La mort intrigante de Farid

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Farid Haniche, d’Ath H’Niche, commune de Frikat, était âgé de 22 ans. Garçon de salle dans un café à Tizi-Ouzou, il a été retrouvé pendu à une falaise, le 29 juin dernier, sur une plage déserte «Etoile de mer» de Bou Sfer à Oran.

Son père fut alors convoqué le jour même par les gendarmes de Frikat. Arrivé sur les lieux, le père, encore sous le choc, apprit la mauvaise nouvelle qui vient endeuiller cette famille juste deux jours après avoir fêté l’Aïd El Fitr. Le lendemain, son corps a été rapatrié vers son village à bord d’une ambulance privée, d’Oran jusqu’à Ath H’Niche. Cette triste nouvelle plongea dans l’émoi tous les habitants de la localité, d’autant plus que le jeune Farid était estimé de tous. «Personne n’aurait pensé que ce jeune homme allait disparaître dans ces conditions floues. Il travaillait à Tizi-Ouzou. Il était calme. Orphelin de mère, le jeune homme ne se sentait pas lésé au milieu de ses frères. C’était un fervent et inconditionnel supporter de la JSK», nous confie un proche parent encore sous le choc. Il fut enterré le 1er juillet dernier dans une atmosphère empreinte d’émotion. À Oran, la version des faits est catégorique : «Votre fils s’est suicidé». Une version qui ne convainc ni son père ni ses frères ni toute sa grande famille. «En apprenant cette mauvaise nouvelle, son père s’est écrié : ce n’est pas possible. N’a-t-il pas trouvé dans toute la région un coin pour passer à cet acte ? Non, Farid ne s’est pas suicidé», raconte la même personne. Celle-ci revient sur le départ de la victime en disant : «Il est venu passer le premier jour de l’Aïd El Fitr en famille. Il décida de quitter le domicile familial le lendemain. Il aurait même dit à un membre de sa famille qu’il partirait en haraga». Depuis, ajoute ce proche parent, «aucune nouvelle de lui jusqu’à l’appel de la gendarmerie.» Avec qui est-il parti ? Quel était réellement son dessein ? Comment aurait-il eu l’idée d’aller se donner la mort dans une ville aussi lointaine ? Ce sont là tant de questions qui taraudent les esprits aussi bien de sa famille que de ses amis.

Sa famille ne croit pas à la thèse du suicide !

Selon le même interlocuteur, son téléphone était trouvé à quelques mètres de son corps ainsi que son permis de conduire. «Dans sa poche, il y avait une somme de cinq mille dinars», ajoute-t-il. Quant à sa puce téléphonique, elle était entièrement abîmée. Depuis cette tragédie, son père et ses frères ne ferment plus l’œil. «Ils émettent toutes les hypothèses qui l’auraient mené à cette fin tragique mais aucune n’est encore à prendre au sérieux. Ils ne veulent qu’une enquête approfondie pour aboutir aux raisons exactes de cette mort. Car, pour eux, «la piste du suicide ne tient pas la route pour d’innombrables raisons», enchaîne notre interlocuteur. Ils pensent qu’il serait pris dans un guet-apens parce qu’il aurait sur lui une somme de plus de vingt millions de centimes qu’il aurait pris pour payer un «passeur». Comme Farid, de nombreux jeunes algériens disparaissent dans des conditions mystérieuses d’autant plus que la voie vers l’exil est leur seule échappatoire et une sortie honorable bien que risquée pour vivre sous des cieux beaucoup plus cléments. Saura-t-on un jour la vérité sur la disparition de Farid et les autres ? La question reste posée.

Amar Ouramdane

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