«Il y a des progrès, nous le reconnaissons»

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En perspective de la session de décembre, qui sera consacrée au secteur de la santé publique, la commission santé, environnement et hygiène de l’APW de Tizi-Ouzou a invité, hier, le directeur général du CHU Neddir Mohamed, Pr Abbès Ziri pour une séance de travail.

En compagnie de la secrétaire générale, Aïd Nadia, le professeur a présenté un exposé précis sur ce qu’est le CHU, sur ses activités et ses projets d’avenir. Le président de la commission santé de l’APW dira : «Nous avons déjà entamé le processus de réunion avec le directeur de la santé publique, les directeur des EPH, des EHS et des EPSP. Aujourd’hui, c’est le directeur général qui est invité à nous parler de l’état de son établissement. Nous allons bien sûr terminer ce cycle de réunions par l’invitation de tous les intervenants, et pour finir, nous effectuerons des sorties sur le terrain pour évaluer la situation et interpeller sur les manques et les défaillances répertoriés. En tant qu’élus, notre cheval de bataille c’est inévitablement les services des urgences, l’oncologie et les évacuations. Le professeur Ziri est le mieux placé pour nous parler davantage de son établissement, le plus important de la wilaya, voire du pays, des contraintes, des entraves mais aussi des acquis et des projets en vue pour atteindre l’objectif suprême qui est de garantir une prise en charge efficiente et rapide aux malades». Le professeur Abbes Ziri, après avoir remercié la commission santé et l’APW qui accordent une attention particulière au secteur de la santé publique en générale et au CHU en particulier, exposera en détails tout ce qui a trait au fonctionnement et aux perspectives attendues par toute la population de la wilaya, voire des wilayas limitrophes : «Notre établissement est très important de par ses nombreuses et intenses activités. Une journée entière ne suffirait pas pour aborder tous les volets concernant le CHU. Rien que le pavillon des urgences, de par son dynamisme en continu et ininterrompu, constitue un hôpital dans un hôpital». Le professeur insistera sur le tri des malades en amont : «Le tri des malades doit se faire en amont tout en respectant la procédure hiérarchique. L’EPSP doit d’abord orienter son malade vers l’EPH et à partir de là si le médecin juge qu’il faut orienter vers le CHU c’est bon. Mais l’orientation systématique vers le CHU est inadmissible. Le DSP a d’ailleurs envoyé une directive dans ce sens à l’EPSP. Une mesure qui pourra aider à éradiquer l’étouffement et la saturation de notre service. Parfois nos médecins examinent dans un même lieu et au même moment 6 malades à la fois. C’est intenable. Le service ne compte que 12 lits, alors que nous recevons 40 à 45 malades. C’est pourquoi nous avons recours à tout, l’essentiel c’est de prendre en charge l’urgence et de sauver le patient. Au sujet des médicaments et depuis deux ans, nous n’en manquons pas. Les crises, les ruptures et les pénuries sont un mauvais souvenir». Le professeur annoncera aussi que son établissement a acquis plein de nouveaux équipements : «Nous avons acquis du matériel de haute technologie comme l’écho-cœur, la radio numérique et le scanner mais le nombre de clichés dépasse les 600/jour et le nombre de scanner dépasse 40/jour, c’est surexploité. Nous avons aussi dégagé un service pour la biologie, tout est fait sur place et cela nous fait gagner du temps».

L’alimentation des malades et l’hygiène sont améliorées mais…

Le directeur de l’hôpital informera : «Malgré tous nos efforts pour améliorer l’alimentation des malades et de l’hygiène générale, cela demeure insuffisant car les familles et les citoyens enfreignent la réglementation. Ils font passer de la nourriture en cachette et cela ne nous aide pas et n’aide pas à la prise en charge correcte des malades. Au lieu de nous interpeller, certaines familles font appel au plan B qui n’est ni dans l’intérêt du malade ni dans l’intérêt de notre établissement. Au niveau des urgences, il y a parfois des dérapages, les gens ne comprennent pas que c’est au médecin de décider de l’hospitalisation ou de la sortie du malade. Les visites excessives et des malades qui se font accompagner par plusieurs membres de leurs familles et amis gênent le bon fonctionnement de l’hôpital». Se penchant sur les multiples activités du CHU, le professeur Ziri assurera : «Toutes les spécialités médicales sont assurées. Aux urgences, il y a même un service de réanimation avec 2 lits, mais malheureusement, le problème de l’exiguïté revient toujours. Les urgences de médecine sont assurées et la pharmacie opérationnelle H24». Pour marquer en lettre grasses l’amélioration des dernières temps, le professeur signalera : «Avant, au niveau des urgences de chirurgie, on assurait 2 opérations par semaine. Certains de l’ancienne équipe étaient là pour bloquer et recruter par la suite des malades au profit du privé. Depuis que nous sommes là un nouveau chef a été installé, on ne se plaint plus de ce service. Aujourd’hui, 40 à 45 malades passent par semaine dans ce service. Le saut est qualitatif et quantitatif. La stabilité et la sérénité ont été retrouvées grâce à l’engagement de la nouvelle équipe». Au sujet des nouveaux équipements, le directeur affirmera : «Nous venons de lancer un marché pour l’acquisition d’une 2ème colonne de célioscopie pour 17 millions de dinars».

