La pratique visant à prévenir les autres usagers de la présence des forces de l’ordre sur la route par le biais d’appels de phares s’est généralisée sur les routes de la wilaya de Bejaia à telle enseigne que certains automobilistes se sentent obligés de «se solidariser» avec leurs confrères. Les conducteurs trouvent ainsi une parade d’alerter les autres automobilistes venant en sens inverse de la présence des forces de l’ordre. C’est la manière la plus traditionnelle de signaler un danger, mais surtout la présence de barrages routiers. Faire des appels de phares, appeler son collègue de travail en partance pour emprunter le même trajet… autant d’astuces pour signaler un contrôle routier et faire respecter le Code de la route. Tous les usagers de la route savent que cette attitude est vieille comme le monde. L’avertissement visuel est fait pour prévenir de la présence de gendarmes ou de policiers sur le bord de la route. Mais, le comble est que d’autres chauffards trouvent leur compte en escamotant d’être verbalisé au niveau des barrages routiers, voire se faire retirer leur permis de conduire, notamment sur la RN26 à hauteur de Remila dépendant administrativement de la commune de Sidi Aïch où les agents de la brigade de la prévention routière sont omniprésents. «Cette forme de solidarité dans le mal est synonyme de complicité envers des automobilistes peu respectueux des limites de vitesse. Par ailleurs, beaucoup d’automobilistes ignorent que cette attitude de signaler les autres automobilistes de la présence des forces de l’ordre, en cas de contrôle de routine ne fait qu’aggraver la situation, car les fous du volons ne reculent devant rien pour mettre en danger et leurs vies et celles des autres routiers. Ce comportement invétéré qui consiste à informer les autres de l’endroit des barrages inopinés de contrôles peut avoir des conséquences très graves, car cela va permettre, par exemple, à un conducteur ivre de continuer à être un danger pour les autres, à un fou de la vitesse de continuer à brûler la gomme, à un terroriste de multiplier les attentats…Ce qui mène à annihiler l’effet de surprise qui peut mettre hors d’état de nuire des individus hautement dangereux. Autant dire que cette «impolitesse citoyenne» n’est pas sans conséquence sur la vie des gens. «Faire des appels de phares à un automobiliste équivaudrait à alerter un cambrioleur de la venue des policiers. Chacun doit assumer ses responsabilités et advienne que pourra. Cela contribue donc à la délinquance routière, et ce n’est pas acceptable», souligne M’Hand, taxieur. C’est à cette fin que tout un chacun se doit d’éradiquer cette forme de «solidarité asphalteuse». La politique de lutte contre l’insécurité routière est mise à mal par cette «immoralité routière». Il faut mettre à mal cette pratique automobilistique. Par ailleurs, la législation algérienne n’a pas prévu ce genre «d’infraction». «Aucune loi n’interdit aux automobilistes de communiquer entre eux par les appels de phares», nous dira Malek, avocat de son état.
Bachir Djaider

