Incendie ravageur au village Atmos

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Depuis le début de l’été, plusieurs départs de feux ont été signalés dans bons nombres de localités de la Kabylie. Le dernier en date s’est déclaré jeudi dernier en début de matinée, ravageant sur son passage des dizaines d’hectares de forêt sur les hauteurs du village Atmos, dans la commune de Semaoune. En l’espace de quelques heures, cet immense incendie a consumé tout sur son sillage, au grand dam des habitants qui n’ont pu qu’assister, impuissants, aux dégâts. Pour l’instant, l’on ignore l’origine de ce départ de feu ayant anéanti des dizaines d’hectares. Le climat est, principalement, mis en cause dans ces sinistres qui détruisent chaque année des parcelles entières des massifs forestiers et de maquis de la Kabylie. Une forte canicule, accompagnée de vents violents et un taux élevé d’humidité, a fait le lit de nombreux incendies ces derniers temps. Le feu s’est déclaré dans cette zone fortement boisée, presque impénétrable, peuplée de buissons, d’oliviers, d’oléastres… Ces espèces très inflammables nourrissent les flammes qui atteignent plusieurs mètres de hauteur et sont visibles à partir des villages environnants. Leur ampleur et leur progression fulgurante avaient suscité l’inquiétude des habitants. «Nous avons perdu des centaines d’oliviers et autres arbres fruitiers. Un aviculteur a perdu la toiture de son poulailler qui a cédé devant les gigantesques flammes», dira, Hakim, dépité par l’ampleur des dégâts. Et d’enchaîner : «L’absence de pistes agricoles nous pénalise à plus d’un titre. D’ailleurs, les soldats du feu ne pouvaient en découdre avec un tel incendie, faute de pistes agricoles. Nous sommes les oubliés de la commune. Les responsable locaux n’ont cure de ce que nous réclamons depuis belle lurette». En période estivale, la menace des départs de feux tend à prendre une importance fulgurante au vu de la surexploitation ayant fragilisé les forêts et les prive de sa résistance naturelle aux incendies. La faune et la flore ont été, aussi, mises à mal, comme chaque année. Il est connu que le feu ravage chaque été des forêts, des maquis, des arbres fruitiers parce que l’homme n’élague pas, ne fait pas de coupe-feu, et n’entretient pas, comme il se doit, ses champs, estime-t-on. De l’avis des citoyens, les responsables locaux se doivent d’ouvrir de nouvelles pistes agricoles à dessein de permettre aux soldats du feu d’accéder à certaines zones difficultés d’accès. Les forêts reconstituées, denses et uniformes, typiques de la Kabylie, offrent un terrain de choix pour les immenses feux de forêts. Les arbres âgés, dotés d’une épaisse écorce résistante aux flammes, deviennent extrêmement rares et plus rien ne peut opposer une barrière efficace au feu. Selon les plus avertis, le maintien ou le développement des activités agricoles et sylvicoles, garantes de l’entretien des espaces et des équilibres socio-économiques locaux, doivent être au cœur des réflexions visant à donner une valeur nouvelle à la forêt et à contribuer à sa protection, d’autant plus que les pluies abondantes de l’hiver dernier ont laissé germer une broussaille abondante et une végétation à foison, celles-ci conjuguées à l’absence de défrichement et de bûchage qui ont favorisé des départs de feux en cette période de canicule. La saison estivale est devenue synonyme de fournaises et l’inexistence d’une unité de protection civile aggrave la situation. Des centaines d’hectares ont été consumés par de feux ravageurs, notamment à Tifra, Seddouk… Des régions connues pour être des espaces boisés regorgeant une flore riche et diversifiée. Le couvert végétal ne cesse de se rapetisser en raison d’incendies destructeurs, et si rien n’est fait pour arrêter cette hémorragie, c’est l’avenir de milliers d’éleveurs qui sont menacés de disparaître, averti-t-on. En sus, les oliveraies ne cessent de voir leur superficie rétrécir, au grand dam des villageois qui restent médusés devant l’ampleur des dégâts. Ces dernières années, les quantités de l’huile d’olive ont connu une courbe en déclin et l’une des premières raisons de ce décroissement n’est autre que les incendies.

Bachir Djaider

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