Former aux valeurs de la citoyenneté

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Par Amar Naït Messaoud

Pour le défenseur de la république sociale et laïque, tout passe par l’école. Instance idéologique par excellence, elle fait partie des superstructures sociales les plus influentes, capables d’orienter les générations de demain vers la performance, la citoyenneté et les valeurs d’homme, comme elle peut servir de moyen de domination d’une classe sociale, d’une idéologie ayant les faveurs du moment ou d’expression d’intérêts échappant aux simples limites de l’enceinte scolaire. Grand orateur, tribun inégalé, patriote et défenseur des valeurs sociales les plus progressistes, Jean Jaurès payera de sa vie son engagement en faveur des pauvres, de l’éducation pour tous et de la paix. Il sera assassiné par le nationaliste R. Villain le 31 juillet 1914, soit trois jours avant le déclenchement de la première guerre mondiale qu’il voyait venir et contre laquelle il a déployé tous ses efforts de pacifiste. Durant son parcours politique, littéraire et journalistique riche en péripéties, Jaurès a eu à intervenir sur les plus grands sujets de son époque, oralement dans des discours historiques ou par écrit dans des articles de journaux et les livres. Le livre de Jaurès publié aux éditions Syllepse et qui porte un titre sobre malgré la complexité du sujet, à savoir ‘’De l’éducation’’, est une réédition d’un vieil ouvrage où l’auteur traite de la relation de l’école avec l’Église, de l’organisation syndicale au sein de l’école, du statut de l’enseignant en tant que fonctionnaire et de la pédagogie développée par le système scolaire pour transmettre le savoir et former les hommes de demain. Né le 3 septembre 1859 à Castres (dans le département du Tarn), Jean Jaurès a été normalien et était de la même promotion qu’Henri Bergson. Agrégé de philosophie, historien et homme politique, il était un ardent républicain et admirateur de Victor Hugo et de Michelet. Professeur de philosophie à Albi, puis à l’université de Toulouse, il fut élu député de centre-gauche du Tarn en 1885. Battu aux élections de 1889, il revint à l’enseignement et prépara ses thèses : ‘’De la réalité du monde sensible’’, ‘’Les origines du socialisme allemand chez Luther, Kant, Fichte, Hegel’’. Sa philosophie a pu être définie comme un panthéisme évolutionniste. Député socialiste (1893), il adhéra au Parti ouvrier français et lutta pour l’unité du mouvement socialiste. En 1898, il prit position pour la reconnaissance de l’innocence du capitaine Dreyfus (in Preuves-1898) comme le fit Émile Zola dans sa ‘’lettre ouverte au président de la République’’ sous le titre ‘’J’Accuse !’’. En 1905, Jean Jaurès deviendra l’un des premiers chefs de la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière). Il fonda en 1904 le célèbre quotidien de gauche ‘’L’Humanité’’. Comme journaliste, il travaillera aussi de 1885 à sa mort dans ‘’La Dépêche de Toulouse’’. Comme député socialiste, il marquera l’hémicycle par les grandes batailles relatives à la vie sociale, éducative et économique. Partisan impénitent de la paix, il s’opposera à la politique coloniale européenne, ce qui lui valut d’être assassiné en 1914.Partisan d’un socialisme libéral et démocratique, il croyait en une évolution révolutionnaire d’une démocratie républicaine en une démocratie socialiste. On disait de lui qu’il voulait allier patriotisme et internationalisme en même temps que socialisme et humanisme.Sur 306 pages, Jean Jaurès nous replonge dans les vérités premières des missions pédagogiques de l’école, les valeurs républicaines et laïques qui doivent être les siennes et les missions de formation de la citoyenneté auxquelles elle ne peut se dérober. La première mission de l’instituteur telle que la perçoit Jaurès est de ‘’faire sentir et comprendre ce que vaut d’être un homme et à quoi cela engage’’.

A. N. M.

‘’De l’éducation’’, par Jean Jaurès- Éditions Syllepse-2005 (306 pages)

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