Panique chez les éleveurs de bovins

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C'est la panique et le branle-bas de combat chez les éleveurs de bovins de la commune d'Aghbalou, notamment chez ceux qui possèdent des bêtes en transhumance au niveau des pâturages collectifs, après un constat de rage sur deux vaches adultes et deux taurillons.

Cette zoonose mortelle et contagieuse a été dépistée le 27 et 28 octobre derniers et deux vaches ont été immédiatement abattues et enterrées avec l’enfouissement des cadavres recouverts de chaux et de grésil : méthode d’usage pour réduire les risques de contaminations. Un rapport vétérinaire, constatant ce cas, a été transmis à la direction des services de l’agriculture, par le biais de la subdivision agricole de M’chedallah, mais, malheureusement, les praticiens de la santé animale chargés de cette opération, se sont contentés d’annexer à leur rapport un descriptif de la maladie, sans que des prélèvements, qui consistent à saisir la tête de l’animal malade et la transmettre au laboratoire de Draa Ben Khedda pour analyses, ne soient effectués, et ce, en raison de l’absence d’un matériel médical adéquat, notamment des glacières grand volume, nous apprend-t-on. Les deux autres cas sont des veaux qui ont été dépistés ce week-end dont l’un d’eux, toujours vivant mais condamné, a été isolé du troupeau, selon une praticienne de la santé animale. Au niveau de cette commune, la vétérinaire privée qui a diagnostiqué cette épidémie de rage chez deux éleveurs de bovins dira que : «tous les symptômes de la rage se sont manifestés sur ces bêtes atteintes : une forte agitation, une intense salivation et écoulement de bave, une démarche déséquilibrée, et enfin une paralysie totale de la malheureuse bête en phase finale». Le maire de cette municipalité est aussi extrêmement inquiet du fait que chacun des troupeaux, où ont été dépistés ces cas de rage, compte plus de 40 têtes et la mesure réglementaire, dans ce cas de figure, est la mise en quarantaine obligatoire de la totalité du troupeau. En effet, ce cheptel doit être gardé en enclos et ne doit le quitter en aucun cas. Toutefois, aucun des éleveurs ne peut nourrir autant de vaches durant ce confinement, sachant que la mise en quarantaine est d’une durée minimale de trois mois. Après cet isolement, intervient la phase de séquestration qui s’étale sur une année, période durant laquelle les bêtes doivent être gardées enfermées et soumises à une surveillance et contrôle quotidiens. Il convient également de préciser qu’au cours de cette période, il est formellement interdit de vendre ou de céder ces bêtes. Les malheureux éleveurs sont actuellement confrontés à un dilemme, car ne pouvant pas faire face aux frais engendrés par la nourriture de leurs troupeaux durant toute cette période, d’autant plus qu’en pleine montagne, et avec l’arrivée de l’hiver et des neiges, il est quasiment impossible de nourrir les bêtes sur place. Ce sont près d’une centaine de têtes qui sont, ainsi, condamnées à mourir de faim pour celles qui ne seront pas terrassées par la rage. La vétérinaire, exerçant à Takerboust et suivant de près ce dossier, est catégorique, «le virus de la rage a été transmis par des chiens errants, véritable facteur de la transmission de la maladie, qui déambulent en toute liberté parmi ces vaches dans les pâturages collectifs», déclare-t-elle, tout en souhaitant une urgente campagne d’abattage pour réduire les risques de contamination à grande échelle. Nous apprendrons, par ailleurs, que cette zoonose s’est manifestée après la campagne des vaccinations du cheptel bovin dont la gamme est composée de vaccins antirabiques et celui de l’anti-clavelée. Ce cas n’est pas sans interpeller les services de la DSA pour neutraliser ce foudroyant virus et éviter une lente et atroce mort à ces vaches, d’autant plus qu’il est transmissible à l’homme et constitue, par conséquent, une inquiétante menace sur la santé publique.

Oulaid Soualah

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