«Bien que nous soyons habitués à voir du pain jeté dans les poubelles, nous ne pensions pas que d’autres denrées alimentaires faisaient également l’objet de gaspillage», s’indigne un vieillard de l’ex-Michelet. Il y a quelques jours, des habitants de la ville d’Aïn El-Hammam, scandalisés, ont fait part du tas d’ordures, non encore enlevées à l’entrée Ouest du marché hebdomadaire. À côté de divers déchets, il a été constaté, de visu, un amas de…sachets de lait. Si certains sacs ont été éventrés par des chats et chiens errants, laissant couler le liquide blanc sur le terrain limitrophe, d’autres étaient intacts bien qu’enflés sous l’effet de la chaleur du soleil. Les passants étaient outrés par un tel gaspillage «au moment où de pauvres citoyens arrivent tout juste à se dégoter leur ration quotidienne de lait au prix de multiples acrobaties». Au niveau de la place du centre, près d’un bac à ordures, des sacs plaqués contre un mur, laissaient paraître un contenu qui ferait le bonheur de beaucoup de citoyens qui ne mangent pas à leur faim. De la salade verte, des tomates, une pastèque et bien d’autres légumes y attendaient de prendre la route de la décharge publique. Un sac de pain, coupé en morceaux mais non consommé, y est déposé un peu à l’écart. Il avait été mis là comme il est d’usage dans les cités, à l’intention des éleveurs de bovins qui se feraient un plaisir de le ramasser. Ces images de gaspillage deviennent de plus en plus fréquentes dans l’enceinte du marché. Chaque jour, après leur départ, les marchands déversent des caisses entières de fruits et légumes derrière leurs stands. Ce qui n’échappe pas à certains démunis qui y viennent s’approvisionner en faisant le tri. «Ils auraient pu baisser leurs prix et permettre ainsi aux clients d’acheter ces produits à moindre coût», confie un riverain révolté par cette perte, ajoutant à l’adresse des badauds : «Il fut un temps, où on ramassait les bouts de pain jetés, et on les embrassait, avant de le mettre sur les bord de la route, pour que personne ne marche sur ce don divin». Autres temps, autres mœurs.
A. O. T.