«Les oppositions freinent le développement»

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à travers quasiment tous les programmes mis en place depuis 2013, la SDC de Bouira a toujours été confrontée aux sempiternels problèmes d’oppositions qui freinent leur exécution. M Khaled Nacer, directeur de la Société de Distribution d’électricité et de gaz du Centre (SDC) de Bouira revient dans cet entretien sur l’urgence de lever ces entraves qui pénalisent le développement.

La Dépêche de kabylie : Où en est le plan d’urgence de la SDC de Bouira ?

M. Khaled Nacer : Depuis 2013 à 2016, un investissement d’environ 180 milliards a été consenti afin d’assurer une meilleure prestation à nos abonnés. Ici au chef-lieu de wilaya avec la mise en service du poste de répartition de Harkat, nous avons pu restructurer l’alimentation en électricité au centre-ville de Bouira. Auparavant nous avions deux départs qui alimentaient la ville, actuellement avec la mise en service de ce poste de répartition nous avons des sous-départs qui ont permis d’améliorer la qualité et la continuité au niveau de la ville et aucune perturbation n’a été enregistrée lors de ces intempéries. Nous avons aussi le départ Bouira ville 3, c’est un départ qui est issu du poste de Thamer et il est en voie d’achèvement. Malheureusement à la sortie du poste de Thamer, nous avons rencontré une opposition qui est en cours de règlement. Ce départ va servir énormément pour renforcer le mode de bouclage de la ville afin de la sécuriser pour au moins une durée de 20 ans. Idem pour la ville de Lakhdaria, où nous avons créé 04 départs issus du poste de Lakhdaria qui a été mis en service en 2010. D’une capacité de puissance de 24 départs pour couvrir toute la région jusqu’à Aomar, ce poste n’est pas encore au maximum de ces capacités avec actuellement 09 départs vu les oppositions enregistrées pour réaliser ces sorties poste. Une variante a été adoptée pour la ville de Lakhdaria en créant deux départs en sous terrain en empruntant l’accotement de la RN05 pour sécuriser la région de Lakhdaria et qui ont été mis en service en juin 2016. Nous avons également le départ aérien pour assurer l’alimentation de la partie rurale de Lakhdaria dans un principe de séparer le rural de la ville car généralement les départs aériens en zone rural sont sujets à des atteintes. Nous pouvons ainsi assurer la sécurisation de la ville de Lakhdaria pendant 15 à 20 ans.

Le problème des oppositions se pose-t-il toujours avec autant d’acuité ?

Oui hélas ! Nous avons deux départs en raccordement clientèle qui souffrent d’opposition, en l’occurrence le départ zone d’activité qui doit assurer l’alimentation propre de la zone d’activité d’Aomar. Depuis 2013, nous n’avons réalisé qu’une seule partie car il y a des oppositions sur toute la ligne, nous avons pu régler quelques oppositions mais il en reste encore sur Kadiria et Aomar. Il reste aussi le départ de la station de pompage mise en service provisoirement sur une ligne mais elle s’est retrouvée dépassée en capacité. Nous avons réalisé environ 4 kilomètres avant de buter sur des oppositions. Nous avons dû nous greffer sur une ligne de 220 qui appartient à GRTE et ce, à titre de location. Dans la région Est de Bouira, nous avons créé et mis en service le départ de Tilesdit. C’est un projet structurant qui va assurer l’alimentation en eau de toute une région y compris la wilaya de Bordj Bou Arreridj. Nous avons pu réussir ce challenge malgré les oppositions qui ont duré presqu’une année. Nous déplorons les oppositions qui sont légion dans la région Est. Prenons pour exemple les stations de pompages SP4 et SP5 d’Ath Leqsar qui sont équipées provisoirement sur des lignes de distribution, avec le temps, il y aura un dépassement de capacité. Nous souhaiterions que les départs qui sont dédiés à ces projets aboutissent car ils sont en souffrance. Autre exemple comme le départ Sonatrach dédié à la station de pompage d’Ath Mansour. Depuis 2005, nous avons entamé les travaux d’une ligne de 24 kilomètres et seulement une dizaine a été réalisée à cause des oppositions. Nous avons dû nous greffer sur une ligne existante pour pouvoir alimenter cette station. Pour ce cas, nous avons trouvé une solution palliative. Il y a un poste à El Mehir, wilaya de Bordj Bou Arreridj, nous avons contacté nos collègues et nous sommes arrivés à un accord. Ils nous ont concédé une ligne de Tizi Kechouchene qui a pris en charge la station de pompage. Actuellement la station de pompage fonctionne normalement mais à partir d’un poste implanté hors wilaya. Je vous le dis, ces oppositions freinent énormément le développement. Je vous relate le cas d’un citoyen qui s’est vu refuser une citerne d’eau par l’APC et pour se venger il a bloqué la réalisation d’une ligne électrique. Nous allons réaliser une ligne pour l’ONID à El Esnam, nous espérons ne pas rencontrer d’oppositions car elle servira pour l’alimentation des pompes pour l’irrigation des terres jusqu’à Bejaia.

Des repercussions sur le plan commercial ?

