M’cisna, dans la daïra de Seddouk. Même le nec plus ultra des végétaux, en l’occurrence l’olivier, ne sort pas indemne de cet aléas climatique hostile. Réputé pour sa rusticité et une longévité hors du commun, cet arbre peine à s’épanouir. Généreusement abreuvé par le passé ce patrimoine ancestral est aujourd’hui mis à rude épreuve. «L’eau est un élément vital, un facteur-clé de production. Sans sa disponibilité en quantité suffisante, on ne peut ni planter, ni greffer l’oléastre», explique un oléiculteur de Chellata, en prédisant de sombres lendemains pour cette filière. Autre espèce végétale à faire les frais des soubresauts climatiques : le frêne. Dans les plaines de la vallée de la Soummam, le dépérissement des peuplements de cet arbre-symbole a tendance à s’amplifier. Soumis à un échaudage prolongé les jeunes plants meurent par dessiccation. D’autres contingents sont régulièrement rayés de la carte par les incendies à répétition. Le laurier rose connait le même sort. Cet arbuste qui colonisait à foison le lit majeur de l’Oued Soummam, a pratiquement déserté son biotope. Désormais, sa présence est cantonnée aux bassins de certains ruisseaux, où le potentiel hygrométrique permet son épanouissement. Il va sans dire que ces disparitions en cascade portent un coup dur à la biodiversité et risquent d’impacter significativement le fonctionnement des écosystèmes.

N. Maouche

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