La commune de Tamridjet, à l’Est de la wilaya de Béjaïa, a connu, dimanche dernier, une grande journée de volontariat pour déplacer les ossements de cinquante-sept Chouhada, enterrés au lieudit Sidi Merzouk.
C’est après une minute de silence et la récitation de la Fatiha et, en présence des autorités locales, la famille révolutionnaire et la société civile qu’a été donné le coup d’envoi pour le lancement officiel de l’opération de délocalisation de ces ossements, qui s’étendra jusqu’au 27 de ce mois. Ces martyrs sont tombés au champ d’honneur durant la bataille qui a eu lieu un certain 27 mars 1957 entre un groupe de Moudjahidine et l’Armée coloniale. Elle s’est déroulée sur les hauteurs de la localité de Laâlam au lieu-dit Sidi Merzouk, au niveau de la commune de Tamridjet, et a coûté la vie à 57 combattants de l’ALN. À cette époque, selon des témoins encore vivants, l’Armée française a utilisé l’aviation et l’artillerie lourde, pour bombarder un important groupe de combattants de l’ALN, qui était de retour de Tunisie, où il avait pour mission de rapporter des armes. «L’ennemi français a utilisé un nombre très important d’avions pour bombarder les Moudjahidine. Cinquante sept d’entre eux ont rendu l’âme dans cette bataille, dont sept sont de la région de Laâlam», raconte Bouzid Makri, fils de l’un de ces Chouhada. «J’avais dix ans à l’époque. Avant le bombardement j’accompagnais les moudjahidine, dont mon père Tahar, paix à son âme, à la montagne. Soudain l’armée française a commencé à pilonner les positions des combattants. Mon père nous avait ordonné, alors, à moi, à mon frère et à mon cousin, de vite nous cacher et de ne pas bouger. Durant toute la durée de ces bombardements, nous avions très peur. Je n’oublierai jamais ces moments», ajoute t-il. Même les femmes ne furent pas épargnées durant cette bataille, puisque trois ont été tuées. «Ces valeureux martyrs avaient sacrifié leurs existences pour que nous vivions dans la liberté, c’est à nous aujourd’hui de leur rendre hommage», déclare un quinquagénaire qui a répondu favorablement à cette journée de volontariat. Pour réussir et faciliter cette opération, l’APC a mobilisé de grands moyens matériels et humains pour l’ouverture d’une piste menant vers le lieu de la bataille. «Les travaux de l’ouverture de la piste ont atteint un taux de 50%. Cela nous facilitera la tâche de transporter les ossements de Chouhada et de clôturer aussi ce cimetière», a fait savoir le maire de la municipalité, M. Belefou Youcef. Pour sa première journée, l’opération a permis de déterrer les ossements de neuf martyrs. En attendant de la mener à terme, ces ossements seront conservés au niveau de la mosquée du quartier «la cité». Le 27 mars, à l’issue de cette opération, les restes des cinquante sept martyrs seront enterrés au niveau du nouveau cimetière des Chouhada de Zentout, qui sera ouvert officiellement à l’occasion. Cette initiative est fortement appréciée et saluée par les habitants de la région et surtout par les proches de ces martyrs. D’autres opérations similaires pourraient suivre, car cette région a été le théâtre de beaucoup de batailles durant la guerre de libération, et plusieurs cimetières improvisés à l’époque existent toujours dans les alentours.
Saïd M