Chaque soir, avant l’appel au f’tour, on aperçoit un mouvement de va et vient au niveau des points d’eau de source, fort nombreux dans la région de Michelet.
Si les lieux sont habituellement réservés aux femmes, il n’est plus rare que des hommes aillent remplir un bidon de ce liquide frais au goût du terroir. La voiture a remplacé le baudet qu’on chargeait de plusieurs bidons. Mais la plupart ne puisent que quelques litres, qui devraient suffire à la consommation journalière. Ils reviendront le lendemain comme pour un rituel. Ils passeront sur la route, à marcher et à profiter de l’air pur et frais du soir qui précède le f’tour. Les sources d’eau douce se trouvant aux abords des routes, sont prises d’assaut par une chaîne de véhicules dont les propriétaires attendent leur tour pour remplir quelques bouteilles ou un bidon. Ce sont cependant, ces groupes ininterrompus de femmes qui égaient la route de la fontaine durant ce mois de carême, comme au bon vieux temps, et qui attirent l’attention par leur nombre et par cette ambiance aux relents de fête qu’elles seules savent créer. Pourvoyeuses d’eau de qualité, les fontaines des villages n’ont rien perdu de leur charme d’antan. Elles sont sacrées pour les habitants qui racontent que ces endroits ont des «anges gardiens» qui veillent sur eux. Personne ne se souvient de leur création. Elles ont toujours été là. Parlant de Thimedhouine, une fontaine de Taourirt Menguellet, un septuagénaire dira qu’il se souvient d’y être allé, pour la première fois, en compagnie de ses parents. «Ce qui a changé, c’est surtout l’architecture et l’hygiène qui y est plus stricte. À l’époque, il n y avait pas de robinet. On puisait l’eau d’un grand bassin où l’on remplissait plusieurs bidons en les plongeant dedans. Le réservoir était couvert mais n’était pas muni de porte». Si les amateurs d’eau de source sont plus nombreux pendant la Ramadhan et l’été, il n’en demeure pas mois qu’il existe des ménages où l’on utilise l’eau courante du robinet que pour les tâches domestiques (lavages et autres). Ce qui explique que les villages possèdent encore leur point d’eau qu’ils entretiennent régulièrement. Cependant, comme nous l’avons déjà signalé, certaines fontaines qui pourraient pallier d’éventuelles perturbations dans la distribution de l’eau du robinet, sont négligées. Nous pensons à la «transat», au centre ville dont l’eau coule à l’air libre, et à la source de la mosquée.
A. O. T.
