Le BS et l'eau au programme

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La session d’été de l’assemblée populaire de la wilaya de Tizi-Ouzou se tiendra aujourd'hui.

Une session ordinaire de deux jours qui abordera au premier jour le budget supplémentaire 2017, le bilan du wali et la lecture du rapport de la commission d’enquête sur la gestion de l’EPH d’Azazga. Au deuxième jour, il est programmé un débat des plus sensibles puisqu’il concerne le secteur de l’eau. Un secteur qui fait déjà parler de lui, notamment en cette période des grandes chaleurs. S’agissant du budget supplémentaire, il est revu à la baisse. En effet, le budget est passé à seulement 23 milliards alors qu’il était de 47 milliards en 2016. Le wali aura aussi l’occasion de présenter son bilan et de trouver des éléments de réponse aux questions des élus concernant cette austérité appliquée à la wilaya de Tizi-Ouzou. La commission d’enquête concernant la gestion de l’EPH d’Azazga fera la lecture de son rapport. Au second jour de la session, il est programmé la question de l’eau à Tizi-Ouzou. Un secteur montré du doigt depuis de nombreuses années, mais les solutions ne sont toujours pas trouvées. Déjà plusieurs APC et agences de l’ADE ont été fermées depuis le début du mois de mai dernier. Les citoyens protestataires ne demandent que d’être alimentés suffisamment et régulièrement en eau potable. Mais à ce rythme, il est certain que la population locale vivra un autre été marqué par la rareté de ce liquide précieux et aussi de la protestation et d’actions de rue. À signaler que lors de la session d’été de 2016, des recommandations ont été formulées mais leur application n’a pas suivi, ce qui fait perdurer la rareté du liquide précieux à travers de nombreux villages de la wilaya de Tizi-Ouzou.

L’eau, ce problème récurrent !

Tizi-Ouzou est une région montagneuse caractérisée par un relief accidenté. Elle est parmi les régions du pays les plus denses en population (une moyenne de 400 habitants au km2). Ses reliefs sévèrement accidentés par endroits et cette densité importante des populations posent des contraintes dans la production, l’acheminement et la distribution de l’eau potable. Il faut également préciser que la mauvaise gestion de la ressource et le manque de moyens humains et matériels sont aussi à l’origine du manque d’eau. Dans plusieurs cas, les réseaux sont dans un état de vétusté lamentable d’où des pertes d’eau à gogo. Selon des déclarations officielles des responsables du secteur de l’eau, «60% de l’eau pompée se perd dans la nature et n’arrive jamais dans les robinets». Les responsables de l’ADE ont évoqué, à plusieurs reprises, le manque de recouvrement des factures, ce qui est dû aussi à leur absence sur le terrain. Les impayés, les piratages et le manque de moyens humains et matériels sont autant d’obstacles qui empêchent l’Algérienne des eaux d’être performante. Le patrimoine hydrique de la wilaya de Tizi-Ouzou est très important, mais l’abondance de la ressource ne signifie jamais sa disponibilité dans les foyers. Son réseau d’adduction est de 2 674 Km et celui de la distribution est de 3 168 Km. Il est aussi recensé 166 stations de pompage et 1 170 réservoirs d’une capacité de stockage de 369 085 m3 qui représente 13% de tout le patrimoine national. Huit cents pompes tournent 24H/24 avec des opérateurs qui se relaient pour entretenir les équipements. Les potentialités hydriques de la wilaya sont estimées, toutes sources confondues, à environ 1,1 milliard de m3. Sur ce volume, on arrive à mobiliser 224 millions. Les chiffres officiels indiquent que chaque habitant de la wilaya bénéficie de 165 litre/j. Hélas, sur le terrain, c’est une autre situation. La disparité dans la distribution est flagrante. Certes dans quelques rares villes et villages l’eau est disponible, mais dans la plupart des villages, l’eau n’arrive au mieux qu’un jour sur trois. Dans d’autres villages, l’eau n’est lâchée qu’à raison d’une seule fois par semaine. Pire encore, dans d’autres villages de la Kabylie profonde comme c’est le cas à Maâtkas, l’eau n’arrive dans les foyers qu’une fois tous les 15 ou 21 jours, surtout en période estivale. Dans d’autres villages encore, l’eau de l’ADE n’arrive jamais pour la simple raison que les réseaux d’AEP ne sont pas réalisés, après plus de 60 ans d’indépendance. Dans tous les cas de figure, la session sera sûrement houleuse. Les élus du peuple et les responsables concernés se donneront sûrement en spectacle. Des recommandations seront formulées, des promesses d’exécution se feront comme par le passé mais les solutions risquent de ne pas suivre surtout en ces temps de disettes. Lorsque l’argent coulait à flot, le problème n’a pas été résolu et maintenant que celui-ci vient à manquer, il est bien difficile de trouver les clés. C’est dire que l’été risque d’être doublement chaud.

H. T.

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