Le roi Ubu et les manifestants

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Par S. Ait Hamouda

Le Maroc est pratiquement dans la mélasse avec ce qui lui arrive à El Hoceima. Sa majesté essaye d’envoyer des émissaires, des membres du gouvernement et aussi des militants et des manifestants en prison. Pour sûr qu’El Hoceima est une ville rebelle, que personne, même pas l’Emir des croyants, ne peut réduire au silence. El Hoceima c’est un bastion de la résistance, c’est un sanctuaire d’hommes et de femmes libres, c’est le centre nodal de la mémoire de la République du Rif d’Abdelkrim El Khetabi et on ne peut la réduire au silence. Le roi avec ses chèques, par l’intercession de ses suzerains, où ses fous, n’est pas en mesure de la faire taire. Femmes et hommes tous unis derrière un seul et unique crédo : le droit à la santé, à la scolarité, à un bon salaire et de jure et de facto à une règle intransgressible et pourtant transgressée, de vivre leur langue, leur tradition, leur histoire dans la liberté. Et malgré tout, Zerfafi Nasser et ses compagnons, d’infortune, de la rue ou de détention, ne souffrent le moindre malaise puisqu’ils demandent leurs droits et c’est pourquoi ils sont emprisonnés et vaquent à leurs occupations restreintes. Qu’on ne dise pas des énormités, qu’on ne souffle pas le chaud et le froid, qu’on ne jette pas de l’huile sur le feu, mais la flamme, quoiqu’il advienne prend toute seule. Surtout lorsqu’elle trouve les fagots de bois prêts et qui n’attendent que l’étincelle qui mettra tout en incendie indicible. Que le roi, ubuesque, se mette à danser pour amuser ses sujets, il n’arrivera jamais à les distraire totalement, ou plutôt si, il les occupera un moment avec de petits jouets, mais pas plus, parce que ça ne fait plus rire grand monde ses «graouj». Les rois en général ça aime s’amuser, ils ont des fous pour ça, toutefois ils finissent, à force de rire, de se tordre, par devenir aussi fous que le dernier des trépanés. Que les manifestants manifestent c’est un comble pour le roi, mais pas aussi stupide que cela puisse paraître, ils ne font que combler une fadaise que le maître des croyants n’a vu que du coin de l’œil.

S. A. H.

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