La cité tourne le dos à ses handicapés

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S. Ait Hamouda

Les handicapés et la ville, il y a comme une animosité entre cette catégorie et leur cité nonobstant la loi. Tizi-Ouzou, Béjaïa (voir dossier en pages 6 et 7), ou autre ville du pays restent des mégalopoles qui sont comme interdites à ces gens à mobilité réduite. Ils ne peuvent s’y mouvoir normalement. Aveugles, estropiés, en fauteuils roulants ou en béquilles, les artères du centre urbain ne leurs sont pas ouvertes, pire, ils ne peuvent les aborder sans risquer de tomber ou de sombrer dans un caniveau. Ces personnes restent confinées chez eux, plutôt que d’oser sortir sur la voie publique et tenter le diable. Ceci pour leurs déplacements, quant à leur vie sociale, là c’est une autre galère, une autre misère, une autre panade où en plus de leur vécu si misérable soit-il, ils doivent se faire petits, s’effacer et être le plus discret possible pour ne pas déranger leurs concitoyens et ceux qui les administrent. «On vous donne en obole de quoi vous sustenter, n’en rajoutez- pas» Et il reste les malades mentaux, là c’est un autre drame, une autre tragédie, qui ne laissent pas indifférents les âmes sensibles. Ils passent leur temps à arpenter de long en large les rues de leur cité, hurlant pour certains, discourant pour les autres, soliloquant des anathèmes pour les uns, et ne connaissent même pas leurs droits. Et le citoyen dans tout cela, qu’en sait-il ? Il n’en sait pas plus que la normalité des choses. Selon l’ONS, le handicap moteur est le plus important (44% des personnes handicapées), suivi par le handicap lié à la compréhension et à la communication (32%) tandis que le handicap visuel concerne 32% des personnes handicapées. Mais pour toutes ces personnes, quelle que soit la nature de leur handicap, vivre chez nous est souvent synonyme de calvaire. En 2002, une loi relative à la promotion et à la protection des personnes handicapées a été votée, mais les décrets d’application n’ont pas encore été tous publiés. L’Algérie a bien ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées en 2009, puis a lancé une grande enquête nationale sur le handicap en 2011, les dispositions et les mesures prévues tardent à se traduire dans les faits. Ou se traduisent de façon dérisoire. Il reste à revoir nos lois pour les mettre au diapason de ce que nous sommes dans l’intérêt des handicapés de tous les handicapés.

Sadek A.H.

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