Développer le tourisme à tout prix

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La délégation du forum des chefs d’entreprises de Béjaïa a organisé, jeudi dernier au campus d’Aboudaou, la cinquième édition de ses rendez-vous économiques pour l’année en cours.

Placée sous le thème «Le tourisme, vecteur de développement local», cette rencontre a vu l’intervention de plusieurs spécialistes du secteur qui ont communiqué autour du tourisme avec ses différentes facettes et les moyens de le développer localement à l’instar de certains pays, moins gâtés par dame nature, mais qui ont fait des pas de géant dans le domaine. Bien entendu, qui dit tourisme dit systématiquement hôtellerie. Et l’hôtellerie, de nos jours, c’est d’abord l’accueil. C’est ainsi que les orateurs ont parlé de l’accueil autour du cérémonial du thé, des petits gâteaux faits maison qui ne reviennent pas chers mais peuvent fidéliser les clients. Il est utile de valoriser la gastronomie locale et le cas du nouvel hôtel «La gazelle d’or» d’El Oued, appartenant à l’homme d’affaires Djilali Mehri, a été cité en exemple. Comme le font les Marocains en optant pour la cuisine traditionnelle en utilisant également sa propre poterie, la région de Béjaïa doit commencer par valoriser l’artisanat. D’autant plus qu’elle compte plus d’un millier et demi d’artisans. Il ne faut pas oublier que l’hygiène doit être de rigueur pour se positionner à un niveau de service de classe internationale pour passer de l’accueil vers l’hospitalité, tout en offrant une culture d’expérience dans toutes ses dimensions. L’écotourisme, un concept développé au Canada, au même titre que l’écomusée, également développé au Canada, ont été au centre des débats de cette journée d’étude. Les différents exemples de réussite cités dans le domaine du mariage du tourisme avec la culture, peuvent être une inspiration dans le but de parvenir à démontrer comment une culture peut-être mise en valeur pour peu qu’il y ait une volonté politique. Docteur Bensadek, enseignante à l’école nationale supérieure du tourisme (ENST), a cité le cas de Djebla, dans la commune de Béni K’sila, sur la côte Ouest. Car, aujourd’hui, le touriste veut découvrir l’autre, celui qui le reçoit avec sa culture et sa cuisine. Djebla est un cas d’école. «Je l’enseigne à mes étudiants», dira-t-elle. Elle a plaidé aussi pour l’enseignement des langues étrangères : l’anglais et l’espagnol notamment. Il y a un manque terrible de guides en Algérie. Elle a, également, parlé de la tapisserie d’Aït-Smaïl, commune rurale de l’Est de la wilaya de Béjaïa. Mme Taleb, enseignante à l’université de Béjaïa, a insisté, dans son intervention, sur la nécessité de valoriser les territoires et les populations locales car, pour elle, «on ne peut pas parler de tourisme sans parler de l’artisanat». En matière de tourisme, le directeur de la formation professionnelle dira que «plusieurs formations sont proposées», tout en faisant savoir que la nomenclature des métiers est actualisée tous les trois ans. «Mais s’il n’y a pas de besoins chiffrés, on ne peut pas le savoir», soulignera-t-il. Cela peut se développer dans le cadre d’un partenariat. «À Aokas, on commence à se spécialiser dans la formation hôtelière mais en dehors de la bijouterie, on ne reçoit pas de demandes. C’est le cas aussi de la céramique, du métier à tisser, tissage traditionnelle, la ferronnerie d’art», dira-t-il en conclusion. De son côté, le chargé des investissements au ministère du Tourisme a déclaré que leur département insiste sur l’aspect architectural local. Il citera l’exemple de Timimoune. Le cas des zones d’expansion touristique qui ne sont jamais achevées a été posé. En intervenant, M. Bouchekhchoukh, directeur de l’Artisanat à Béjaïa, a déploré le fait que la maison de l’artisanat soit excentrée. «Pourquoi ne pas créer ou prévoir au niveau des ZET des villages de l’artisanat ? Pourquoi ne pas réserver 10% du travail au niveau des établissements hôteliers en construction aux artisans locaux ? On peut réaliser des tapis, pas nécessairement d’Aït-Hichem, qui eux, peuvent servir de décoration dans les salons ou à l’entrée des hôtels. Mais au niveau des chambres, on pourrait mettre des tapis de moindre qualité mais de fabrication algérienne», avait-il mis en exergue. En tentant de faire un bilan de cette rencontre et des différentes interventions, il en ressort qu’il n’y a aucune cohésion entre les différents acteurs qui peuvent contribuer au développement du secteur du tourisme lequel souffre du manque d’organisation.

A Gana

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