La commune de Taghzout est issue du découpage de 1984 qui s’étale sur 45 kilomètres carrés et se trouve à un carrefour stratégique, avec au nord, les frontières de la wilaya de Tizi-Ouzou, à l’Est, la commune de Haïzer, à l’ouest, Aït Laâziz et au Sud-ouest, la commune de Bouira. Une commune très attirante de par son paysage de carte postale recelant d’immenses potentialités dans le secteur du tourisme et également dans l’agriculture, mais… M. Chaâbane Chaouche Messaoud, maire d’obédience FLN, brosse un tableau exhaustif de la situation de sa commune.
La Dépêche de Kabylie : Votre commune peine à se distinguer malgré d’immenses potentialités touristiques. Pourquoi selon vous ?
M. Chaâbane Chaouche Messaoud : Dans le domaine du tourisme, nous avons reçu une demande d’investissement pour la forêt de Tafarka. Des promesses avaient été faites par l’ancien wali, et le nouveau wali, à qui nous souhaitons bonne chance, a exprimé sa disponibilité pour aider tous les vrais investisseurs. Ce projet consiste en la réalisation d’une forêt récréative avec les commodités nécessaires, pour recevoir les familles. Cela va apporter un plus pour Taghzout et beaucoup de postes d’emploi directs et indirects seront créés, car le taux de chômage dans la commune est assez important. A souligner également que la zone d’activités de Taghzout n’a pas encore démarré comme on l’aurait souhaité, et ce malgré les 27 lots dont elle dispose. Il n’y a que deux ou trois projets implantés qui sont en phase d’exploitation, dont «Pigma Color». Nous sommes actuellement en justice pour récupérer des assiettes foncières avant de les réattribuer à de véritables investisseurs qui ont des projets solides pour la région. Les investisseurs qui sont en phase d’exploitation ont permis d’absorber, un tant soit peu, le chômage, mais hélas, ça reste insuffisant. Les jeunes demandeurs d’emploi m’ont interpellé sur une situation déplorable qui sévit dans la région. Ces chômeurs, lorsqu’ils postulent pour un job en dehors de leur commune, ils sont confrontés à des propos peu amènes. Par exemple, au niveau de la zone industrielle d’Oued El Berdi, on répond aux jeunes en quête d’un emploi que «la priorité au recrutement est pour les jeunes résidents à Oued El Berdi». C’est une mentalité qu’il faut impérativement bannir. Nous sommes tous des Algériens et nous ne devrons pas inculquer cette ségrégation aux générations futures. Je trouve cela déplorable !
Où en est le programme de développement local dans votre commune ?
La commune de Taghzout est composée de 17 villages épars. Certains se trouvent dans les plaines et d’autres sont perchés à plus de 1000 mètres d’altitude. Pour ces derniers, il faut souligner que les conditions sont rudes et les citoyens qui y vivent sont confrontés aux aléas climatiques. D’ailleurs, 5 villages ne sont toujours pas raccordés au réseau du gaz naturel, même si le projet de raccordement au gaz est inscrit dans le cadre du programme complémentaire, mais avec les restrictions budgétaires, ce ne sera pas facile de le réaliser dans l’immédiat. La commune enregistre 14 écoles primaires, pour lesquelles nous avons dépensé beaucoup d’argent pour les rénover et accueillir dans de bonnes conditions les élèves. Nous avons 4 CEM et un lycée. Le transport scolaire est assuré à 100% et croyez-moi, ce n’est pas une mince affaire, lorsque les villages sont autant éloignés des établissements scolaires. Il y a heureusement les subventions de l’Etat avec les 5 bus de l’APC et avec des conventions que nous avons signées avec des transporteurs privés. Les cantines scolaires sont opérationnelles à hauteur de 90%. Il ne nous reste qu’une seule école, celle de Kaf Oârkouv, ayant 18 élèves, qui n’a pas pu ouvrir en raison du faible effectif d’enfants. De même, les infrastructures de jeunesse sont inexistantes. Nous avions un centre culturel que nous avons fermé en raison de son état de délabrement avancé. Toutefois, lors de la dernière visite du wali, nous lui avons soulevé ce problème et il s’est dit prêt à nous aider après la réalisation d’une fiche technique pour sa réhabilitation. Concernant le secteur de la santé, nous avons 4 centres de santé et une polyclinique, pour couvrir l’ensemble du territoire de la commune. Sur ces 4 centres, un, celui de Taghzout Haut, était fermé en raison de l’absence de personnel. Récemment, nous avons vu le DSP de Bouira et avons pu rouvrir ce centre la semaine dernière avec l’affectation d’un personnel médical.
La commune est située au piedmont du Djurdjura et à quelques encablures du barrage de Tilesdit alors certaines localités se retrouvent être confrontées à la crise d’eau potable. Qu’en est-il ?
