«Le ramadhan, une chance pour vous d’arrêter»

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à quelques jours du mois sacré, la direction des affaires religieuses de la wilaya de Bouira a organisé une campagne anti-tabac, sous le slogan «Le Ramadhan, votre chance d’arrêter de fumer».

Six médecins ont été invités, hier samedi, à prendre la parole à ce propos, à la maison de la culture de la ville, face à un auditoire essentiellement composé d’imams. Le premier intervenant fut le docteur Selim Ghatèche qui a souligné le caractère insidieux du tabagisme. Il expliquera que le fumeur conçoit le tabac comme une source de plaisir à laquelle il est très vite difficile de renoncer. Le deuxième à prendre la parole est le Docteur Abdelouahab Djitli qui a axé son intervention sur deux points : la découverte du tabac et la composition chimique de la plante. Pour trouver l’origine du tabac, l’orateur a dit être remonté jusqu’à la civilisation Maya, il y a 4 000 ans. La plante était connue sous le nom de Tabacco et était consommée pour ses effets égayants. Il a fallu attendre la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb vers le 15ème siècle pour que la plante arrive en Espagne puis se répande dans toute l’Europe. L’orateur a raconté l’histoire de cette reine française souffrant d’un cancer du cerveau et qu’on avait tenté de guérir en lui faisant fumer des feuilles de tabac. Ce n’est que vers le 17ème siècle qu’un Anglais du nom de Jarny Cote a essayé d’attirer l’attention publique sur les effets néfastes de cette plante. L’Eglise a aussitôt mené sa propre campagne contre cette «plante du diable». Mais on ne prit scientifiquement et définitivement conscience du mal que représente le tabagisme dans le monde que vers 1860, grâce à Pasteur. Selon le docteur Djitli, la cigarette était en 1956 déjà à 90%, directement ou indirectement, responsable de morts causées par des maladies chroniques. Un milliard de personnes meurent dans le monde chaque année par la faute du tabac, soit six millions de morts par jour. En Algérie, toujours selon le docteur Djitli, 15 000 personnes en meurent chaque année, (40 par jour). Le taux de mortalité est de 40% pour les jeunes âgés de 18 ans et de 50% chez les adultes. Autre révélation fracassante : 7 000 affections du myocarde sont dues à la nicotine, 4 000 cas de cancer du poumon et 2 500 affections respiratoires sont également causés par le tabac. Et ce n’est pas tout. Selon les chiffres fournis par le docteur, 2 fumeurs sur 4 décèdent du fait du tabac, et l’un des deux ne dépasse pas la moitié de sa vie. D’une façon générale, la durée de vie est réduite de 10 à 15 ans. Pour mieux mettre en garde contre le danger que représente cette plante toxique qui tue aussi bien à faible qu’à forte dose, le docteur a donné quelques exemples chiffrés, passant ainsi à la seconde phase de son intervention : la plante à l’état naturel contient 2 500 substances, dont beaucoup (250) telle la nicotine, le goudron, le dioxyde de carbone et les métaux lourds (plomb, nickel et…) sont nocives pour la santé. Sur ces 250 substances nuisibles, 66 donnent le cancer. Mais une fois la plante traitée, le degré de nuisance devient double : les éléments qui composent alors la cigarette atteignent les 5 300. Il ne faudrait alors que 20 à 30 mg pour produire les effets ravageurs que l’on observe chez les fumeurs invétérés. Selon le conférencier, 1 gramme de tabac tue 10 animaux à la fois. Son pouvoir est de 50% celui du DDT. C’est ce qui est désigné par le terme de «maladie du tabac vert». Le docteur Ahmed Aouadi, de l’université de Bouira, a quant à lui parlé de prédispositions qui existent chez le fumeur. Selon lui, on voit aujourd’hui des enfants fumer dès la première année du primaire. Il citera en premier lieu «la responsabilité du père fumeur». C’est à la maison que l’enfant attraperait le virus du tabagisme, selon l’intervenant. Il indexera ensuite les stars de cinéma que l’on voit fumer dans des films cultes. Le docteur Aouadi parlera ensuite de la pression que peut subir un garçon qui ne fume pas mais qui fréquente des camarades fumeurs. L’attraction d’appartenir à un groupe pousse parfois à faire le pas. Le conférencier conclura en affirmant que la consommation de tabac constitue une étape décisive vers la consommation de drogue. «L’enfant qui fume est comme entraîné sur une pente glissante qui finit par lui faire toucher le fond». La prévention contre ce fléau est donc essentielle, d’où l’importance attachée par la direction des affaires religieuses à cette campagne de sensibilisation.

Aziz Bey

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