La section des militants RCD et les élus de la commune d’Akbil, dans une lettre adressée au président du parti, dénonce «les pratiques et l’ostracisme» du bureau régional de Tizi-Ouzou, et annoncent le gel de leurs activités partisanes au RCD.
Beaucoup de bruits circulaient, précédemment, dans la région d’Akbil, sur la situation du parti et sa structuration. En effet, ces bruits parlaient déjà d’une probable défection des militants en prévision du rendez-vous électoral à venir. C’est désormais chose faite. La décision a été entérinée la semaine dernière après une réunion de la section locale qui a tranché unanimement sur le gel de ses activités au sein du parti. Cette décision a été confirmée dans une déclaration qui nous a été remise et adressée sous forme d’une lettre ouverte au président du RCD. Ce dernier est désormais avisé «qu’après concertation entre les élus et les militants de notre section, de vous faire part du désengagement total de notre base militante causé principalement par un ostracisme bien orchestré par toutes les structures régionales de notre parti, censées accompagner nos élus qui ont honoré notre parti en arrachant notre APC avec une majorité absolue», pouvait-on lire dans la déclaration. Cette décision prise par la section d’Akbil aurait été motivée par le silence observé par «ces instances régionales» aux doléances faites par la section et l’APC. «Toutes nos doléances, rapports, requêtes adressés au bureau régional, restent à ce jour lettre morte». Ce qui ne date pas d’aujourd’hui selon la déclaration. «Cette pratique qui s’apparente à un parti pris flagrant a commencé depuis l’installation de notre exécutif communal qui s’est vu refuser l’utilisation de la décharge d’une commune voisine par un maire de notre propre parti, alors qu’avant, notre APC qui était gérée par nos adversaires politiques, avait été mise à sa disposition, par le même P/APC, pendant tout leur mandat. Nous avons saisi, dans un rapport détaillé, le bureau régional, dont une copie vous a été adressée. Aucune suite ne lui a été réservée. Encore une fois, cette décharge qui a été refusée à une APC RCD est autorisée à une autre APC gérée par nos adversaires politiques. Depuis que nous avons osé dénoncer un fait qu’on considérait comme atteinte à la solidarité militante, notre APC est bannie par la structure régionale de notre parti qui n’a daigné envoyer ni cadre ni responsable, ne serait-ce qu’une visite de courtoisie à notre APC». Se sentant ainsi «lésés et abandonnés à leur propre sort», la section et les élus précisent pourtant que «pour notre part, nous n’avons jamais omis d’inviter le bureau régional à honorer de sa présence nos activités et commémorations, mais aucune considération n’a été accordée à ces dernières. Nos militants et la population nous interpellent à chaque fois quant à ces absences qui s’apparentent à une démission de la part de notre structure et de nos élus APW», est-il encore écrit dans le document en notre possession. «À cela s’ajoute la rétorsion de l’information exercée par certains cadres qui considèrent le parti comme une propriété privée où ils sont seuls à décider sans avoir ni à associer les militants ni à rendre compte à qui de droit». Les rédacteurs de ladite déclaration n’en finissent pas de dire leur ras- le-bol et de dénoncer leur mise à l’écart. «Ainsi, la section d’Akbil et les élus APC n’ont jamais été associés au fonctionnement et/ou à la composante du bureau régional, bien que notre section compte plus de cinquante militants encartés et à jour de leur cotisations !».
Pas moins de 105 militants encartés et l’exécutif de l’APC se démarquent !
D’après l’écrit, la section et les élus de l’APC d’Akbil ne pouvaient plus accepter et encore moins continuer à se considérer militants après tout cela, puisque «le seuil de tout ce qui précède a été atteint, quand des cadres et responsables du bureau régional trouvaient plaisir à partager à travers des réseaux sociaux des publications infamantes et diffamantes à l’encontre des élus APC qui sont aussi des élus de notre parti, les accusant de trahison. Il est inutile de rappeler ici que notre commune qui a abrité le premier PC de la wilaya 3 historique et bastion de la guerre de libération nationale, ne pourrait enfanter que de valeureux patriotes.» Afin d’amoindrir le coup et le choc, la section et les élus RCD d’Akbil, ont tenu dans leur déclaration à préciser au président du parti : «Nous vouons un respect sans faille à notre parti ainsi qu’à votre personne et à l’autorité que vous incarnez. nous sommes des militants aguerris par un parcours dont chaque citoyen d’Akbil peut témoigner, toutefois nous ne pouvons accepter l’ostracisme dont est victime notre section et par delà toute la population de notre commune qui a porté notre parti à la tête de son APC avec une majorité absolue.» Et de conclure dans leur déclaration : «C’est pourquoi nous avons décidé de vous faire part publiquement de notre décision de geler toute activité au sein de notre section, de notre qualité de militants et aussi d’élus du RCD jusqu’au changement de l’équipe actuelle du bureau régional qui a ignoré notre section, notre APC et aussi la population d’Akbil pendant plus de quatre ans. Nous nous désengageons ainsi de toute initiative que prendra l’actuel bureau régional dans notre commune jusqu’au changement de sa composante. Aussi, nous n’accepterons aucun autre interlocuteur en dehors de votre personne. L’évocation du subterfuge du respect des structures locales nous renvoie à vous rappeler que la première structure à respecter est avant tout le militant de base.» Avec cette déclaration, la décision des militants et des élus RCD d’Akbil ont décidé de tourner le dos à leur désormais ex-structure politique. Ceci ne peut être que des voix que le RCD aura perdues pour les élections législatives du 4 mai prochain. De même, il ne serait pas étonnant que ces voix que le RCD aura perdues trouvent sûrement acquéreur, si ce n’est déjà fait, pour un autre parti politique ou pour une liste d’indépendants… En effet, en parlant de «trahison» (à laquelle fait référence la déclaration), au RCD, on reprocherait certainement aux élus de la municipalité leur présence aux côtés de Nordine Aït Hamouda, exclu pour rappel du parti, dans certaines activités commémoratives précédentes. C’est sans doute, en effet, ce rapprochement entre la section du parti à Akbil avec cet ancien cadre qui serait à l’origine de ce divorce. Signalons enfin que cette déclaration a été signée par l’exécutif de la section RCD d’Akbil ainsi que par les élus de ce même parti.
M. B.
