Autopsie de la tragédie

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23 février 1998, aux environs de 15h30, un minibus de marque Renault a chuté dans la mer agitée d’une hauteur de près d’une vingtaine de mètres au lieudit El Maâden (Les falaises), à quelque 2 kilomètres du chef-lieu de la commune, et ce avec une trentaine de voyageurs à bord.* 15h45, le propriétaire d’une brasserie, Boudjemaâ Yahiaoui en l’occurrence, alerte les autorités locales à partir de son portable.* Les secours tardent à arriver et aucune opération de sauvetage n’a été enclenchée.* Le “petit peuple”, a puisé alors dans sa solidarité pour montrer le bon chemin : des jeunes âgés à peine de 18 ans, au péril de leur vie, plongent sans tenues, alors qu’il n’était pas évident qu’ils allaient s’en sortir, au moment où des pêcheurs de Ziama Mansouriah, au moyen de barques de fortunes, se sont dépêchés sur ces lieux où le courant était très fort et où les vagues atteignaient les quatre mètres de hauteur, parvenant enfin à sauver neuf personnes. Des automobilistes ont enlevé les chambres à air de leurs roues pour qu’elles servent de bouées de sauvetage.* Faute de moyens de réanimation, les jeunes stagiaires sauvés ont rendu l’âme dans les ambulances.* Vers 17 heures, les pompiers arrivent en camion-citerne, observent la scène en spectateur, faute de moyens d’intervention.* Le premier responsable de la Protection civile de la wilaya de Béjaïa a déclaré à la télévision et à l’APS que des moyens sophistiqués ont été déployés au cours de l’opération.* Touchée au plus profond de son âme, car ayant payé un lourd tribut, la population est sortie dans la rue et a exigé une commission d’enquête à travers une déclaration rendue publique et signée par le collectif des associations de la daïra de Souk El Tenine, et ce pour situer les responsabilités.* Une conférence de presse fut animée par le président de l’APW de Béjaïa ainsi que le P/APC au niveau du complexe El Djorf Eddahabi, laquelle a donné lieu à une décision pour une commission d’enquête dans de brefs délais afin de lever le voile sur cette affaire et répondre aux questions : “Pourquoi le plan ORSEC n’a-t-il pas été déclenché ? Pourquoi le responsable de la Protection civile a fait une déclaration complètement erronée, au moment où tout le monde sait que c’est grâce à l’élan de solidarité manifesté par les populations de Melbou et de Ziama que quelques rescapés ont pu être sauvés ?* Le P/APW, M. Rabah Naseri s’est engagé à saisir tous les responsables de la République, le Président, le Chef du gouvernement ainsi que tous les ministères.* Les parents des victimes accusent tous les responsables, à tous les niveaux, pour non-assistance à personnes en danger de mort.* Le P/APW a, lors de la conférence, mis l’accent sur l’urgence de l’implantation d’une unité de la Protection civile à Melbou, le renforcement des parapets (garde-fous de la RN43), l’exigence d’un contrôle rigoureux des véhicules de transport de voyageurs ainsi que l’équipement de la Protection civile de la wilaya de deux hélicoptères pour toute opération de sauvetage en mer ou en montagne.* Bilan de la tragédie : 30 morts dont trois n’ont pas encore été retrouvés.* Régions touchées : Melbou, Souk El Tenine, Darguinah et Ziama Mansouriah.

Synthèse de R. Z.

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