Des promesses sans suites

Partager

Les habitants du village d'El Kelaâ continuent d'endurer les pires conditions de vie à cause de multiples carences.

Ce beau village, perché à 1200 mètres d’altitude, est situé à 25 kms du chef-lieu communal. Il est joignable par une route sinueuse, délabrée et en proie aux éboulements et aux affaissements qui risquent, à chaque fois, de survenir et bloquer carrément les quelques 400 habitants qui ont encore le courage de vivre dans le village de leurs ancêtres. L’histoire de cette localité, qui fut la capitale du royaume des Ath Abbas, de 1510 à 1871, retient qu’aux années 1950, avant le déclenchement de la guerre de libération nationale, la population qui y vivait était estimée à 7000 âmes. Ce fut une véritable ville, nichée sur un immense rocher en plein « ébullition » économique, tant il y avait des fabriques et de l’industrie artisanale. Aujourd’hui, de cette époque de faste il n’en reste que de bons souvenirs entrecoupés d’épisodes douloureux, comme l’insurrection de 1871 qui a mis fin à ce royaume qui faisait trembler les Turcs durant leur régence. Actuellement, ce village souffre de multiples insuffisances flagrantes dans tout ce qui a trait à l’aménagement urbain, le transport, l’eau potable, la santé et les loisirs. Beaucoup de promesses ont été données par les pouvoirs publics afin d’améliorer le quotidien des habitants et de revaloriser ce site historique, en réhabilitant toutes les bâtisses patrimoniales et les maisons traditionnelles qui ont plusieurs siècles d’âge. Hélas, à ce jour, rien n’a été entrepris sérieusement pour sortir cette ancienne capitale des Ath Abbas de son marasme qui n’a que trop duré. A l’approche de l’hiver, les Kelaâouis se tiennent le ventre rien qu’en pensant aux chutes de neige, parce qu’ils savent pertinemment que cela les bloquera chez eux durant des jours entiers, et ce, sans chauffage. Le chemin qui dessert ce village se trouve dans un état chaotique, et le projet de la réalisation d’un nouveau tracé pour contourner ce chemin vétuste, construit par le génie militaire français vers la fin du 19e siècle, ne voit pas encore le jour au grand dam des villageois. Le ramassage des ordures ménagères est devenu un énorme problème dans cette belle contrée entourée de pineraies. Les détritus sont jetés dans les profonds précipices, en polluant une nature d’une beauté exceptionnelle. L’assainissement accuse des manques, de même que l’eau potable qui n’est présente sur le réseau de distribution que rarement. Ce problème dure depuis des lustres sans trouver de solution. Le transport de voyageurs y est inexistant. Les lieux de loisirs brillent aussi par leur absence. Un beau village comme El Kelaâ aurait servi, sous d’autres cieux, d’un haut lieu de tourisme de renommée, tant il regorge de sites pittoresques et historiques. Plusieurs rencontres et manifestations ont eu lieu par le passé dans le but d’apporter le dynamisme à ce village et lui redorer son blason, mais sans aucun effet réel sur le terrain. Les Kelaâoui attendent que l’on daigne enfin concrétiser les promesses jusque-là non tenues.

Syphax Y.

Partager