Les cours d’eau de la région d’El Kseur, du moins ce qui en reste, sont ostensiblement souillés par les margines. En effet, nul besoin d’être expert pour se rendre compte de cette pollution saisonnière, tant elle est patente. L’indice révélateur est cette vilaine coloration noirâtre, à laquelle vire le milieu acquière en cette période d’olivaison, pendant laquelle les huileries tournent à fond de train. «Comme si la grave sécheresse qui sévit et les rejets de toutes natures empoisonnant ces cours d’eau ne suffisaient pas, voila qu’on évacue, sans scrupule et en toute impunité, ces résidus d’olives», s’offusque un citoyen du village Bouthelou. Même si, convient-on, la toxicité de ces margines n’est pas formellement établie, il n’en demeure pas moins que leur caractère encombrant est fortement incommodant pour le milieu récepteur. «C’est un composé organique qui ne décante pas, ou si peu. Néanmoins, il est une source potentielle d’altération du milieu, dont il perturbe considérablement l’équilibre et gêne l’évolution des espèces faunistiques et floristiques qui y vivent», explique un ingénieur en génie de l’environnement de la région. Il va de soi que l’exploitation des établissements saisonniers que sont les huileries, est soumise à un cahier des charges. «L’une des disposition de ce texte fait obligation aux exploitants de doter leurs unités de bassins de décantation, pour traiter les eaux résiduaires issues de la trituration. Ces installations existent sans nul doute, mais elles sont rarement fonctionnelles», explique notre interlocuteur. Contacté par nos soins, le gérant d’une huilerie située au nord de la ville d’El Kseur, se défend mordicus de déverser des margines dans la nature. «Nous exerçons dans la légalité la plus parfaite et dans le strict respect des textes en vigueur», clame-t-il tout de go. Il va même plus loin en revendiquant d’être un ardent défenseur de l’environnement. «La sauvegarde et la préservation de la nature nous concerne tous, et j’en fais l’une de mes préoccupations permanentes», assène-t-il. Signalons d’autre part, que les grignons issus du procédé de trituration des olives, sont disséminés dans la nature, avec autant d’insouciance que de désinvolture.
N Maouche
