«On doit élever le niveau du débat»

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«Les réformes économiques sont inévitables pour notre pays si on veut éviter le recours à l’endettement auprès du FMI», a plaidé Amara Benyounès, secrétaire général du MPA, hier dans son discours inaugural lors du pré congrès régional des wilayas de l’Est à Constantine.

La rencontre qui a vu la participation de plus de 1000 personnes issues de 14 wilayas a été l’occasion pour l’ancien ministre du Commerce de commenter l’actualité du pays. Partisan du respect des institutions de l’état élues, il rappellera d’emblée que sa formation est contre cette mouvance qui plaide pour «une période de transition». «Ces gens- là réclament en fait un renversement de l’état, et on sait où cela pourrait mener le pays. Le peuple algérien est suffisamment mature pour éviter une telle catastrophe. Personne ne veut revivre les douloureuses années quatre-vingt-dix», lancera-t-il. Il fera par contre une véritable plaidoirie pour «une opposition forte qui pérennisera une démocratie forte. L’absence d’une opposition est un danger permanent pour la démocratie (…). Mais la démocratie ce n’est pas de réclamer une transition. On pourrait parler de transition dans un pays qui n’a pas de Président, qui n’a pas d’institutions ni de gouvernement. Ce n’est pas le cas de l’Algérie heureusement», dira-t-il, en ajoutant : «Que signifie la période de transition dont parlent certains ? Cela signifie la destitution du Président, et qui le fera ? L’armée ! Cela serait alors un coup d’état contre le Président Bouteflika. Et la semaine passée, l’armée a répondu clairement à cette question. Notre armée est constitutionnelle et respecte les lois de la République. Le président, qu’on le veuille ou non, reste le premier responsable de cette institution». «Celui qui veut être Président doit patienter et passer par le peuple algérien», appuiera-t-il. Revenant sur les préparatifs de son parti aux échéances électorales de 2017, M. Benyounès a vivement insisté auprès de ses militants pour mener une campagne propre. «La consigne que nous donnons à nos militants est que notre campagne, pour les législatifs prochaines, soit propre.

«Une période de transition, c’est pour un pays qui n’a pas de président élu ni d’institutions… Ce n’est pas le cas de l’Algérie»

Il faut élever le niveau du débat. Il faut se concentrer sur les préoccupations du peuple algérien. En tant que MPA, nous devons apporter des propositions et des solutions pour le peuple, pour une sortie de crise. Notre but en tant que parti politique est d’améliorer le niveau de vie du peuple algérien et non faire de la propagande, la polémique ou l’insulte entre responsables politiques», dira-t-il encore. M. Benyounès a donné rendez-vous en 2017 pour ceux qui veulent devenir députés, maires ou élus de wilayas, tout en invitant ceux qui espèrent devenir Président à patienter jusqu’à 2019. Le secrétaire général du MPA a rappelé que le changement vient avec le processus démocratique du vote. «Le changement vient avec le vote, que ce soit pour ou contre ce régime, on n’a pas d’autre alternative. La violence, on l’a dépassée», martèlera-t-il. Dans le même sillage, en évoquant le sujet de la fraude électorale, M. Benyounès dira qu’il faut avoir confiance en les institutions de l’état. «Certains responsables politiques parlent déjà de fraude électorale. Si j’étais convaincu que ces élections seront truquées, pour ma part, je n’irais pas participer», soulignera-t-il, en précisant que «la crédibilité des élections et leur légitimité, c’est le taux de participation qui va les confirmer». Par ailleurs, dans le volet économique, M. Benyounès a abordé le système des subventions qui, selon lui, doit être «revu et ciblé». Il a surtout plaidé pour ne rien cacher aux Algériens. «La situation sur le plan économique est dure mais on doit faire les sacrifices nécessaires pour la dépasser. Il faut accepter les réformes sinon le pays sera contraint de devenir l’otage du FMI. C’est difficile mais la souveraineté du pays mérite de subir ces efforts pour éviter l’endettement», expliquera-t-il. Pour terminer, M. Benyounès a donné rendez-vous aux militants et cadres de son parti pour le congrès national fixé pour rappel, aux 1, 2 et 3 décembre prochain. Il fera également, à l’occasion, part du slogan retenu pour la circonstance, à savoir «Pour une démocratie apaisée».

Kamela Haddoum.

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