Qui se souvient du premier martyr du village ?

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Tafoughalt, relevant de la commune d’Ait Yahia Moussa, a perdu 156 de ses enfants durant la guerre de libération. En effet, selon les anciens moudjahidines, ce village fut le berceau du mouvement national. « Des Moudjahidine venaient de M’Kira, d’Ait Yahia Moussa, de partout, Même le colonel Ali Mellah y séjourna plusieurs fois chez nous avant le déclenchement de la guerre de libération nationale. On changeait chaque jour le lieu de nos réunions», se souvient encore l’un de ces anciens moudjahidines. Et de poursuivre: «j’étais encore jeune, mais j’assistais aux réunions des premiers éléments de la cellule du PPA/MTLD. Je vous citerai, entre autres, Belmahdi Mohamed, Salemkour Djemaâ, Djebarra Lounès, Meddour Rabahn Mohamed Belaouche et bien d’autres. Ils se réunissaient dans la clandestinité de peur d’être dénoncés». D’ailleurs, le groupe de Tafoughalt participa au déclenchement de la guerre de libération nationale dans la nuit du trente et un octobre au premier novembre à Draâ El-Mizan, en tuant un gardien qui les poursuivait alors qu’ils avaient seulement l’intention de tirer en direction de la brigade de gendarmerie coloniale. D’autres éléments étaient envoyés à Blida pour mener des actions contre les intérêts coloniaux. Quelques jours après, d’autres jeunes rejoignirent les rangs des premiers maquisards et le village se vidait peu à peu de ses hommes. L’un d’eux était âgé d’à peine 19 ans. Il s’agissait de Mohamed Mechai. On raconte dans ce village qu’il était le plus courageux de tous. Dénoncé par un harki alors qu’il était à Assif N’Chakour, il fut encerclé par des centaines de militaires et cinq avions de chasse. «J’étais encore enfant. Ma mère me racontait qu’en dépit de toutes les offres que lui firent les soldats français, il ne se rendit pas. Il leur tint tête jusqu’au moment où il fut atteint par un obus. Puis, les représailles commencèrent», nous raconte Ali, son frère. D’autres témoignages au sujet de ce jeune maquisard démontrent sa bravoure et son amour pour le pays. «Que vive l’Algérie ! Allah Akbar!», lançait-il en direction des militaires qui lui proposaient de déposer son arme. D’autres nous diront qu’il leur avait tenu tête durant presque toute la journée. Mohamed Mechai tomba le 27 novembre 1954, soit à peine un mois après le déclenchement de la révolution. D’autres engagés dans le mouvement continuèrent le combat jusqu’à l’indépendance. Son père tomba lui aussi au champ d’honneur. Qui se souvient de ce jeune martyr? Ne faudra-t-il pas qu’un jour les membres de l’ONM locale d’Ait Yahia Moussa lui rendent hommage en baptisant un édifice public de son nom? C’est ce qu’attendent sa famille et les habitants du village qui gardent encore l’image de ce vaillant garçon ravi à la vie à la fleur d’âge pour que l’Algérie vive libre et indépendante.

A. O.

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