«On veut casser l’université de Tizi-Ouzou»

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Dans cet entretien, le recteur de l’université de Tizi-Ouzou, Pr Tessa, revient sur la marche contre l’insécurité initiée par les étudiants avant-hier et évoque d’autres questions relatives à l’institution qu’il dirige.

La Dépêche de Kabylie : Une grandiose marche des étudiants contre l’insécurité a eu lieu avant-hier. Quel est votre commentaire sur la question ?

Pr Tessa : C’était une très bonne initiative prise par les étudiants que je salue. C’est une marche pacifique à laquelle même des enseignants et le personnel administratif ont pris part. C’était un véritable exemple de mobilisation et de solidarité. Cependant il faut préciser qu’à l’intérieur de l’université on a enregistré juste quelques incidents. Cinq cas plus exactement. C’étaient des disputes entre jeunes étudiants auxquels se sont mêlés parfois des extras. Mais nous avons 60 000 étudiants, c’est un très grand chiffre. On a des Daïras qui ne possèdent pas autant d’habitants. On a ni police, ni armée, ni gendarmerie ni juge ni procureur à l’intérieur. Il ne faut pas amplifier les choses et inquiéter les parents des étudiants. Nous avons une merveilleuse communauté estudiantine. On rassure les parents du fait que ces étudiants et étudiantes sont nos enfants. Il ne faut pas écouter les rumeurs, il ne faut pas écouter ceux qui veulent casser l’université Mouloud Mammeri. Nous on est déterminés à ne pas les laisser faire.

Vous avez déclaré récemment que 1 700 étudiants étaient sans hébergement ! Pourriez-vous nous donner plus de détails ?

J’ai donné le chiffre de 1 700 étudiants sans chambres, mais c’est vrai que je n’ai pas précisé. Je dois éclairer les choses. Actuellement, tous ces étudiants sont hébergés et ont touché leurs bourses. On a eu du retard mais maintenant tout est rentré dans l’ordre, contretemps dû au retard dans les inscriptions notamment à cause de la grève. À titre d’exemple, les étudiants de la faculté des sciences économiques qui était en grève ont terminé les examens le mois de novembre. Ces étudiants donc, au lieu de renouveler leurs dossiers de bourses et de chambres au début de septembre, étaient obligés d’attendre les délibérations en novembre. Concernant la faculté des sciences, cela s’est fait en décembre. Le retard dans l’établissement des certificats de scolarité ne nous a pas rendu la tâche facile. J’ai fait le point avec le directeur des œuvres universitaires, il en ressort qu’ici, on peut accueillir actuellement encore 300 places.

Vous pensez peut-être déjà à la rentrée prochaine ?

à la prochaine rentrée, on aura quelque 14 000 nouveaux bacheliers, du moins qui prétendront à l’examen du bac. C’est le ministère de l’éducation qui nous a fourni ce chiffre qui servira d’ailleurs à la préparation de la prochaine rentrée universitaire. Pour l’instant, on attend toujours la circulaire d’orientation. La conférence régionale qui est prévue pour le 5 mars nous renseignera sur les détails à base desquels se profileront nos registres d’actions.

L’université MMTO est-t-elle prête à accueillir ce nombre ?

C’est clair qu’ils n’auront pas tous le baccalauréat mais on mise sur plus de 50%. Nous avons tout un chantier à Tamda où 2 700 places sont en voie de d’achèvement. Les travaux avancent à un rythme appréciable surtout depuis que monsieur le wali a insisté sur l’achèvement des travaux. On ne peut pas rester comme l’année en cours jusqu’à la dernière minute avec les autres problèmes qui surviennent comme le Gaz, l’électricité etc. Donc, si on les livre à temps, on entamera l’année universitaire avec beaucoup de sérénité.

Concernant l’hébergement ?

On a encore à Tamda 3 000 lits qui sont en voie d’achèvement. On espère les recevoir d’ici la fin de l’année.

Vous avez parlé aussi récemment des budgets alloués aux bourses à l’étranger. Qu’en-t-il exactement ?

Ils sont 576 à bénéficier de bourses. Il y a des bourses de 14 jours et d’un mois. J’ai dit qu’on doit évaluer un peu l’impact de ces bourses. Quand on donne plusieurs bourses aux candidats qui soutiennent un doctorat en cinq années, c’est un plus pour l’université. Parfois, en revanche, certains candidats, pour une raison ou une autre tardent à soutenir. À mon avis, en tant que pédagogue et même responsable, je préfère qu’on accorde six mois à ces enseignants qui auront à donner l’engagement de terminer leur thèse. 14 jours est une période trop courte durant laquelle on ne peut faire grand-chose. Le ministre est en train d’étudier la question.

Entretien réalisé par Kamela Haddoum

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