Si dans les grandes villes, les gens parlent de la grippe aviaire, dans les villages de Kabylie, le sujet est à peine abordé : par la télévision ou la radio, on sait que le mal, qui a d’abord contaminé l’Asie et quelques pays d’Europe, a atteint l’Afrique. Mais le Nigeria est loin, la Turquie et l’Indonésie aussi, alors pourquoi se casser la tête ? on a d’autres soucis, d’autres problèmes que l’on croit plus importants ! Les vieilles personnes, elles, se rappellent, quand on leur parle de la grippe aviaire, des épizooties du passé : dans la vallée de la Soummam, par exemple, on évoque, à propos des poulets, une terrible maladie, appelée ici tantani, qui a sévi dans les années 1930, peut-être la peste aviaire et qui a décimé les élevages de poulets et qui aurait même causé des pertes humaines, sans oublier la fièvre aphteuse, dont sont victimes les ovins… Pourtant les campagnes sont encore plus exposées que les villes, les poules élevées dans les maisons, n’étant pas enfermées dans des poulaillers, vont et viennent librement : c’est dire qu’elles peuvent entrer en contact avec les oiseaux sauvages, qui peuvent être porteurs du virus. Mais il n’y a pas que cela : depuis quelques années, des poulaillers ont poussé un peu partout, produisant poulets et œufs, parfois au milieu des villages. Il n’est pas sûr que la viande produite soit soumise à un contrôle vigoureux, quant aux conditions d’hygiène, elles laissent vraiment à désirer : il suffit de renifler du côté des installations pour s’en faire une idée ! Alors, minimiser le danger…
S. Aït Larba
