Les paysans de la commune de M’cisna dans la daïra de Seddouk, entrevoient un net recul de la production d’huile pour la présente olivaison.
Une entente tacitement reconduite, fixe la dernière décade du mois de décembre comme échéance pour l’ouverture de la campagne. Persuadée du bien fondé de cette règle communautaire, la population y adhère de plein gré. Néanmoins, les résultats escomptés laissent pantois le commun des villageois, tant ils sont très pessimistes. «Les performances accuseront une baisse spectaculaire. Tous les indicateurs concourent pour laisser entrevoir un volume d’huile très bas, pour ne pas dire dérisoire», dira sur une pointe de dépit, un paysan du village Tghermine. «Je viens à peine de démarrer la cueillette, mais j’appréhende déjà une perte substantielle, de plus de 20% en volume, par rapport à la dernière l’olivaison», confesse un jeune oléiculteur du village Sidi Saïd. Une appréhension du reste partagée par cet exploitant du village Iazzouzen : «La baisse est une tendance lourde qui n’épargne aucun village. Pour certains, c’est carrément le naufrage, tant ce produit du terroir constitue pratiquement leur seule source de richesse», soutient-il. De par son rendement élevé, la variété Azeradj qui peuple l’essentiel du parc oléicole de la circonscription, permettait aux propriétaires d’oliveraies d’engranger 35 litres par quintal d’olives en moyenne. Une performance enviable qui marquera ostensiblement le pas, prédit-on. «L’oléine, qui est un composé essentiel de l’huile, ne se forme en quantité que si l’olivier est généreusement abreuvé. Or, depuis de longs mois, nous n’avons enregistré que des simulacres de pluie. Pour cette agriculture de type pluviale, donc étroitement dépendante de l’aléa climatique, les retombées négatives de la sécheresse seront durement ressenties», explique un oléiculteur du village Ighil Meloulen. De l’avis de nombreux exploitants de M’cisna, les prévisions de productivité s’établissent autour de 28 l/q, en moyenne. «En tout cas, il faut avoir une sacrée dose de chance pour atteindre 30 l/q», conjecture un fellah qui n’a pas manqué, par ailleurs, d’exprimer une vive appréhension par rapport au devenir de la filière oléicole. «Le salut viendra sans conteste du ciel. Il faut tâcher de garder espoir, même si rien n’est plus aléatoire», déclare-t-il, le vague à l’âme.
La campagne d’olivaison à peine lancée à Tamokra
La campagne de la cueillette des olives a été lancée, ces derniers jours, dans la commune de Tamokra, située sur la rive droite de la Soummam, à 79 kms de Béjaïa. En effet, les oliveraies de la localité ont renoué avec la présence des paysans qui s’adonnaient à cette activité millénaire. Le parc oléicole que compte la municipalité de Tamokra est considéré comme l’un des plus riches au niveau national, en sus de la bonne qualité de l’huile d’olive produite localement. Le secret dans tout cela, serait dû à l’altitude et la variété de l’olivier appelée l’Azerradj laquelle prédomine dans cette commune située en haute montagne. Tamokra est une localité agropastorale qui ne néglige aucunement le secteur agricole considéré comme créateur de richesses, et aussi un atout pour le développement local. Même s’il fait froid ces jours-ci, et que la grisaille, entrecoupée de quelques pluies, prédomine dans le ciel, cela n’empêche pas pour autant les cueilleurs à « assiéger » les oliviers afin de récolter les fruits oléagineux. Les villages de la municipalité se vident presque de leurs habitants, qui, chaque matin, se rendent en grappes vers leurs oliveraies afin de ramasser les olives, sachant pertinemment que cela leur nécessitera quelques semaines pour venir à bout de ces centaines, voire de ces milliers d’oliviers centenaires pour la plupart. Pour leur part, les huileries de la localité ont ouvert leurs portes pour recueillir et presser des monticules d’olives entreposées à même le sol ! Toutefois, le stockage des olives dans les cours des huileries laisse à désirer, car celles-ci sont déposées dans des sacs qui dégoulinent d’huile brute! Ce procédé, tant décrié par les spécialistes, a, apparemment, de beaux jours devant lui. Sur la même lancée, l’on apprendra de certains propriétaires de presses que le rendement, pour cette année, en huile d’olive est excellent en dépit du recul de la production, dû à la sécheresse qui persiste encore. Ainsi, le rendement est estimé à 32 litres par quintal, ce qui est une bonne nouvelle pour les oléiculteurs. Dans les autres régions de la vallée, le rendement y tourne dans la fourchette de 18 à 25 litres le quintal ! Par ailleurs, la maison de jeunes de Tamokra a abrité, récemment, une journée de vulgarisation sur les méthodes d’obtention d’une huile d’olive de bonne qualité. Dans la foulée de cette manifestation, il y a eu l’organisation d’une séance de dégustation des différentes huiles d’olive présentées aux participants comme l’huile fruitée, l’huile chaume, l’huile ronce,…Un débat a été aussi animé, où les orateurs ont insisté sur plusieurs volets ayant trait surtout au stockage des olives crues avant leur trituration et à la conservation de l’huile d’olive une fois produite!
N Maouche et Syphax Y.