Profitant de la pénurie du lait en sachet, qui dure depuis des mois, certains commerçants sans scrupules font montre d’un chantage inexcusable à l’égard des consommateurs.
Et pour cause, ces derniers sont confrontés à de vieux réflexes que l’on croyait disparus depuis belle lurette. Décidément, le citoyen lambda n’est jamais au bout de ses peines. Il s’agit en fait de la vente concomitante, pourtant prohibée par la loi, mais qui refait surface au grand dam du citoyen. Du pain béni pour certains commerçants, au réflexe conditionné, qui consentent à vendre deux ou trois sachets de lait avec l’obligation de prendre aussi du lait de vache ou carrément d’autres denrées comme le pain. Si la distribution de lait conditionné en sachet est pratiquement régulière, le rationnement est toujours de mise. Le hic est que la tension sur ce produit ne faiblit pas. Des files d’attente se forment au quotidien devant les épiceries en attente de se voir livrer deux ou trois sachets. Cependant, comme on se découvre une autre vertu, celle de consommer local, le lait de vache en sachet connaît, lui, un essor considérable. Le lait de vache en sachet, produit à partir du lait collecté auprès des éleveurs locaux, est plus que jamais mis en avant par les laiteries. C’est la seule solution pour combler le déficit laissé par la chute de l’importation de la poudre de lait. Seulement, la facture est lourde à payer par le citoyen. Le lait de vache en sachet est cédé à 50 dinars, le double de son alter ego tiré à partir de la poudre de lait. Une pratique dénoncée par des consommateurs. Dans la localité de Sidi-Aïch, des commerçants n’hésitent aucunement à faire usage de cette pratique déloyale au grand dam des commerçants. Des clients que nous avons rencontrés devant une supérette en file indienne, faisant le pied de grue pour l’achat du fameux lait en sachet nous ont avoué leur incompréhension quant au silence radio des responsables de la DCP. «Pourquoi sommes-nous obligés d’acheter du lait de vache ou le lait caillé en contrepartie de trois portions de lait en sachet. C’est une pratique déloyale. Les commerçants nous tiennent la dragée haute», s’interrogent-ils. Face à ce problème astreignant pour le consommateur, des commerçants que nous avons interrogés à ce sujet, pointent du doigt les distributeurs qui les obligent à prendre le lait pasteurisé et celui de vache. «Nous sommes victimes de cette pratique, car les fournisseurs nous imposent d’acheter des lots de lait de vache, ce qui nous oblige à notre tour à le répercuter sur le consommateur», argumentent-ils. Par ailleurs, cette situation dommageable n’est pas l’apanage de la seule région de Sidi-Aïch, car d’autres localités souffrent de ce même problème, censé être révolu. L’infortune de cette nouvelle variété de lait de vache n’ayant pas un franc succès auprès des consommateurs n’a pas, pour autant, dissuadé les producteurs à le commercialiser. En l’absence de mécanismes de contrôle et de régulation, une véritable pagaille s’empare des marchés tous azimuts, laissant ainsi le champ à la débandade.
Bachir Djaider