Relance… des restes à réaliser

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L’année 2006, coïncide avec la deuxième année du Plan de relance économique lancé par le président de la République. A Béjaïa, le temps est aux supputations, aux interrogations sur ce que cette année va apporter comme projets, au vu des moyens considérables dégagés et partant de ce qui va changer dans le quotidien des citoyens.En vérité, à Béjaïa, il ne s’agit pas tant de se lancer pour l’heure dans la réalisation de grands chantiers économiques, pour venir à bout d’un retard accumulé année sur année et dont tout le monde s’accorde à dire que seul une sorte de “new deal” pourrait remettre la wilaya sur les rails.Seulement, Béjaïa trouve un lourd passif en réalisations entamées et dont on ne voit guère le bout. Le barrage de Tichi Haf, entamé il y a un peu plus de vingt ans, en est l’exemple type. D’une importance vitale pour toute la population du couloir de La Soummam jusqu’à son embouchure, il reste toute la partie adduction d’eau à réaliser. De même, la route d’évitement bâtie sur pilotis dont les travaux lancés peinement à avancer, destinée à contourner la capitale hammadite en enjambant La Soummam pour rejoindre directement la RN 9 offre le triste spectacle d’un chantier qui avance cahin caha !Des programmes de logements qui prennent des retards relèvent de l’anecdote, le centre d’enfouissement technique des déchets ménagers et autres dont on nous dit chaque année que les études sont achevées et qu’il en est au stade de l’exécution, des infrastructures basiques inexistantes, une gare routière SDF, alors qu’il est annoncé sur un air d’Arlésienne, une gare inter modale, une voirie inefficiente, car sans gros moyens, un réseau routier arrivé depuis longtemps à saturation, un plan de circulation pas encore sorti des tiroirs de l’administration, des atteintes écologiques gravissismes et multiformes, un tourisme qui offre le triste spectacle d’un superbe gachis, des vestiges historiques qui s’écroulent par pans entiers, rongés par le temps et les hommes.Le tableau est bien sombre. Et pourtant, il ne reflète pas de manière exhaustive l’ampleur de la tâche à laquelle pouvoirs publics et élus devraient s’atteler sans attendre.2006 sera l’année de l’achèvement de ce qui a été déjà entamé ou ne sera pas. Il ne peut raisonnablement y avoir de nouvelles inscriptions de projets tant que plusieurs chantiers sont à l’arrêt. Il va falloir apporter la preuve de nos capacités à transcender problèmes et difficultés et à aller de l’avant en commençant par la réhabilitation de ce qui existe déjà ! Car notre pays n’a sûrement pas les moyens de réaliser à chaque coup, un “new brasilia”, après avoir fait table rase de ce qui offre l’immense avantage d’être et qui ne demande qu’à être réhabilité.Béjaïa souffre de l’absence de vocation clairement définie. Le citoyen en est toujours à s’interroger sur le genre d’économie qui sierait à la région. La pétrochimie ? Il faut aller voir ailleurs, surtout avec l’échec de l’implantation de la raffinerie d’El Kseur ! L’agriculture ? Que nenni puisque la wilaya importe à peu près tout ce dont elle se nourrit ! Le tourisme ? On en est encore très loin, avec un environnement certes paradisiaque mais fortement dégradé, des hôtels que personne ne veut reprendre, un autre squatté par le peuple macaque et dont la tentative d’adjudication s’est soldée pour des raisons non encore élucidées par un échec. De plus, il faudra sûrement plus que la cacophonie des troupes folkloriques pour attirer les investisseurs étrangers.La relance passe par l’implication de tous pour d’abord finir le travail commencé, apprendre à tenir les délais et élaborer des projets viables, prenant en compte les potentialités et les capacités réelles de la régie. Il ne sert en effet à rien, en cette ère de mondialisation, de réinventer le fil à couper le beurre. La rupture avec le temps où les projets étaient concoctés bien au chaud dans les ministères pour la réalisation d’usines clés en main, de dernière technologie au profit de régions exclusivement agricoles, n’est plus de mise. De plus, recourir à l’expérience étrangère n’est plus un tabou. Alors, s’il faut puiser dans ce capital, faisons-le plutôt deux fois qu’une et de grâce, messieurs les nostalgiques du “complot ourdi” la souveraineté, la nôtre n’est nullement mise en cause. On y tient, même plus que vous !Béjaïa a longtemps péché par absence de vision prospective. Les projections s’arrêtent à portée de nez et mettent à nue l’indigence manifeste de leurs concepteurs. Il y a une trentaine d’années, a été érigée en plein centre-ville, (elle ne l’était pas à l’époque), une zone industrielle! Personne en fait, n’a imaginé Bgayet débordant de son cadre historique. Le développement durable, le développement tout court ne sauraient se concevoir sans l’utilisation optimum des ressources et des énergies. Servies par une conjoncture particulièrement favorable, l’Algérie et partant Bgayet sauront sûrement répondre aux défis de l’heure et s’atteler au train des pays les plus avancés. Nous en avons les moyens. Il suffit juste de les utiliser à bon escient, là où il faut !

M. R.

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