Les errements politiques de Belkhadem et de Soltani

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Jamais depuis son accession au pouvoir en 1999, le Président Bouteflika n’a été aussi tranchant comme il l’a été jeudi passé devant les cadres syndicaux. Plus que trancher, le chef de l’Etat a remis à leur place ceux qui se sont évertués à spéculer sur des questions aussi sensibles, alors qu’il était absent du terrain politique.C’est ainsi que Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, et Aboudjerra Soltani, patron du MSP, ont subi une douche froide chacun, eux qui n’ont pas arrêté de vilipender Ahmed Ouyahia et son gouvernement sur la gestion de la demande salariale, et partant, sur la politique gouvernementale de manière générale. Pire, Aboudjerra Soltani avait qualifié la Tripartite de « réunion formelle », pour justifier son refus du dialogue social. Et Belkhadem a demandé la revalorisation salariale sur la base de critères « rentiers ».L’un comme l’autre ont eu, jeudi, leur réponse. Bouteflika a réhabilité la Tripartite comme seul cadre de règlement des conflits sociaux. La réunion entre le patronat, l’UGTA et le gouvernement ne s’étant pas tenue depuis l’année passée, d’aucuns ont conclu à une suspension de cette dernière. Mais voilà que le gouvernement est « ordonné » pour reprendre rapidement langue avec ses partenaires. Un désaveu clair et sans ambages au chef du parti islamiste qui s’est félicité, une journée seulement après le discours présidentiel, de la reprise de la Tripartite.La même réponse est donnée aux responsables du FLN qui ont exprimé leur désaccord quant à la position de Ahmed Ouyahia qui avait justifié son refus d’augmenter les salaires de la Fonction publique à cause d’indicateurs économiques défavorables. Et Abdelaziz Bouteflika a repris exactement le même argumentaire. Mieux, il a qualifié ceux qui appellent à une augmentation des salaires de « démagogues » et de « populistes ». Il se trouve que le FLN est la cible première de cet rappel à l’ordre puisque c’est lui qui est monté au créneau ces derniers temps pour appeler le gouvernement à ne « pas suivre à la lettre les instructions du FMI ». En plus d’avoir désavoué les deux partis de l’Alliance présidentielle, le discours du président de la République a encore une fois remis sur le tapis cette réalité amère qui voudrait que notre économie reste fragile et sa dépendance de « la rente pétrolière » est non seulement préjudiciable pour l’avenir du pays, mais elle menace les fondements mêmes des équilibres économiques, étant donné que les secteurs hors hydrocarbures n’arrivent toujours pas à générer des richesses durables.Ce sont ces données, justement, que les deux chefs de l’alliance ont tendance à occulter malgré leurs contradictions flagrantes dans le discours. Un discours qui répond, en fin de compte, aux « chants de sirènes », pour reprendre les termes du chef de l’Etat. Dans la perspective de se redonner bonne mine, Belkhadem et Soltani tenteront, à coup sûr, de se rebiffer comme ils l’ont toujours fait, pour trouver des explications, que eux seuls comprendront, à leur échec politique. Ils diront certainement que les propos du Président n’ont pas été compris et qu’il n’est toujours pas trop tard. Etrangement, cette situation rappelle celle qui a suivi la polémique sur la suppression de la filière des sciences islamiques du bac. Aboudjerra Soltani avait crié sur tous les toits qu’il allait s’opposer à cette mesure, mais il avait vite crié victoire lorsque le président de la République avait soutenu Ouyahia dans sa décision. Cela prouve, également, que les deux chefs partisans prêchent dans le désert et distillent un beau discours démagogique mais se ravisent vite dès que le chef les désavoue. Une politique qui démontre ses limites, mais qui va continuer, encore, à polluer, malheureusement, la scène politique, surtout que les démocrates sont complètement absents.

Ali Boukhlef

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