Le mot d’ordre de grève générale a été largement suivi avant-hier à El Hoceima, ou les manifestations pour réclamer la libération du leader du «Hirak Errif », Nasser Zefzafi se sont poursuivies. Les soirées ramadanesques de cette région du Rif, ne ressemblent pas à celles des autres régions du pays.
En effet, depuis la fin de la semaine dernière, le Rif vit au rythme de la protestation. Avant-hier soir, selon ce qui a été rapporté par l’AFP, 2000 manifestants se sont rassemblés dans le quartier de Sidi Abed, pas loin du centre ville d’El Hoceima, pour exiger «la libération des prisonniers». Le portrait du leader Nasser Zefzafi a été porté haut par les milliers de présents qui scandaient «liberté pour Zefzafi!». «Le rassemblement s’est déroulé sans incident, pour s’achever peu avant minuit», a affirmé l’agence. En parallèle, dans le centre-ville, ou un mot d’ordre a été donné pour un débrayage, la quasi-totalité des magasins ont fermé. La motivation de cette action est toujours la même et c’est la seule préoccupation du moment ! «La libération des activistes du hirak». «Aujourd’hui, toute la population est en grève. C’est un message à notre roi Mohammed VI pour qu’il intervienne à Hoceïma», a lâché un gréviste d’après l’AFP. Les témoignages sur place, ont affirmé le succès de la grève dans les villes limitrophes à savoir Beni Bouyaach et Imzouren ou a lieu également une grande manifestation. Malgré l’arrestation de Zefzafi, les autorités marocaines n’ont pu étouffer la voix de la protestation. D’autres nouvelles têtes ont émergé. C’est le cas du deuxième homme dans le hirak, en l’occurrence, Najib Ahmajik, qui a lancé l’appel à la grève via les réseaux sociaux. En outre, une jeune femme de 36 ans et mère de quatre enfants, Nawal Benaissa est apparue sur le devant de la scène. En guise de solidarité, plusieurs sit-in ont été organisés à travers le royaume, notamment dans les villes de Rabat, Meknes et Casablanca. Rappelons que le mouvement de protestation, que connait cette région selon ses habitants «marginalisée», ne cesse de prendre de l’ampleur, depuis notamment le lancement d’un mandat d’arrêt contre Nasser Zefezafi. Ce dernier pour rappel, depuis six mois est au cœur de cette mouvance enclenché par la mort d’un jeune Rifain qui tentait de récupérer une marchandise saisie par la police avant qu’elle ne soit jetée dans une benne à ordure. Depuis, Zefzafi, ainsi que d’autres activistes, n’ont cessé de dénoncer «la Hogra», «la dictature» et «la corruption» du Makhzen. Le leader Zefzafi, qui jouit d’une forte sympathie au sein de la population du Rif, a donc été interpellé lundi dernier pour «atteinte à la sécurité intérieure». Selon des sources officielles, la police a procédé depuis vendredi dernier à une quarantaine d’arrestations. «Vingt-cinq des personnes arrêtées ont été déférées devant le parquet. Leur procès s’est ouvert mardi mais a été reporté au 6 juin», a rapporté l’AFP, qui a révélé que «selon la presse marocaine, certains des suspects, qui avaient été transférés à Casablanca, ont pu recevoir jeudi la visite de leurs avocats, à l’exception de Zefzafi». La classe politique, quant à elle, après un long silence, a fini par réagir. Selon l’agence officielle marocaine MAP, les chefs de partis ont appelé gouvernement «à davantage d’interaction positive avec les revendications des habitants». Le premier ministre a assuré que «le Rif est au cœur des préoccupations du gouvernement». Le ministre de la Justice de son côté «a mis l’accent sur le respect de la confidentialité de l’enquête, de la présomption d’innocence, et des droits des interpellés, et notamment en cas de preuves attestant de faits de torture à leur encontre», selon un communiqué du gouvernement.
Synthèse de K. H.