Au cours de ce mandat, l’exécutif de l’APC de Taghzout s’est attelé à rénover et raccorder la quasi-totalité des villages au réseau AEP. Nous nous sommes basés essentiellement sur l’eau et nous avons éradiqué le problème qui se posait pour sa distribution. Une denrée qui était auparavant répartie de manière inégale entre les foyers et certains n’étaient même pas raccordés. Les anciennes canalisations de distribution en fonte ont été progressivement remplacées par du PHD et nous sommes actuellement à plus de 80% de réalisation de ce projet qui nous tenait à cœur. Nous avons le village de Tala Boughlal, avec près de 1000 habitants, qui souffre de ce manque d’eau, car malgré son nom, cette localité ne dispose d’aucune source conséquente pour que l’on puisse la canaliser. Nous avons fait le captage d’une petite source, mais le débit est insuffisant pour alimenter l’ensemble des foyers. Ce qui fait qu’actuellement l’eau est disponible une demi-heure tous les 9 jours. L’APC se charge d’alimenter des foyers par citernes, à défaut de disposer d’autres solutions. Nous avons fait une proposition au wali pour envisager le raccordement de ce village à la conduite principale menant du barrage de Tilesdit vers Ath Laâziz. Une étude sera faite pour examiner cette possibilité. C’est bien là la seule localité qui souffre actuellement du manque d’eau. Les autres villages sont raccordés à des sources ou à des forages. Nous n’avons pas l’eau 24H/24, mais on peut dire que sa distribution est équilibrée. L’ADE gère uniquement le chef-lieu de Taghzout ainsi que le centre de Chaâbet Brahem. Sinon c’est l’APC qui se charge de la distribution de l’eau aux autres villages. Par ailleurs, on a demandé au wali de nous aider pour l’adduction de la source Aghbalou qui alimente la majorité de Taghzout. En tout, nous avons refait à neuf un ensemble de plus de 100 kilomètres de conduites d’adduction et de distribution. Le problème de l’assainissement est également un sujet assez sensible, notamment au village Merkala qui se situe au-dessus de toutes les sources alimentant les différents villages de la commune. La source de Tiksra, située plus bas que les habitations de Merkala, risque de recevoir les infiltrations d’eaux usées de ces foyers. Nous avons fait une étude conformément aux consignes de l’ex wali, qui avait été saisi sur ce risque de contaminations, et nous en avons également informé l’actuel wali. Nous espérons que ce cas sera pris en charge rapidement dans le cadre du programme sectoriel. Nous avons agi au cours de ce mandat par ordre de priorités, à savoir le problème d’eau potable et la santé publique, car la plupart des anciennes conduites d’AEP contenaient de l’amiante.
L’année dernière, Taghzout a souffert des glissements de terrains qui ont menacé plusieurs quartiers, quelles mesures ont été adoptées ?
Le problème des glissements de terrain qui menaçaient plusieurs quartiers et villages de la commune a été pris en charge et les travaux de consolidation sont en voie d’achèvement, c’est-à-dire le traitement des zones fragilisées, avec un taux de plus de 50% de réalisation. L’Etat a débloqué une enveloppe de plus de 32 millions de dinars pour traiter ces glissements de sol. Quant à l’APC, elle a prélevé une enveloppe sur son budget et le programme sectoriel a pris en charge une partie. D’ici une vingtaine de jours, nous réceptionnerons ces projets et mettrons un terme à ce problème de glissements de terrains. Il faut savoir que Taghzout s’illustre en matière de propreté et de préservation de l’environnement, et ce, à travers l’ensemble de la commune, car l’environnement est l’une de nos préoccupations majeures. Dès notre arrivée à la tête de l’APC, nous nous sommes attelés à rendre les villages plus propres. Pour cela, je dois dire que la population a été à notre écoute et s’est rapidement impliquée dans notre programme. Les éboueurs de la municipalité sont également à saluer, pour les efforts qu’ils fournissent au quotidien. Auparavant, la collecte des ordures ménagères n’était faite qu’au chef-lieu et quelques villages limitrophes. Nous avons généralisé la collecte des ordures à l’ensemble du territoire communal et les citoyens, il faut le souligner, font preuve d’un civisme irréprochable. Nous sommes, d’ailleurs, la seule commune de la wilaya à ne pas organiser de campagnes de nettoyage, car nous entretenons quotidiennement et en permanence notre environnement. Si nous disons que notre commune est à vocation touristique, il faut au moins prouver aux visiteurs que l’environnement n’est pas agressé par des tas d’ordures et autres immondices le long des routes et à travers ces sites appelés à recevoir des touristes.
Entretien réalisé par Hafidh Bessaoudi