En l’absence d’incinérateurs et de centres d’enfouissement technique (CET) dans la wilaya de Bejaia, les services communaux jettent les ordures sur les abords des ruisseaux qui débouchent dans la mer.
Des décharges sauvages ont fleuri un peu partout dans la région. Quand il y a des crues, les déchets sont charriés jusqu’à la mer. Puis avec les courants, ils sont rejetés sur les plages. L’incinération des déchets à l’air libre au niveau des décharges n’est pas salvatrice, puisque la fumée, rejetée pendant le brûlage de ces déchets, contient des métaux lourds et du dioxyde qui ont une grave conséquence sur la santé publique et l’environnement. C’est le cas de la décharge improvisée en 2009 dans les gorges de Kherrata. Des défenseurs de l’environnement n’ont cessé depuis de tirer la sonnette d’alarme concernant la détérioration de l’environnement dans cette zone. Ils ont prédit que les répercussions sur la flore et la faune de cet endroit seraient catastrophiques. Un endroit pourtant considéré comme une zone historique, archéologique, touristiques et une réserve naturelle, car le singe magot en a fait sa demeure. Dans l’incapacité de trouver des terrains pour servir d’assiettes à l’implantation de décharges contrôlées à cause des oppositions de citoyens, et malgré l’intervention des services de la wilaya – qui a abouti à la signature en 2016 d’une convention avec la direction générale des CET de Sétif pour le traitement des déchets des communes de Kherrata, Taskriout et Draa el Gaid au niveau du CET d’Ouled Khabal – le manque de moyens logistiques a contraint les services communaux de Kherrata et Taskriout à continuer à déverser les déchets collectés quotidiennement au niveau des gorges. Une situation qui a perduré et qui a fini par provoquer le courroux de la population de la localité d’Aït-Mebarek qui a opté pour la fermeture de la RN9, hier mercredi, au niveau du carrefour à l’entrée du pont menant vers le tunnel, pour obliger les pouvoirs publics à chercher une solution adéquate. D’après les habitants rencontrés sur place, leur existence «est devenue un calvaire» à cause des moustiques, des odeurs nauséabondes et des fumées qui remontent de cette décharge et qui viennent inonder leur village surplombant les gorges. «Il est impossible d’ouvrir les fenêtres ni de rester dehors surtout pendant la saison chaude. Nous avons frappé à toutes les portes, nous avons envoyé nos doléances à la DTP, aux APC concernées, aux daïras de Kherrata et Darguina ainsi qu’au wali de Bejaia, mais en vain ! Nous avons conscience que fermer la route cause beaucoup de désagréments aux usagers, mais que faire ?», s’interroge M. Miloud Khelfa, un membre du comité dudit village. Les citoyens dénoncent même «la pollution par cette décharge de la source de Lanser Azegza qui alimente la ville de Béjaïa et la commune de Kherrata en eau potable». À signaler que la fermeture de la route a duré plus de quatre heures. Ce n’est que vers midi que les barricades ont été levées, après les assurances du wali qui s’est dit «prêt à subventionner les communes en question pour une prise en charge des déchets en les évacuant vers le CET de Sétif».
Saïd M.