Sur le plan commercial, ces investissements ont eu un impact sur le côté perte car sur une ligne, il y a toujours des pertes. Ces investissements ont permis de réviser à la baisse les longueurs des départs et ont participé indirectement à réduire les pertes techniques. À titre d’exemple, en 2015, le taux de perte technique était de 15,2 et en 2016, le taux a été réduit à 13,72. On a gagné 1,43 point ce qui équivaut à 14 gigas. Nous visons à atteindre les normes internationales en la matière, c’est-à-dire atteindre les taux de 11 à 12% et c’est notre cheval de bataille que de réduire le taux de perte.

Qu’en est-il de la forte pression enregistrée sur le gaz naturel ?

Nous avons eu quelques problèmes au niveau des déclenchements de certains détendeurs au niveau des logements collectifs et cela s’explique. C’est parce qu’au tirage, lorsque les températures sont basses, il y a un fort tirage du gaz engendrant une vitesse de ce combustible, au niveau des conduites, qui va augmenter et de ce fait les poussières dans les conduites sont transportées avec le gaz. Et ces accumulations atterrissent au niveau du filtre des détendeurs en formant un écran. Chutes de pressions et déclenchements s’ensuivent. Nous avons eu ce cas de figure au niveau des quartiers des 140 lgts et des Allemands. À Ouled Bouchia il y a eu des chutes de pressions de gaz et il a fallu intervenir de façon forte.

Chaque année, la SDC, dans son bilan, déplore les créances impayées notamment auprès des administrations, est-ce toujours le cas ?

Malgré les objectifs fixés, les créances existent toujours et il nous reste 19 milliards à recouvrir au niveau des abonnés ordinaires, ce qui représente presque 37% de notre portefeuille et en deuxième, ce sont les administrations qui détiennent un peu plus de 20 milliards soit 39% de notre portefeuille. Toutefois je salue l’initiative de monsieur le wali et en lui présentant les créances des APC, il a tenu plusieurs réunions avec le DAL. Ainsi nous avons pu encaisser les créances des APC qui sont passées de 12 milliards à fin novembre à 05 milliards fin décembre soit en un temps record d’un mois. Toutefois, pour le privé nous avons fait le travail à faire concernant l’abonné moyenne tension qui dépasse les livraisons de 130 kva. Après réception de sa facture, il s’acquitte dans un délai de 08 jours, c’est un record.

Où en est le programme de raccordement au gaz naturel ?

Sur le programme d’Etat 2010-2014, il y a une grande dynamique de réalisation, et rien que pour le gaz, nous avons 11 daïras concernées par le programme et 33 communes. Nous avons en tout 69 sites et avons réalisé 1.600 km en réseau de distribution. Concernant le réseau transport, 116 km ont été achevés et donc nous sommes entre transport et distribution à 85% et le programme quinquennal est en voie d’achèvement. Pour la mise en service, environ 24.000 foyers le sont, soit près de la moitié de ce programme. Nous sommes sur 10 daïras et 04 communes avec 42 sites et la mise en service de 25 km en réseau de transport gaz et environ 900 km en réseau distribution pour toucher environ 12.000 foyers. Concernant les travaux en cours, nous avons 11 daïras et 24 communes sur 33 sites pour un réseau de transport de 90km, un réseau de distribution d’environ 750 km et il reste plus de 12.000 foyers à alimenter. Je précise qu’avec les difficultés et avec les restrictions budgétaires, la wilaya de Bouira a été chanceuse parce que toutes les DP lancées n’ont pas connu de gel car les travaux ont débuté prématurément et nous sommes en voie d’achèvement. Donc avec la mise en service de Boukram, Guerrouma, Maâlla et Zbarbar on va avoir à 100% les chefs-lieux de commune couverts, c’est un grand acquis pour la wilaya. Et le taux de pénétration est actuellement de 70% avec la mise en service et c’est important quand même et ça fera de nous une wilaya leader au niveau national. Malgré les mesures de restrictions budgétaires, nous allons, pour 2017, réaliser 10 postes mais déjà 07 font l’objet d’opposition. Nous sommes à 70% d’opposition ! Monsieur le wali a été alerté et d’ici peu ces oppositions seront réglées.

Le réseau électrique à travers la wilaya de Bouira est-il satisfaisant selon vous ?

Le taux de couverture pour le réseau électrique est de 98%. Pour ce programme, nous avons 12 daïras concernées dans 45 communes. Nous disposons de 386 centres, et avons en réseau, moyenne et basse tension, environ 570 km et nous sommes à un peu plus de 41%. Pour les mises en service, nous avons 12 daïras concernées 40 communes et157 centres pour un réseau réalisé et mis en service sous tension de 180km et le nombre de foyers s’élève à 3134. Actuellement le programme en cours de réalisation touche 11 daïras, 21 communes et 52 centres pour un réseau de 79 km et alimentera 1325 foyers. Il faut dire que pas moins de 58 milliards de centimes ont été nécessaires pour l’électricité et 225 milliards de centimes pour le gaz et ce de 2013 à 2016.

Entretien réalisé par

Hafidh Bessaoudi

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