Le pelvis-trainer volé, la fausse note de l’exposé

Abordant le service d’urologie, le directeur regrettera : «Le service a été bloqué pendant une certaine période, le chef de service a d’ailleurs été suspendu. Il a été repris mais pas en tant que chef de service. La monopolisation de la greffe rénale et la formation des chirurgiens n’a pas été assurée. Nous avons donc sollicité le ministre de la Santé pour nommer un nouveau professeur et actuellement un nouveau listing des malades à greffer est établi et beaucoup de malades ont été évacués. De 3 à 4 actes par semaine on est passé à 30, 40 malades par semaine. Les opérations de greffe rénale ont aussi repris, nous sommes d’ailleurs à la 3ème greffe rénale. Une jeune équipe armée de volonté et de courage a repris les choses en main». Le directeur révélera : «Le pelvis-trainer, un matériel qui coûte très cher, a été volé et d’ailleurs une plainte a été déposée». Au sujet de la prise en charge des AVC, le professeur indiquera que sur 24 malades 22 ont été récupérés. Toujours au service des urgences, le professeur Ziri notera : «En 2014, le service a assuré 98000 consultations et en 2015 le chiffre est passé à 100 000 consultations. Pour éviter la saturation et les retards dans la prise en charge des malades, le directeur envisage : «A court terme, nous allons externaliser les urgences de médecine vers la polyclinique de la nouvelle ville. Pour les besoins du scanner, nous allons mettre à contribution une ambulance». Pour le long terme, le professeur annoncera une nouvelle qui fera beaucoup d’heureux.

Un nouveau service des urgences déjà en construction, la bonne nouvelle

«Un nouveau pavillon des urgences est déjà en construction au niveau du côté bas du CHU donnant sur la RN12. Un projet en trois blocs dont le plus important en R+6. Ce projet de 395 millions de dinars sera normalement livré dans 18 mois. Une entreprise de catégorie 7 est déjà sur le chantier, nous espérons que les délais seront respectés. Ce pavillon sera bien sûr doté de toutes les commodités. L’actuel service sera dédié à une autre activité médicale». Pour les urgences de pédiatrie, Ziri annoncera : «Une radio numérisée est acquise et sera mise en service incessamment. Les urgences de Néo-Nat spécialisées sont lancées depuis avant-hier. 8 cas urgents ont été consultés dès la première journée». Concernant le sang, le professeur se montrera rassurant : «Nous n’avons plus de problème de sang». En oncologie, le premier responsable du CHU reconnaitra : «Le travail qui se fait au CHU est excellent. Il nous manque juste la radiothérapie qui sera lancée au premier trimestre 2017. La chimio se fait à raison de 60 malades/jour». Abbès Ziri terminera son intervention en disant : «Le nouveau CAC de Draâ Ben Khedda fait partie du CHU et son équipement est en cours. Le centre de transfusion sanguine sera inauguré incessamment, le centre de désintoxication aussi. De nouveaux services seront ouverts et la greffe de la moelle osseuse sera lancée au premier trimestre 2017. C’est comprendre que les efforts fournis sont titanesque. L’objectif est uniquement d’assurer des soins efficients et rapides aux malades». Pour terminer un débat s’en est suivi avec les élus de l’APW dans toute la sérénité puisque les objectifs des uns et des autres se rejoignent : être au service des malades. «Nous reconnaissons qu’il ya des progrès et une meilleure prise en charge des malades au niveau du CHU. Avec la concrétisation de tous les projets en cours et ceux à venir, la situation s’améliorera j’en suis convaincu», reconnaitra le président de la commission santé, hygiène et environnement de l’APW de Tizi-Ouzou. Pour sa part, le P/APW, M. Klalèche, dira : «Le CHU est saturé, il est devenu un hôpital régional. Tous les efforts déployés par le directeur, le staff administratif, médical, et paramédical, et tout le personnel sont à saluer. Mais pour plus d’efficacité et de rendement, nous demandons le dégel des projet inscrits à l’indicatif de la wilaya, les 7 EPH et le nouveau CHU de 500 lits».

Hocine Taib

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